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Comment expliquer la récente volatilité des marchés actions ?

2ea958960f5368c5645308563de8d0a1-627x374Depuis quelques mois, la vie n’est pas un long fleuve tranquille sur les marchés boursiers. La volatilité y bat son plein. Anton Brender explique pourquoi ce mouvement est plus qu’un simple reflet conjoncturel.

Les marchés boursiers ont connu cet été une forte poussée de fièvre. A la fin de cette période, la volatilité des marchés actions est revenue sur les niveaux observés au pire de la crise européenne. L’étonnant est que l’origine de cette fièvre est loin d’être claire. Certes, la Bourse est toujours la caisse de résonnance des incertitudes qui naissent en un point ou un autre de la planète. Et le Krach spectaculaire de la Bourse de Shanghai, suivi par ce que l’on a pris pour le début d’une dévaluation de la monnaie chinoise, a mis à fleur de peau les nerfs des intervenants de marché.

D’autant que, depuis un moment déjà, ils s’inquiétaient du ralentissement de l’économie chinoise et du lift-off toujours à venir de la Réserve fédérale. De là à expliquer la violence des turbulences observées sur les marchés occidentaux, il y a toutefois un pas : d’autres facteurs, moins « fondamentaux », ont ici joué.

Depuis maintenant plusieurs années, les banques centrales tentent de stimuler l’activité en cherchant à réduire les coûts de financements de ceux qui empruntent pour investir. Elles maintiennent pour cela leurs taux directeurs au plancher – voire un peu en dessous ! – et écrasent l’ensemble de la courbe des taux par des achats massifs d’actifs. Ce faisant elles ont toutefois aussi fortement réduit les rendements affichés des placements sans risque auxquels les épargnants peuvent accéder.

Loin de les décourager de mettre de l’argent de côté, cette baisse des taux sans risque les a seulement poussés vers des placements aux perspectives de rendements plus attrayantes… parce qu’ils sont plus risqués. La Bourse est bien sûr parmi ceux-là. Le problème est que l’aversion au risque de ces nouveaux arrivants est forte : leur réaction aux soubresauts des indices, plus vive que celle des investisseurs traditionnels, contribue à accroître la volatilité des cours.

Cette hausse est d’autant plus marquée que, souvent, ces investisseurs relativement averses au risque se tournent vers des produits dont l’exposition aux marchés d’actions est gérée de façon systématique : dès que la volatilité augmente, cette exposition est réduite par des ventes qui accentuent encore la baisse enclenchée. A cette source de volatilité, liée à la frilosité d’une partie de ceux qui, plus ou moins directement, investissent sur les Bourses, s’en ajoute désormais une autre due à la place toujours plus grande du trading à haute fréquence dans l’activité de tenue de marché.

Pour protéger ceux qui les mettent en œuvre, les algorithmes utilisés cessent d’opérer lorsque des seuils de volatilité sont franchis. La conséquence est évidente : dès qu’une hausse significative de la volatilité a lieu, ces programmes sont mis hors circuit et la volatilité augmente…

Il faut se faire une raison : l’automatisation des techniques de gestion, comme celle des infrastructures de marché, combinée aux effets secondaires des politiques monétaires aujourd’hui menées, constituent pour les Bourses un mélange facilement détonnant !

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