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« Actions-COVID » : un produit financier « actions » à créer, net d’impôt, pour soutenir la croissance et l’emploi en France

La pandémie rebat les cartes aussi sur les marchés. Entre surcroît d’épargne et besoin de financement pour les entreprises, Jean-Paul Betbeze propose la création un nouveau produit financier capable de redonner confiance aux entrepreneurs.

Je propose de créer « Actions-COVID ». Ce serait  un produit essentiellement investi en actions (90% actions et 10% de liquidités), d’un montant de 10 000 euros par personne, net d’impôts sur les dividendes et les plus-values pendant dix ans. L’idée est de permettre, à la fois, de dégonfler graduellement la surépargne née du COVID-19, de freiner l’endettement et de faire repartir l’activité et l’emploi.

Les faits sont là : les Français épargnent plus que jamais. 70 milliards d’euros en 2020, 130 en 2021 selon la Banque de France et, en même temps, ils s’endettent plus. D’un côté en effet, ils cantonnent leurs dépenses à la consommation alimentaire (de plus en plus livrée à domicile), à des vêtements ou à des produits divers (souvent distribués par Amazon), mais sans pouvoir utiliser de services : restaurants, hôtels, voyages… confinement oblige. Leur épargne monte alors mathématiquement, très liquide, en comptes bancaires, née de l’inquiétude et de l’incapacité physique de dépenser en services surtout. Mais les ménages s’endettent aussi pour se loger et pour s’équiper, compte-tenu de la situation tendue qu’ils vivent. En pourcentage du PIB, leur dette est ainsi passée de 61,4% du PIB à 65,4% du PIB de fin 2019 à la fin du premier trimestre 2020, soit environ 100 milliards d’euros de plus.

Mais il n’y a pas que les ménages qui s’endettent, les entreprises aussi, pour investir et résister, avec un taux d’endettement qui augmente de 11,3 points de PIB sur la même période (de 73,4 à 84,7% du PIB), sans évidemment oublier les 16 points de PIB des administrations publiques (de 98,1 à 114,1%). Au total, sur les six premiers mois de 2020, la dette du pays a monté d’au moins 750 milliards, dont 270 pour les entreprises face à 35 milliards de « surépargne des ménages » environ.

La dette des ménages monte bien plus vite que l’épargne des entreprises. Il ne s’agit donc pas de rêver ici à un transvasement qui résoudrait le problème actuel, et futur. Il s’agit de mettre en place un produit financier qui permettrait, peu à peu, de donner confiance aux entrepreneurs et de réduire les inquiétudes liées à la montée de leur dette, pour qu’ils rééquilibrent leur bilan et continuent d’investir et d’embaucher.

Les autorités estiment à 100 milliards d’euros le manque de fonds propres des entreprises en France, au moment même où la bourse patine et où se développent partout des comportements d’achats très spéculatifs. Observons ce qui se passe sur le Bitcoin, l’argent métal, le titre GameStop à la suite de cet épisode où des intervenants individuels se sont réunis pour contrer deux hedge funds. Regardons ici le succès des SPAC (Special Purpose Acquisition Company) où des investisseurs (renommés) collectent des ressources (liquides) contre des actions de SPAC pour acheter une société… dont ils taisent le nom !

Avec l’épargne qui vient de l’inquiétude de la pandémie, plus les euros qui viennent des soutiens de l’État et de la Banque centrale européenne… pour la contrer, tout s’ajoute : trop d’épargne et pas assez de croissance font naître bien plus de dette ! Dangereux engrenage !

D’où « Actions-COVID », ce produit financier simple, risqué puisqu’il s’agit d’actions, mais sans fiscalité sur longue période, pour aider un actionnariat patient. Pas miracle, mais bien utile par les temps qui courent, avec cette volatilité qui nous vient des Etats-Unis !

 

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