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2017, les grandes questions économiques et financières

Après le bilan 2016, l’heure est aux perspectives économiques et financières pour 2017. Selon Jean-Paul Betbeze, économie et géopolitique seront plus que jamais associées. Entre marchés volatils et prépondérance du politique, l’année s’annonce mouvementée et de nombreuses questions se posent.

Bien sûr, on ne peut pas toutes les connaître, mais beaucoup vont concerner Trump, le dollar, les taux, la Chine, le pétrole, les Bourses et les élections en zone euro, dont les françaises.

Trump va mettre les bouchées doubles pour lancer sa politique économique, notamment fiscale. Les baisses prévues pour les impôts sur les ménages (plutôt aisés), et les entreprises, pourraient être votées fin 2017 et soutenir ainsi la conjoncture. En 2018, les décisions devraient se dessiner pour les « grands travaux ». Il faudra attendre encore pour les assouplissements de la loi Dodd-Franck, au bénéfice des banques petites et moyennes.

Mais les bourses ont déjà acheté les bonnes nouvelles, tout comme les entrepreneurs et les ménages qui semblent accélérer leurs investissements. Cependant, si les « esprits animaux » et la bourse vont plus vite que les lois, comme toujours, il ne faut pas oublier les mouvements opposés : la hausse des taux courts, avec trois hausses annoncées par la Fed l’an prochain (on verra) et un dollar qui monte contre toutes devises.

Mais ce qui peut aller plus vite encore est la géopolitique entre Etats-Unis et Chine d’un côté, Etats-Unis et Russie de l’autre. Les marchés financiers ont des difficultés à transcrire la montée des tensions actuelles (mer de Chine avec la Chine, accusations de hacking avec la Russie). D’un côté, ils vont faire partout monter l’inquiétude et pousser à la recherche de valeurs refuges. Il faudra qu’elles soient amples et liquides. L’or ne suffira donc pas, il n’y en a pas assez. Et si les « petites monnaies » par la taille comme le Franc suisse ou la Couronne suédoise montent trop, elles risquent d’étouffer leurs économies. Alors le dollar montera. Jusqu’à atténuer l’inflation et étouffer la reprise américaine ? C’est la lutte que nous devrions voir bientôt : tension Chine-USA contre inflation américaine. C’est nouveau !

Mais si la nouveauté centrale de 2017 est la montée continue du dollar, c’est une bonne nouvelle pour la zone euro. Sa croissance pourrait en effet en bénéficier, au moment même où l’effet positif de la baisse du prix s’arrête. Un relai bienvenu, pour autant que la politique le permette. En effet, les trois grandes économies de la zone vont être secouées.

Ce sera d’abord l’Italie, qui n’arrive pas vraiment à repartir et qui se trouve confrontée aux crédits non performants de ses banques, avec sans doute des élections suite à la réponse négative au référendum de décembre. Il y a là un risque systémique majeur. Ce sera ensuite la France, avec une série d’élections, présidentielle puis législatives, dont l’issue n’est pas écrite, avec un fort risque de montée des tensions sociales. Ce sera enfin l’Allemagne, qui choisira son Chancelier, ou sa Chancelière, en septembre.

L’épine dorsale de la zone euro est donc en jeu et les prolongations menées par Mario Draghi seront mises à rude épreuve. Pour le moment, il a prévu d’acheter pour 60 milliards d’euros par mois de dettes souveraines, d’avril à décembre au moins, avec passage à 80 milliards si nécessaire.

Pour compléter ce tableau, le pétrole apportera sa note. Autour de l’OPEP, les exportateurs se sont engagés à réduire leur production pour équilibrer le marché et faire remonter les prix. Mais la hausse du dollar peut peser sur la demande, sachant que les Etats-Unis risquent d’exporter plus, avec les conseillers très « pétrole » de Donald Trump !

« Volatilité » sera le mot de 2017, et « politique » l’adjectif associé.

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