" Osons un débat éclairé "

L’Europe dans le piège italien

italiePays ingouvernable. En Italie, les élections législatives ont porté la gauche à la Chambre des députés et le Sénat se retrouve sans majorité. Outre la poussée du populiste Beppe Grillo, Silvio Berlusconi revient sur le devant de la scène. Cette botte instable peut-elle peser sur l’économie européenne ? Oui, estime Jean PISANY-FERRY. « Le pays reste très fragile avec une rechute profonde. Le PIB italien est encore plus bas qu’en 2009. L’an dernier, la production industrielle a chuté de 7%. Sur le plan politique, on arrive aujourd’hui à un blocage  ». Ce scrutin constituait le premier test grandeur nature pour la politique d’austérité et de rigueur. On a assisté au retour de l’Europe des peuples à travers les urnes.

Engagements pris devant Bruxelles. Si Berlusconi abuse de sa capacité de nuisance, le discours populiste qui consisterait à relâcher la pression sur les comptes publics anéantirait tous les efforts réalisés jusqu’ici, notamment avec le choc fiscal de 150 milliards d’euro sur 3 ans décidé par Mario Monti. Cette élection « va changer la donne dans les relations entre les pays d’Europe du Nord qui s’en sortent plutôt bien, et ceux du Sud en difficulté. Au milieu, la France et l’Italie. Une distance politique va se créer  », estime le Directeur de l’institut Bruegel. Les marchés financiers sanctionneront cette Europe qui tarde à se réformer.

Calendrier. Le tout est de savoir à quel rythme le scénario va se dérouler. Selon Jean PISANI-FERRY, « jusqu’à présent, la question était de savoir si l’Italie avait la capacité politique à tenir les réformes. Aujourd’hui, cette capacité a nettement diminué. Situation d’autant plus gênante en période de croissance zéro  ». Un bien mauvais augure, notamment pour les pays et les banques qui ont acheté de la dette italienne. Les marchés ne vont pas laisser de répit à Rome et les créanciers vont très probablement, une nouvelle fois, accuser le coup.

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