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EDF est-il sauvé ?

850b2e3a74085fa90bb8ded22d546b6d-627x373Après Areva, l’Etat s’engage à renflouer EDF dans le cadre d’un projet d’augmentation de capital de 4 milliards d’euros. Selon Jean-Marie Chevalier, cet accord intervenu vendredi 22 avril, après de longs mois de discussions avec le gouvernement, enlève une épine du pied à l’électricien sans pour autant régler les autres grandes échéances.

 

 

Selon les syndicats d’EDF « le groupe est au bord de la faillite », une formule qu’il eut été inimaginable d’exprimer dans le passé et qui reflète une situation aujourd’hui très préoccupante. Un très grand nombre de facteurs se conjuguent pour expliquer la gravité de l’état présent.

Les tarifs d’EDF, qui devaient évoluer à la hausse, ont été bloqués par les gouvernements successifs. La concurrence sur l’espace européen et le développement massif des énergies renouvelables entraînent à la baisse les prix de gros de l’électricité. La loi sur la transition énergétique pose à EDF des problèmes redoutables pour la gestion de son parc nucléaire. Ajoutons à cela les difficultés rencontrées sur les chantiers de l’EPR en France (Flamanville) et en Finlande.

Par ailleurs, EDF doit faire face à la reprise, partielle mais problématique, d’Areva et à la question de la construction de deux EPR en Grande-Bretagne, un investissement de l’ordre de 24 milliards d’euros, sachant que l’endettement du groupe est de 37 milliards d’euros.

Plusieurs mesures sont envisagées. L’augmentation de capital décidée par l’Etat soulage l’entreprise mais révèle une grande irresponsabilité de la tutelle pour n’avoir pas su anticiper. La cession d’actifs non stratégiques et la réduction des coûts sont indispensables. Mais on souhaiterait davantage de transparence, et que les syndicats soient parties prenantes des efforts de productivité. En effet, ces derniers doivent être accompagnés par une évolution culturelle de l’entreprise : EDF n’est plus un monopole et doit s’adapter, de façon intelligente et active, à un environnement européen difficile et contraignant.

La gestion du parc de production existant est un défi majeur pour l’entreprise et pour la Nation. Sur ce point, il semble que la loi sur la transition énergétique devra être révisée. Peut-on admettre en effet que l’entreprise supporte la charge financière nette d’une fermeture d’unités nucléaires qui, du point de vue de notre Autorité de sûreté, fonctionnent d’une façon sûre ? La rationalité économique et politique implique que chacune de nos centrales existantes soit gérée en combinant en permanence les critères de sureté, contrôlés par l’ASN, et les critères économiques.

Enfin, l’affaire des EPR à construire à Hinkley Point, en Grande-Bretagne, est financièrement très lourde pour EDF. Et si un consensus assez fort apparaît entre les deux gouvernements, aucun EPR n’a encore démarré et démontré ses performances attendues. L’EPR est complexe, cher, difficile à construire. La décision de consulter sur ce point le Comité Central d’Entreprise pourrait aboutir à proposer une version simplifiée et moins chère de l’EPR actuel.

Une coopération nucléaire entre la France et la Grande-Bretagne symboliserait la volonté des deux états de revisiter la filière nucléaire de l’avenir qui, aujourd’hui, ne peut être représentée par l’EPR dans sa forme actuelle.

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