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Résoudre le chômage des jeunes

2032537_resoudre-durablement-le-chomage-des-jeunes-web-tete-0211360913669_1000x533En France, le chômage des jeunes ne parvient pas à refluer de manière massive, comme le rappelle la hausse récente du nombre d’inscrits sur les listes de Pôle emploi. De surcroît, de nombreux jeunes se retirent du marché du travail. Comme le démontre un tout récent rapport de l’OCDE , en 2015, ce sont plus de 1,8 million de jeunes âgés de 15 à 29 ans sortis du système éducatif qui sont chômeurs ou inactifs, pour un coût économique qui avoisine les 20 milliards d’euros chaque année. Cela représente 17% de cette classe d’âge, et 270.000 jeunes de plus qu’en 2007. Alors que dans la plupart des autres grands pays la part des jeunes exclus de l’emploi se résorbe, ce n’est toujours pas le cas en France.

La solution de ce problème réside dans l’accès aux compétences. Les jeunes qui restent en dehors de l’emploi sont en effet pour la plupart peu qualifiés : 80% n’ont pas dépassé le bac et 40% n’ont même pas fini le lycée. C’est sur eux que doit porter l’effort. Il n’y a pas de fatalité : les pays qui ont un faible nombre de jeunes exclus de l’emploi sont aussi ceux qui assurent une formation au plus grand nombre.

Un premier levier d’intervention est d’identifier le plus tôt possible les jeunes risquant d’échouer à l’école et leur offrir une pédagogie adaptée. Pour y parvenir, il faut introduire de la flexibilité dans le système. Aux Etats-Unis, les « charter schools », qui sont des écoles sous contrat avec l’Etat situées dans des zones défavorisées, organisent librement leurs programmes et le recrutement de leurs enseignants, à condition d’atteindre certains objectifs de réussite des élèves. Certaines de ces écoles ont réellement fait la différence sur le devenir des élèves. Malgré la réforme récente du collège, le système français laisse encore très peu de marge de manœuvre aux enseignants.

Eviter le décrochage, remotiver les décrocheurs

Un deuxième levier d’intervention est d’échanger les informations nécessaires sur les jeunes en risque de décrochage. Les services sociaux et les associations devraient pouvoir intervenir avant que ces jeunes ne disparaissent des radars de l’école et perdent toute motivation. En Norvège, les écoles ont créé avec les mairies des services de suivi permettant chaque trimestre l’échange systématique de ces informations. Des professionnels se déplacent dans les familles et tentent de trouver des solutions alternatives afin de leur permettre de finir le cycle secondaire ou d’entrer rapidement dans un apprentissage.

Promouvoir l’apprentissage auprès des jeunes à risque est également une des clefs de la réussite. En France, le développement de l’apprentissage a essentiellement bénéficié à des jeunes qui ont déjà un premier diplôme. Sans une remise à niveau et le développement d’un projet professionnel, il est difficile de faire accéder à l’apprentissage les jeunes les plus défavorisés. Le préapprentissage remplit cette fonction. Il est encore très peu développé en France, contrairement à l’Allemagne, l’Autriche ou encore l’Australie, pays qui a multiplié par deux la part des jeunes en apprentissage en l’espace de dix ans.

Enfin, le dernier levier d’intervention s’adresse aux jeunes qui ont quitté depuis longtemps le système scolaire sans diplôme. Remotiver et remettre à niveau ces décrocheurs exige beaucoup de temps – de neuf à douze mois au minimum – et des taux d’encadrement élevés. Aux Etats-Unis, le « Job Corps » offre même la possibilité aux jeunes de résider sur place pour les sortir de leur milieu d’origine. En Suède, les « folk schools » adoptent la même approche. En France, les écoles de la deuxième chance ont une approche similaire, mais elles offrent moins de 30.000 places, alors que chaque année 120.000 jeunes sortent sans aucun diplôme. Il existe donc des marges de manœuvre pour s’assurer que tous les jeunes puissent acquérir les compétences indispensables à leur insertion durable dans l’emploi.

 

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