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Fusion Alcatel-Lucent Nokia, l’industrie française en question

alcatel  lucent nokiaRapprochement inéluctable. Le groupe franco-américain Alcatel-Lucent et le suédois Nokia ont annoncé s’être mis d’accord sur des protocoles prévoyant une fusion complète au premier semestre 2016. Pour Christian STOFFAES, « Ce rapprochement s’inscrit dans le mouvement de mondialisation de l’économie. Etre plus fort et plus compétitif face à la concurrence internationale s’impose, mais c’est aussi la manifestation d’un échec  ». Celui de la fuite en avant désespérée de joyaux français, de nos industries qui passent les unes après les autres sous contrôle étranger.

Erreurs stratégiques. Le nouvel ensemble s’appellera Nokia Corporation et rivalisera avec les plus grands équipementiers mondiaux des télécoms, notamment face au chinois Huawei qui cherche à percer en Occident. Mais ce rapprochement logique est aussi la conséquence de la lente descente aux enfers d’Alcatel que l’un des anciens dirigeants, Serge Tchuruk, a marié avec Lucent au milieu des années 2000. « La greffe n’a pas pris et le groupe a raté le virage du GSM, plongeant ainsi dans le grand bain de la désindustrialisation  », estime l’économiste. De 195.000 salariés dans le monde en 1995, Alcatel ne compte aujourd’hui 66.000 collaborateurs à travers la planète.

Centres de décisions. La localisation du siège de Nokia Corporation en Finlande interpelle également Christian STOFFAES. L’économiste s’interroge sur le fameux patriotisme économique qui n’a plus de sens « à partir du moment où bon nombre d’entreprises françaises composant le CAC40 sont détenues par des actionnaires étrangers qui décident de déplacer les centres de décisions  ». Dès lors, « ne parlons plus de politique industrielle mais de la volonté de rendre le site France plus attractif auprès des multinationales ». Peut-être une autre vision du redressement productif cher à un ancien locataire de Bercy.

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