Lundi 10 décembre, Emmanuel Macron a tenté de calmer la colère des gilets jaunes en annonçant une série de mesures fiscales et sociales, saluées par certains protestataires alors que d’autres les jugeaient insuffisantes pour arrêter leur mobilisation. Augmentation de 100 euros des salaires au niveau du Smic, exemption de la hausse de la CSG pour les retraités gagnant moins de 2.000 euros par mois, heures supplémentaires payées sans impôts ni charges… le président de la République a annoncé plusieurs nouveaux gestes face à ce qu’il a appelé « l’état d’urgence économique et sociale ». Prononcé depuis l’Elysée, ce discours était présenté comme décisif pour le président, confronté à la crise politique la plus grave depuis le début de son quinquennat il y a dix-huit mois. Suffira-t-il à y mettre un terme ? C’est toute la question.
L’exécutif va maintenant tenter de convaincre que les annonces présidentielles répondent aux demandes des Français, tous les citoyens, même ceux qui ne bloquent pas les routes, mais qui soutiennent le mouvement par procuration. Seulement voilà, ces mesures coûteront, au bas mot, dix milliards d’euros. Dix milliards de dépenses nouvelles, ou de manque à gagner avec des rentrées fiscales en moins. Le président de la République a bien pris soin de ne pas parler chiffres et de laisser la besogne au Premier ministre, Edouard Philippe.
Emmanuel Macron ne s’est pas aventuré sur le terrain miné des milliards nécessaires, encore moins sur celui d’une réduction de la dépense publique. Elle qui serait la bienvenue, pour ne pas dire nécessaire. Réduire le train de vie de l’Etat et consacrer les économies aux nouveaux déploiements prévus. Mais rien de tout cela. Au contraire. Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, a d’ailleurs prévenu dès le lendemain des annonces présidentielles que la France allait devoir sans doute creuser le déficit public. De manière « strictement temporaire », certes, mais la perspective ne fait plus de doute.
Comme à son habitude, 30 Nuances d’éco apporte les éclairages nécessaires pour comprendre le débat économique et social en France. Les trente membres du Cercle des économistes analysent, décryptent et commentent ici, les faits marquants de cette actualité quotidienne. Cette nouvelle édition est en grande partie consacrée à la colère sociale que la France connaît, de manière violente, depuis près d’un mois. Comment Emmanuel Macron peut reprendre la main ? Le temps de l’aggiornamento politique et fiscal est-il arrivé ? Comment mieux redistribuer les fruits de la croissance ? Autant de questions qui trouvent ici réponses, au milieu d’autres sujets comme l’avenir de Renault, l’impact du bras de fer commercial entre Washington et Pékin, ou encore la volatilité des marchés financiers et pétroliers. Excellente lecture.