" Osons un débat éclairé "

Le mur budgétaire américain n’est pas infranchissable

Patrick Artus

Patrick Artus

Pression présidentielle. Mi-janvier, le Président américain Barack Obama a mis en garde ses adversaires républicains contre toute tentative de recourir au relèvement du plafond de la dette publique pour obtenir une réduction des dépenses. Il n’hésite pas à parler de ‘’demande de rançon’’. Cette dernière ne ferait que précipiter le pays dans une profonde crise. Selon Patrick ARTUS, l’endettement record des Etats-Unis ne représente pas forcément une menace. « Les américains n’ont aucun problème de financement de leur dette car les taux sont actuellement très bas. Les USA sortent progressivement de la crise car les conditions de crédit dont bénéficient les entreprises américaines pour investir ou les ménages pour consommer ou investir dans l’immobilier sont inférieures au rythme de croissance. Ce qui n’est pas le cas en Europe », explique l’économiste.

Court et long terme. Contrairement aux pays européens, les Etats-Unis ont opté pour une réduction lente et progressive de leur déficit public. L’objectif est de favoriser et accompagner une reprise économique plus rapide. C’est le débat sur la rigueur, sur le Vieux Continent en général, et en France en particulier. Tout est donc une question de long terme. « Il y a de vraies interrogations sur la dérive de l’endettement public à partir d’un horizon 2020-2030, en raison du poids croissant que vont représenter les dépenses de santé dans le budget fédéral. Avec les programmes Medicare pour les personnes âgées et Medicaid pour les plus pauvres. D’où la volonté républicaine de stopper maintenant cette spirale en transférant à des systèmes d’assurances privés une partie du poids de ces dépenses de santé », expliquait récemment Patrick ARTUS dans le quotidien Libération.

Optimisme mesuré mais réel. Un défaut de la dette causerait des dommages irréparables à l’économie américaine et aux Américains. Serein, Patrick ARTUS accueille positivement l’accord intervenu début janvier au Congrès. Selon le Directeur de la recherche et des études économique de Natixis, « l’accord reste positif car il ne va impacter la croissance US que de 0,5% cette année », limitant d’autant les dégâts pour ce qui est la locomotive de l’économie planétaire. Patrick ARTUS s’attend à une croissance de l’activité outre-Atlantique d’environ 2%. Mieux que l’Europe, isn’t it ?

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