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La future crise financière sera-t-elle made in China ?

2001077_la-future-crise-financiere-sera-t-elle-made-in-china-web-021964655294_1000x533L’expansion du crédit domestique en Chine est le double de la croissance réelle. Il y a de sérieuses raisons de craindre un nouveau choc systémique.

Au gré des vagues de confiance ou d’aversion au risque des banques internationales et des investisseurs, la liquidité pléthorique des économies développées se déverse vers les marchés d’actions ou vers le crédit au sein des émergents, avant qu’intervienne un reflux vers les placements obligataires sans risque, les obligations d’Etat surtout, en Europe et aux Etats-Unis, ou vers des placements liquides. Et cela s’accompagne d’une très forte volatilité des taux de change, des prix d’actifs, tout particulièrement au sein des économies émergentes où les fragilités des bilans bancaires se sont beaucoup aggravées depuis la crise, de toute évidence en Chine, ce qui laisse craindre un nouveau choc systémique made in China.

Si la croissance chinoise s’est fortement ralentie, l’expansion du crédit domestique, encouragée par les autorités, est de l’ordre de 13 à 15 % par an, le double de la croissance réelle. Pour la BRI, un clignotant d’alerte s’allume lorsque le ratio crédit-PIB s’éloigne de 10 % de son trend. La Chine est à 28 %. Le taux d’endettement global, pour l’ensemble des agents économiques chinois, est de l’ordre de 250 % du PIB, sans compter le « shadow banking ». Le FMI estime que près de 15 % des prêts chinois s’apparentent à des créances douteuses, soit environ 1.300 milliards de dollars. Et l’on a assisté à une chute des cours sur les marchés d’actions de l’ordre de 35 % depuis douze mois. Cette situation peut s’analyser en opposant deux scénarios.

Cas particulier ou situation insoutenable  ?

Le premier privilégie le fait que la Chine n’est pas un pays comme les autres. Les plus gros emprunteurs sont des entreprises contrôlées par l’Etat ou bien des provinces. Les banques créditrices sont des banques d’Etat. En cas d’urgence, l’Etat chinois trouvera donc les moyens de les sauver, par injections de liquidité ou en les recapitalisant. Quant aux réserves de change, si elles ont fortement diminué, elles atteignent encore des niveaux très élevés avec près de 3.200 milliards de dollars (contre plus de 4.000 milliards en 2014) et elles permettent d’affronter sans difficultés la poursuite des sorties de capitaux et d’éventuelles tensions sur le marché des changes. Mais ce scénario rappelle étrangement les dénégations lénifiantes d’Alan Greenspan affirmant, avant la crise de 2008, que le système financier américain était le plus solide et le plus résilient qu’on ait pu concevoir !

Car il y a un autre scénario dans lequel la situation de la Chine est jugée insoutenable. Grâce aux énormes réserves de change accumulées depuis le début des années 2000, les autorités ne peuvent que gagner du temps car l’on assiste depuis 2014 à des sorties de capitaux de l’ordre de 100 à 150 milliards de dollars par mois. Les autorités chinoises n’accepteront pas durablement la chute de leur stock de réserves. Elles ne pourront pas jouer un rôle de prêteur en dernier ressort pour l’ensemble du système bancaire et il ne leur sera pas possible d’éviter un nouveau krach boursier ou obligataire. Et elles n’écarteront pas durablement la solution d’une dévaluation significative du ­renminbi.

 

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