" Osons un débat éclairé "

« Investissez l’avenir »

investissez l'avenirLa crise économique a encore accentué les inégalités intergénérationnelles, riches de conflits lourds et durables. Presque partout, le chômage des jeunes a explosé. En France, depuis des années, le taux de chômage des jeunes est plus du double du taux global et l’écart a tendance à augmenter. Par ailleurs, la dette publique, par sa dérive, accentue encore la faible solidarité entre générations : les jeunes vont devoir en assurer pendant longtemps les conséquences déflationnistes (augmentation des impôts, réduction drastique des dépenses publiques). Nous n’avons pas le droit de faire croire aux jeunes qu’il suffira d’un rebond d’inflation pour alléger la facture que nous leur laissons car l’inflation est aujourd’hui très basse dans les pays avancés et elle va probablement rester très modérée pendant longtemps.

Chômage, dettes, ascenseur social en panne, menaces sur le modèle social, inégalités accrues : tout concourt au sentiment de lendemains moins prometteurs. Aux générations actuellement aux commandes de stopper ce poison mortel, individuel et collectif. En mobilisant les énergies et les talents, en construisant des stratégies de long terme, en cessant de les sacrifier au diktat du court terme. Ces questions seront débattues lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence de juillet 2014 « Investir pour inventer demain », organisées par le Cercle des économistes.

Pour répondre à ces questions, nous avons besoin d’associer les jeunes, de les écouter, de les entendre vraiment et de savoir comment ils veulent participer à la construction d’un avenir économique qui sera le leur, comment et dans quelles conditions ils veulent « investir l’avenir ». Dans le cadre des Rencontres, nous allons donc inviter à Aix une centaine de jeunes qui auront été volontaires pour réfléchir sur cette thématique du futur. Comment préparent-ils leur insertion économique et, plus largement, quelle société veulent-ils construire ? Il est encore temps pour eux d’envoyer leurs réponses (jusqu’au 22 avril compris) et de concourir avec à la clef une invitation à ces Rencontres (1).

Le monde change vite et il changera encore plus vite dans les années qui viennent. L’insertion économique n’est plus automatique; elle se prépare et elle se fait dans des conditions beaucoup plus différenciées. Les arbitrages entre le temps de travail, l’argent, l’intérêt du travail et les loisirs sont aujourd’hui beaucoup plus compliqués et cela devrait impliquer de la part des jeunes une créativité et une imagination renforcées. Le système éducatif très traditionnel va être bouleversé et l’insertion économique devra se préparer davantage par le choix des formations de base et de formations complémentaires les plus attrayantes. Là encore, nous aurons une plus forte différenciation. Chaque individu devra sans doute s’inventer davantage pour son insertion dans une société complexe marquée par de nombreuses incertitudes.

Quelle société veut-on construire ? Les processus démocratiques et la protection sociale qui ont été mis en place au fil des siècles dans une vision nationale de croissance économique continue et de progrès technique collectif vont être remis en cause. Les exigences de démocratie, d’intérêt général et de solidarité demeurent, mais elles seront aménagées. L’un des défis majeurs des prochaines décennies, c’est de savoir quel équilibre sociétal, quelle protection éducative et sociale construire. Une redéfinition du rôle et du poids de l’Etat devient nécessaire. Une telle transformation doit s’appuyer, entre autres, sur une trilogie : nouveaux investissements, nouveaux types de formation appelés par de nouvelles technologies et de nouvelles formes d’organisation, nouveaux modes de financement. Il est indispensable de trouver un équilibre entre les dépenses d’avenir (infrastructures, éducation, enseignement supérieur, santé, recherche, innovation…) et le financement de la machine économique, en mobilisant davantage l’épargne disponible, en encourageant les cofinancements public-privé, en dopant par tous les moyens les financements vers les PME et les ETI, en développant la finance participative (« crowdfunding »)…

Les jeunes doivent participer davantage à la construction d’un avenir de changement et de nouvelle prospérité. Nous sommes heureux de les associer à cette réflexion; nous espérons en tirer des leçons nouvelles et éclairantes pour les politiques publiques à un moment où l’innovation et le pragmatisme doivent l’emporter sur l’idéologie.

 

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