" Osons un débat éclairé "

Jeunesse: Génération sacrifiée ?

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Simple âge transitoire dans la vie d’un individu ? Nouvelle génération entrant sur les différents marchés de la vie économique ? Lutte générationnelle dans un monde en proie aux troubles sociaux ? Génération sacrifiée sur l’autel du chômage ? La jeunesse descend une nouvelle fois dans la rue. Quelles solutions, quels espoirs, quels débouchés ?

Introduction

En marge des récentes mobilisations contre la loi Travail discutée à l’Assemblée nationale, le gouvernement se montre ouvert aux requêtes des « jeunes ». Mais tenter de désamorcer la contestation fait-il une politique pleine et entière ? Et que recouvre exactement cette notion de « jeunes » ou de « jeunesse » ?

Une nouvelle fois, la France est contrainte de se pencher sur la situation de cette partie de la population pour comprendre l’évolution de la société. Pour comprendre, aussi, les difficultés d’une économie et d’un pays à se projeter dans l’avenir.

Le chômage est, et reste, la première préoccupation des Français. Un jeune sur quatre se retrouve sans emploi à la sortie du système scolaire. L’idée d’une jeunesse sacrifiée n’est pas nouvelle et la crise entamée en 2007 n’a fait qu’accentuer le phénomène.

Bien au delà du seul cas de la France, la situation préoccupante de la jeunesse semble être mondiale. Faut-il y voir une fatalité ? Non, bien sûr, car les solutions existent. Faire un état des lieux et envisager les réponses possibles, c’est ce que propose ce nouveau Décryptage éco. Bonne lecture.

 

I. Eléments du débat

A. La jeunesse française face à la crise

a. L’évolution des jeunes sur le marché du travail depuis 2007

La jeunesse française occupe une position particulière, qui s’est accrue dès les tous premiers signes de la crise économiques en 2007 : un taux de chômage élevé, une instabilité des emplois, un abaissement du salaire en rapport au niveau de diplôme… Autant d’éléments qui marquent une évolution défavorable de la situation de la jeunesse sur le marché du travail.

Pour expliquer ce phénomène, il est important de s’intéresser aux conséquences de la crise économique globale sur la situation économique des jeunes.

La crise économique a eu de fortes répercussions sur le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans dans les pays de l’OCDE. Stefano Scarpetta, Anne Sonnet et Thomas Manfredi (2010) mettent en avant un accroissement du taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans de 6,5 points entre fin 2007 et fin 2009 dans les pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique.

En France, la situation est similaire. Le nombre de jeunes français au chômage a progressé suite à la crise économique pour atteindre 25,7%, fin 2015. Le constat est qu’environ un jeune actif sur quatre se retrouve au chômage en 2016.

Les jeunes de moins de 25 ans font face à des conditions d’insertion dans la vie active dégradée. La montée du taux de chômage dans cette catégorie s’est accompagnée d’un accroissement de l’emploi temporaire, entraînant des difficultés réelles d’une partie de cette population à pouvoir accéder au logement.

Guillaume Allègre (2011) considère que la montée du taux de chômage des jeunes actifs de 16 à 25 ans est le résultat d’un effet de composition du marché de l’emploi. Ce phénomène ne serait pas seulement réservé aux jeunes.

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Figure 1 L’évolution du taux de chômage en France depuis 2005

La montée du taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans suit l’accroissement généralisé du nombre de sans emplois. Cependant, le taux de chômage des jeunes représente plus du double du taux de chômage moyen de l’économie française. La jeunesse semble sur-réagir aux évolutions du marché de l’emploi.

Yannick Fondeur et Claude Minni (2004)  soulignent cette réflexion. Ils constatent que les jeunes représentent une variable d’ajustement sur le marché du travail, c’est-à-dire que le taux d’emploi les concernant dépend essentiellement de la conjoncture économique et de la situation économique des entreprises. La crise a, de ce fait, servi d’accélérateur à la montée du chômage des jeunes en impactant la situation économique des entreprises et en ralentissant la croissance économique de la France.

