" Osons un débat éclairé "

Manifestation contre le projet de taxation exceptionnelle des dépôts bancaires chypriotes lundi à Nicosie, devant le parlement. Les ministres des Finances de la zone euro se sont prononcés pour une taxe de 15,6% sur les dépôts bancaires chypriotes au-delà de 100.000 euros, les dépôts inférieurs étant exonérés.

Manifestation contre le projet de taxation exceptionnelle des dépôts bancaires chypriotes lundi à Nicosie, devant le parlement. Les ministres des Finances de la zone euro se sont prononcés pour une taxe de 15,6% sur les dépôts bancaires chypriotes au-delà de 100.000 euros, les dépôts inférieurs étant exonérés.

Sauvetage à la dimension chypriote. Un prêt de 10 milliards d’euros en plus d’une ponction de 6 milliards sur les dépôts bancaires. Les dépôts pourraient être imposés à hauteur de 6% jusqu’à 100.000 euros et à 10% au delà. Voilà pour le plan. Pour Jean-Paul POLLIN, il est sans précédent en Europe et s’explique « par la situation de l’île : un système bancaire surdéveloppé et la difficulté de lever l’impôt dans le pays ». En effet, les actifs bancaires représentent 8 fois le PIB de l’île et 40% des 70 milliards d’euros, qui dorment au fond des coffres forts chypriotes, appartiennent à des clients russes. L’île attire par ses avantages fiscaux.

Impact sur l’économie locale. Les services bancaires, financiers et commerciaux sont aujourd’hui les secteurs qui génèrent l’essentiel des revenus fiscaux et de l’emploi dans le pays. Si l’Eurogroupe maintient son plan ou que ce dernier n’est pas modifié, « cela laissera des traces car on ne touche pas impunément les dépôts des banques  », estime Jean-Paul POLLIN. Et l’économiste de prendre l’exemple de la ruée constatée sur les distributeurs automatiques. « Probablement, les chypriotes vont essayer de vider autant qu’ils le pourront les comptes dans le temps qui leur sera laissé. Tout cela est très dangereux pour le fonctionnement du système bancaire  », insiste l’économiste.

Signal politique. La dérive chypriote ne pouvait plus durer et la menace brandie par l’Eurogroupe revient à faire pression sur Nicosie pour qu’elle engage rapidement les nécessaires réformes. Message envoyé également aux autres pays. La méthode pourrait-elle être adoptée pour d’autres pays européens qui demandent une aide financière ? Jean-Paul POLLIN ne l’envisage pas. Selon l’économiste, « une pareille mesure, si elle se rependait, minerait le fonctionnement des systèmes de paiement en Europe. Cela serait extrêmement dangereux  ». La décision prise par les 17 pays membres de la zone euro, à la veille d’un week-end prolongé à Chypre, l’a peut-être été uniquement pour servir d’exemple.

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