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Réformer la France : il va falloir être courageux

Principales réformes évoquées. Les principales propositions de réformes de la France sont bien identifiées : réduction des dépenses publiques, modification des règles du marché du travail, réduction des coûts de licenciements, réforme des retraites, réduction des barrières à l’entrée dans les industries et les professions protégées, paritarisme et formation professionnelle. Selon Patrick Artus, « Il faut admettre que ces réformes sont très difficiles à réaliser car beaucoup de français profitent des dépenses publiques et d’un Etat de grande taille. Une grande majorité refuse le report de l’âge à la retraite, quant aux syndicats, ils représentent les salariés protégés et ont un problème de financement avec le taux de syndicalisation très faible des français ». « Il faudrait donc beaucoup de détermination pour réformer », constate l’économiste.

Réduire les dépenses publiques ? Oui, mais ! La première piste proposée de réformes consiste à réduire les dépenses publiques, donc à réduire la taille de l’Etat, pour pouvoir réduire la pression fiscale, en particulier sur les entreprises, et soutenir ainsi la création d’’emplois dans les entreprises. Selon Patrick Artus, il en va de même pour les règles du marché du travail. « Il est souvent proposé de décentraliser les négociations au niveau des entreprises, et de réduire le coût des licenciements – au moins de le rendre plus prévisible –, et, d’une manière générale, réduire la protection de l’emploi à durée indéterminée ». Des réformes du travail très difficiles : « le taux de syndicalisation est faible en France (7,7% en 2013), ce qui rend compliquée la négociation au niveau des entreprises, surtout des petites. Les syndicats représentent surtout les salariés protégés et rejettent donc la baisse de la protection de l’emploi », souligne l’économiste.

Réformer les retraites ? Oui, mais ! Les dépenses publiques de retraite sont beaucoup plus élevées en France que dans les autres pays de l’OCDE, « ce qui est en particulier lié à ce que l’âge de la retraite est plus précoce en France que dans ces pays. Il est donc souvent proposé de réformer le système de retraite, d’abord en repoussant l’âge de la départ, mais cette réforme est rejetée par une grande majorité des Français », insiste le directeur de la Recherche de Natixis. Les réformes en France se heurtent toutes à l’hostilité de groupes sociaux nombreux qui ont un avantage important à ce que ces réformes n’aient pas lieu. Patrick Artus cherche à convaincre qu’ « à long terme, une réforme peut relever du ‘’gagnant-gagnant’’, mais c’est rarement le cas à court terme ». Et l’économiste de prendre l’exemple de la réduction de la protection de l’emploi : « si à long terme elle accroît les embauches, à court terme, elle accroît les licenciements. Dans le cas de la baisse des dépenses publiques, à long terme, elle permet de réduire les impôts des entreprises et d’accroître le PIB potentiel. Mais à court terme, elle réduit la demande ». Pas facile de réformer, sauf avec du courage et pragmatisme… politique.

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