" Osons un débat éclairé "

Parlez-moi du monde ! Marie Ekeland

Pour leur édition 2017 qui s’est déroulée du 7 au 9 juillet , les Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence innovent en ouvrant les trois jours de débats par cinq Masterclass exceptionnelles autour de la thématique « Parlez-moi du monde ! ». Invité à s’exprimer, l’entrepreneuse Marie Ekeland, traite de « L’innovation ».

Comment libérer l’innovation ? « Je crois qu’il faut arriver à désapprendre et réapprendre ». Marie Ekeland ne peut pas mieux résumer son propos face aux enjeux de l’innovation. « Aujourd’hui, dans la manière d’innover, il faut prendre en compte des dimensions absolument nécessaires et qui n’étaient intégrées jusqu’à présent ni dans la réflexion, ni  dans l’action ». L’entrepreneuse cite plusieurs cas concrets. « Nous vivons dans un monde où les ressources naturelles sont épuisées et cela créé des contraintes dont il va falloir tenir compte dans la notion de progrès. De la même manière, on se rend compte que la nouvelle donne numérique et technologique offre des capacités (robots, intelligence artificielle…) qui nécessitent un cadre éthique. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Enfin, la situation géopolitique étant devenue tellement compliquée, la dimension sociale va devoir être, à un moment donné, vraiment assumée et prise en compte dans la manière dont l’innovation va se penser et s’exécuter », insiste Marie Ekeland. En d’autres termes, le progrès ne peut plus intégrer uniquement une dimension technologique. Il faut en apporter d’autres.

En quoi la disruption est créatrice de valeurs ? Marie Ekeland regrette que les esprits se soient focalisés sur la valeur comptable. A ses yeux, ce n’est pas le bon objectif.  « Ce n’est pas le fait d’optimiser un PIB ou un PNB qui rend les gens heureux. S’il y a un mauvais équilibre des richesses,  une inégalité est ressentie comme très injuste. Le premier sujet est donc : que veut-on optimiser ? Quelle valeur veut-on créer ? ». Les objectifs à atteindre devront être pluridimensionnels. « Selon moi, la disruption n’est pas un choix puisque la tendance actuelle du monde, tel qu’il est, fait que s’il n’intègre pas les contraintes éthiques, environnementales et sociales, il ne sera pas durable », affirme la chef d’entreprise pour qui la disruption est inévitable.

Innovation : quels secteurs prioritaires pour créer des emplois ? « Quand on pense emplois, on pense emplois salariés depuis toujours. Aujourd’hui, les nouveaux modèles collaboratifs et les nouvelles dimensions font que le vrai sujet de l’emploi repose, d’un côté sur le statut social (ce que l’on représente dans la société), et de l’autre sur la qualité et le niveau de vie ». Selon Marie Ekeland, « les modèles numériques n’offrent pas une équation simple ». Grâce à des sociétés comme Rbnb ou Blablacar, « il y a désormais d’autres moyens de gagner de l’argent qu’à travers un emploi. On revient à l’idée qu’il faut arrêter de penser le travail comme emploi salarié, mais plutôt essayer de faire en sorte que chaque individu puisse avoir une activité qui lui donne à la fois une utilité et un niveau de vie suffisant pour être heureux ». Pour y parvenir, il faut réformer deux éléments fondamentaux : l’éducation et la formation. « Il faut sortir de l’idée que l’école forme des salariés », insiste l’entrepreneuse qui en appelle également à la finance. « Aujourd’hui, le secteur financier ne finance pas les initiatives personnelles. Il faut arriver à redonner du sens à l’action individuelle, mais aussi à l’argent qui est au bout du compte un moyen d’entreprendre »… et de se réaliser. « Tous les éléments vont être disruptifs. Il faut donc créer un terreau favorable à l’émergence de secteurs sur lesquels les gens se seront passionnés », conclut Marie Ekeland. L’infrastructure entrepreneuriale c’est l’éducation, la formation et la finance.

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