La dégradation de la situation économique des entreprises durant cette crise aurait eu pour conséquence accroître l’aversion aux risques des employeurs. Le marché de l’emploi favoriserait une génération moins risquée ayant une qualification et une expérience professionnelle importante face à une jeune génération, considérée comme plus risquée, possédant seulement, pour la majorité, l’un des deux attributs de la génération précédente.

Ce constat tient dans la dualité du marché du travail comme il est précisé par Philip Cordery (2015) . Les nouveaux entrants sont les victimes d’une évolution défavorable du marché du travail limitant leur insertion.

 

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Figure 2 Taux de chômage des jeunes en France (% de la population active des jeunes entre 15 et 24 ans)

 

Au total, la crise de 2007 a eu des conséquences durables sur le marché de l’emploi et l’insertion des jeunes. Cette crise a contribué à la montée structurelle du chômage chez les jeunes et à la transformation de la norme d’emploi en substituant les contrats temporaires aux CDI. Le principal corollaire est une précarisation et une difficulté accrue des jeunes à accéder aux différents marchés de l’économie comme le marché immobilier.

b. Les tensions du marché de l’emploi, un frein pour la jeunesse

En 2016, la Jeunesse représente approximativement 40% de la population des 13 principaux espaces métropolitains français. Or, vu les chiffres du chômage les concernant, apparaît l’importance de considérer la question de l’impact du marché de l’emploi sur le développement de la jeunesse.

Les difficultés d’accès au marché du travail, la précarité des emplois occupés, l’instabilité de revenus qui en découlent et leur inadéquation aux prix élevés du marché immobilier, sont des freins pour les jeunes qui souhaitent accéder à leur autonomie.

La situation difficile des jeunes observée depuis 2007 serait, selon Philip Cordery (2015)  la conséquence de trois tendances préexistantes sur le marché de l’emploi :

  • Un accroissement des inégalités d’accès à l’emploi pour l’ensemble des demandeurs
  • Une polarisation de l’emploi des jeunes vers des postes temporaires
  • Le développement du travail « atypique » à travers l’augmentation d’intérim et des autoentrepreneurs.

Jean-Baptiste Prévost (2012) ajoute que la nette dégradation du marché du travail pose de nombreuses difficultés aux jeunes à s’intégrer aux différents modèles de sociétés. Or, l’intégration sur marché de l’emploi serait un catalyseur permettant à une génération d’adopter les normes et les valeurs de la société. Les tensions sur le marché de l’emploi ont un coût pour la société en ce sens qu’ils fragilisent le contrat social et la cohésion entre les générations.

Philip Cordery (2015) souligne également le fait que l’accès difficile à l’emploi pour les jeunes a des conséquences sur l’autonomie de cette population. En effet, leurs ressources financières limitées et instables ne permettent pas à la majorité d’entre eux d’accéder à un logement, à des services particuliers de la santé et de la protection sociale , voire d’obtenir le permis de conduire sans une aide financière extérieure. Ces éléments sont d’autant plus importants pour les jeunes adultes qu’ils sont au cœur des normes de bien-être et des inégalités de nos sociétés.

Le permis de conduire constitue, par exemple, pour certains travails un « sésame indispensable »  sans lequel il est impensable pour les jeunes de s’insérer.

Ce constat se retrouve pour l’accès au logement qui est une variable importante dans la mobilité . Les inégalités d’accès au logement peuvent constituer un frein pour la mobilité de certaines catégories de jeunes.

De plus, comme l’exprime l’auteur précité, « les jeunes rentrés sur le marché du travail au plus fort la crise ont de grandes chances d’en subir les conséquences tout au long de leur carrière ». L’insertion difficile des jeunes impacterait de facto l’échelle des salaires de cette population et entraînerait une hausse des inégalités dans la répartition des revenus de l’économie.

c. Une jeunesse hétérogène face à l’instabilité de l’économie

L’approche générationnelle de l’emploi et de la situation de la jeunesse peut mener à des diagnostics ne permettant pas aux différentes politiques de réduire le taux de chômage des jeunes. En effet, cette approche, comme souligné par Guillaume Allègre (2011), « masque les inégalités au sein des générations ».

