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Friedrich von Hayek : le pourfendeur des politiques monétaires expansionnistes

Pilier de l’École autrichienne, naturalisé Britannique en 1938, prix Nobel d’économie (1974), Freidrich von Hayek (1899-1992), a toujours cherché à renouveler le libéralisme. En 1944, paraît son ouvrage le plus lu, « la Route de la servitude », analyse du totalitarisme, dont la thèse centrale est que la socialisation de l’économie et l’intervention croissante de l’État représentent un danger mortel pour les libertés individuelles. Ses théories sont largement reprises par les « libertariens » modernes.

Philippe Trainar, membre du Cercle des économistes, revient sur des extraits de ce grand penseur de l’École de Vienne.

Les conclusions de cet ouvrage écrit par Friedrich von Hayek, en peine crise, en 1931, et réédité en 1975, peuvent être confirmées mot pour mot aujourd’hui. Les politiques monétaires expansionnistes, telle que celle menée par la Federal Reserve dans les années 2000, sont des politiques de desperado. Elles incitent à une mauvaise allocation des ressources et à des bulles, qui éclatent dès que l’on en inverse le cours. Avant d’être une crise de la titrisation, la crise de actuelle est d’abord une crise de la mauvaise allocation des facteurs de production, notamment vers le secteur immobilier américain. Comme il est difficile de reprocher aux agents économiques d’avoir répondu aux incitations de la politique monétaire américaine dans le sens qui était attendu de leur part, la cause première de la crise doit donc être recherchée dans l’illusion dans laquelle est retombée la Federal Reserve, sous l’autorité d’Alan Greenspan, de croire que l’on serait capable d’éliminer complètement les fluctuations industrielles par la politique monétaire.

Malheureusement, les appels en faveur de la poursuite d’une politique monétaire accommodante qui ont à nouveau trouvé une oreille attentive auprès de la Federal Reserve, non seulement jettent les bases de la future crise mais aussi masquent le fait que les incertitudes sur l’avenir de la croissance dans les pays industrialisés sont très largement imputables aux politiques budgétaires désastreuses qui sont menées actuellement. Ces politiques conduisent en effet à une déformation de la production au profit de la consommation, c’est-à-dire de la croissance immédiate, mais aux dépens de l’investissement, c’est-à-dire de la croissance future. Ces politiques et leur corollaire quasi-inévitable, l’alourdissement de la fiscalité sur les facteurs de production, et plus particulièrement le capital, aménagent les conditions d’une stagnation prolongée des économies industrialisées dans les années à venir.

Friedrich von Hayek reste donc d’une actualité brûlante. Mieux, elle justifie pleinement les positions actuelles de la Banque Centrale Européenne, à l’encontre de celles de la Federal Reserve : la politique monétaire ne peut plus être utilisée pour forcer le retour à une croissance plus rapide et les déficits publics ainsi que les dettes publiques doivent être rapidement réduits. Friedrich von Hayek ajouterait : par une action sur les dépenses de préférence aux impôts.

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