" Osons un débat éclairé "

Comment interpréter les résultats 2015 des entreprises du CAC40 ?

ecd5f7d41f13d16e8f8d5985df913350-627x417C’est la saison des résultats d’entreprises. Alors que la publication des comptes se poursuit cette semaine, Jean-Paul POLLIN estime que ces résultats, plutôt mitigés, ne reflètent pas intégralement la santé de l’économie française. 

 

Pris globalement, les résultats publiés à ce jour par les sociétés du CAC 40 sont au moins décevants, si ce n’est plus. Alors que l’année 2014 avait réservé de bonnes surprises avec des bénéfices cumulés de 62 milliards d’euros, en progression de plus de 30% sur l’année précédente (mais encore loin des 73 milliards de 2011), les bénéfices 2015 devraient se situer aux alentours de 57 milliards en baisse de 9 à 10 %. Qui plus est, l’addition des chiffres d’affaires des sociétés en question devrait ressortir en baisse d’environ 2%, alors qu’elle était stable en 2014.

Une fois encore bon nombre de ces entreprises ont dû, l’an dernier, chercher leur salut (ou l’évitement de leurs pertes) dans des stratégies défensives de réduction des coûts, des baisses d’effectifs, des fermetures ou des transferts de sites…Ce qui, en l’occurrence, est inquiétant pour l’avenir proche.

Naturellement ces chiffres agrégés masquent des hétérogénéités qui méritent l’attention. D’abord parce que la conjoncture a été bien différente durant les deux semestres de 2015. En début d’année l’activité et les bénéfices ont évolué sur la lancée de l’année précédente ; alors que pendant le second semestre les résultats ont enregistré les effets de la crise des émergents, de l’effondrement du prix du pétrole et des hésitations de la conjoncture dans plusieurs pays avancés.

D’autre part, une partie des mauvaises performances des sociétés du CAC 40 est due aux pertes importantes enregistrées par Arcelor Mittal et Engie (laquelle avait largement contribué à la hausse de 2014). En réalité les deux tiers des sociétés concernées ont connu des bénéfices en hausse. Le secteur de l’automobile, mais aussi les banques (en dépit de leurs gémissements à l’encontre de la réglementation) ont affiché des résultats très satisfaisants. Ce qui nuance le constat initial, sans toutefois l’infirmer.

Cela dit, il faut rappeler que ces résultats ne peuvent être considérés comme un reflet de la santé de l’économie française. Car même si le poids de ces grandes firmes est considérable, elles ne sont pas représentatives de l’ensemble du système productif. D’autant qu’une bonne part de leur activité, et l’origine de leurs bénéfices, se situent à l’étranger. C’est ainsi que l’on explique généralement leur plus forte rentabilité et leur meilleure résilience.

Mais en l’occurrence, les récentes statistiques de la comptabilité nationale, relatives aux entreprises non financières, dressent un tableau plus optimiste de l’économie nationale que celui qui ressort des comptes des firmes vedettes de notre marché financier. Elles font apparaitre non seulement un accroissement de la production sur la deuxième partie de l’année 2015, mais aussi un redressement de l’investissement ainsi que des taux de marge et de l’autofinancement.

Plus encore, on observe une évolution de l’emploi dans les PME et ETI, qui ne semble pas avoir d’équivalent dans les grandes firmes. Ces tendances sont sans doute fragiles, mais elles corrigent tout de même l’impression qui ressort de l’auscultation des comptes du CAC 40. Comme s’il ne fallait plus désormais chercher les bonnes nouvelles du côté de ces sociétés, peut-être trop soumises à l’emprise d’objectifs financiers.

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