La notion de « jeunes », comme il est précisé par Jean-Baptiste Prévost (2012), recouvre la catégorie des 15-24 ans, ou des 15-29 ans, selon les différentes études. Cette définition peut mener à des contradictions dans une approche en termes de « génération », notamment entre la génération Y – enfants nés entre 1985 et 1995 dans la majorité des études –, et la génération Z – enfants nés entre 1990 et 2000  – dans les études les plus récentes. Si on suit cette analyse, les enfants nés entre 1990 et 1995 appartiendraient à la Génération Y et Z. Cette définition des jeunes rend donc difficile des comparaisons entre différentes générations.

Par ailleurs, Jean-Baptiste Prévost (2012) souligne que la jeunesse est plurielle et ne constitue par un groupe homogène. Les nombreuses difficultés ne sont pas partagées par l’ensemble de la jeunesse de la même manière. Entre des jeunes hautement diplômés et des jeunes sortis sans diplôme du système scolaire, une fragmentation peut être effectuée pour comprendre les différents enjeux liés à cet ensemble hétérogène.

La vision d’une jeunesse « sacrifiée » est trompeuse dans le sens qu’elle cache des situations contrastées selon différents critères, comme souligné par Guillaume Allègre (2011). Ainsi, les instabilités économiques n’ont pas les mêmes impacts sur cette jeunesse hétérogène.

La situation des parents et l’origine sociale sont des variables à prendre en considération pour comprendre l’impact des instabilités économiques sur les jeunes. Les inégalités dans la transmission familiale et sociale se cumulent pour la majorité dans la mesure où l’aide directe, en termes financiers, d’orientation ou de patrimoine, apportée par les parents, impacte sensiblement la situation des jeunes pour obtenir un logement, un diplôme et un emploi.

Guillaume Allègre (2011) note que les instabilités économiques depuis 2007 ont eu pour impact d’accentuer ces inégalités de transmission familiales et sociales et donc les inégalités entre les différentes catégories de jeunes face à l’instabilité économique.

 

B. Un choc générationnel : Génération X contre génération Y

a. Les générations face à l’emploi : un débat générationnel

L’emploi est une question centrale dans le débat entre la génération X, quadragénaire, et la génération Y, enfants nés entre 1985 et 1995. Ce débat s’articule autour de deux axes  :

  • L’accès à l’emploi pour la génération Y, qui accède tardivement au marché du travail, et rencontre des difficultés à accéder à un emploi stable, et par corollaire à un logement.
  • L’âge d’accès aux droits à la retraite pour la génération X qui est dans le marché de l’emploi, avec pour une grande majorité des emplois stables et qui ne souhaite pas un recul de l’âge du départ à la retraite.

Ce débat marque une divergence entre ces deux générations qui n’ont pas le même regard face à l’emploi.

Guillaume Allègre (2011) souligne cette « fracture générationnelle » entre les baby-boomers qui « auraient capté les fruits de la croissance économique » et une génération Y souffrant des conditions dégradées de l’économie suite à la crise.

Cependant, selon cet auteur, il est important de distinguer les inégalités entre générations ou « cohortes » de populations et celles entre les classes d’âge. Le discours public tend à les confondre en cherchant à montrer que ces deux thématiques se confondent. Plus qu’un problème lié à un effet d’âge, défini par leur position dans le cycle de vie d’une population, ce phénomène relèverait d’un effet de cohorte entre générations successives.

L’accès à l’emploi des jeunes actifs dépendrait de la situation conjoncturelle de l’entrée de la cohorte de population dans le marché du travail. L’effet générationnel aurait un impact sur le taux d’emploi de départ et sur la progression globale de la cohorte. Les résultats de Yannick Fondeur et Claude Minni (2004) ont démontré cette observation en soulignant le fait que les caractéristiques qualitatives et quantitatives d’une génération sont très sensibles à la conjoncture économique. Cette sensibilité à la conjoncture économique induit une sur-réaction du taux d’emploi des jeunes à cette conjoncture.

Le débat entre les générations X et Y est néanmoins minimisé par Rémi Thibert (2014) qui souligne que la question d’une génération « perdue » ou « sacrifiée » interroge notre société depuis le XVIIIe siècle. Il mentionne également que c’est le propre d’une génération de se considérer « elle-même » en opposition et déclassée par rapport à la génération précédente. La question de la situation d’une jeunesse « sacrifiée » relève, selon cet auteur, plus de la modification de la société qui tend vers une précarisation qu’à un phénomène propre à la Génération Y.

