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Europe, gare au réflexe nationaliste

nationalisme europeEffritement du sentiment européen. Ce n’est pas une nouveauté, l’Europe a mauvaise presse dans l’opinion publique. Bruxelles a bon dos lorsqu’il s’agit de dénoncer tel ou tel dysfonctionnement structurel. Dans chaque pays membre, certains décideurs politiques ont tôt fait de désigner le coupable idéal. Une raison de s’inquiéter aux yeux de Benoît COEURE. « On observe, on peut lire à travers un certain nombre de discussions ou de débats qui ont lieu dans la zone euro, une forme de délitement de la communauté des Etats qui gèrent la monnaie unique. Une forme d’effritement de l’affectio societatis, une tentation de revenir à des réflexes nationalistes  », regrette l’économiste, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne.

Poison pour la monnaie unique. Lors d’un récent forum organisé par le quotidien Libération et Sciences Po Paris, Benoît COEURE a appelé à un sens de la communauté. « Un sens de l’intérêt commun au sein de l’Eurogroupe  », sans quoi un danger plane sur la devise européenne explique-t-il. Faut-il mutualiser les dettes publiques en Europe comme le souhaite la France contre l’avis de l’Allemagne ? « La dette commune est un bon objectif, la zone euro fonctionnera mieux ainsi, à condition de mettre en place un contrôle conjoint, une sorte de souveraineté conjointe sur les questions budgétaires  », répond l’économiste qui se prononce, dans ce cadre, en faveur des eurobonds.

Conjoncture. La reprise économique dans la zone euro est attendue pour fin 2013 mais tout ne sera pas rose pour autant. Selon Benoît COEURE, « des aléas négatifs sont perceptibles sur la demande intérieure compte tenu des indicateurs de confiance qui ne sont pas bons  ». Et de mettre en cause la difficulté persistante de la transmission du bas niveau des taux d’intérêt à l’économie réelle dans un certain nombre de pays. Il en résulte « un fonctionnement du marché du crédit handicapé dans une grande partie de la zone euro  », conclut-il. Le Président de la BCE, Mario DRAGUI, lui, s’inquiète pour la reprise et affirme chercher de nouveaux instruments, de nouveaux moyens, pour soutenir l’économie du Vieux Continent. La BCE entend poursuivre sa politique monétaire accommodante aussi longtemps que nécessaire.

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