Selon Emmanuelle Duez (2015) , dans le Forum de l’Economie Positive du Havre, le débat entre les différentes générations caractériserait les craintes de ces générations face à l’avenir :

  • D’un côté, la Génération Y, en prenant pour référence la Génération des « baby-boomers », craint de ne pouvoir faire mieux que cette génération compte tenu du chômage de masse et de la précarisation de l’emploi.
  • D’un autre côté, la Génération Y cristallise les craintes de la Génération X face à une économie instable, une situation sur le marché du travail défavorable et une mutation technologique bouleversant le monde du travail.

b. Les jeunes actifs au cœur des transformations des normes de l’emploi

Souvent considéré comme une variable d’ajustement sur le marché de l’emploi , les jeunes actifs sont au cœur des transformations des normes de l’emploi et du monde du travail.

Yannick Fondeur et Claude Minni (2004) soulignent l’importance d’une génération dans les transformations structurelles des normes sur le marché de l’emploi. En considérant ces normes en flux (à travers les nouvelles embauches) et en stocks (par les emplois existants) les deux auteurs mettent en évidence la mutation des normes sur l’emploi.

Cette mutation se caractérise par le passage du CDI, norme pour la génération baby-boomers, aux nouvelles formes d’emploi comme notamment le CDD, l’intérim et le télétravail. Ces nouvelles formes affectent principalement les nouveaux entrants sur le court terme (flux), avant de devenir la norme et s’appliquer au marché du travail sur le long terme (stocks). Conclusion : la place des jeunes dans les flux du marché du travail souligne le fait que les jeunes actifs sont au cœur des transformations des normes de l’emploi en acceptant les nouvelles formes d’emploi.

La diffusion de l’emploi temporaire à la génération Y contribue à la sur-réaction observée du taux de chômage des jeunes au cycle économique. En contrepartie, la génération Y a réussi à développer une capacité d’adaptation pour répondre à l’instabilité des nouvelles formes d’emplois.

Rémi Thibert (2014) souligne que la jeunesse permet de refléter l’évolution des perceptions de l’économie. La globalisation de l’économie et la libre circulation européenne ont eu pour impact de modifier profondément les comportements et la vision de la jeunesse sur le marché du travail. Ainsi, la génération Y, consciente des enjeux de société et des difficultés à accéder à un emploi stable, se tourne vers l’économie sociale et solidaire et le monde associatif .

L’insertion d’une génération au marché du travail tend à intégrer les préoccupations et les compétences acquises par cette dernière. L’insertion de la génération Y a modifié profondément les emplois du monde du travail , notamment en contribuant à l’intégration des enjeux de l’économie sociale et solidaire et du monde associatif aux enjeux et processus des entreprises. Le développement de la responsabilité sociétale des entreprises est un exemple de l’intégration des enjeux initialement associatifs et d’économie sociale et solidaire aux enjeux d’entreprises.

Ainsi, la génération millénium ou génération des « premières fois » remet en question les nombreux codes du monde du travail en intégrant également les « révolutions numériques, internet et les réseaux sociaux » aux entreprises. Cette génération se démarque par son « ultraconnectivité » et sa capacité à adapter les nouvelles technologies à des postes de responsabilité et d’influence notamment dans les médias, la communication et l’informatique décisionnelle.

La Génération Y serait, comme soulignée par Emmanuelle Duez (2015)  , la génération du « postmodernisme ». Cette génération de « transition » porte un nouveau regard sur le monde du travail et un nouveau modèle d’entreprise. Elle impacte et transforme les différents modèles sociétaux et économiques à son image.

  1. La génération Z : une extension de la Génération Y ou le retour de la génération X ?

Alors que la Génération Y peine à s’intégrer sur un marché du travail dominé par la Génération X, une nouvelle cohorte fait parler d’elle depuis quelques années : la Génération Z.

Cette nouvelle génération fait parler d’elle en prolongeant le débat entre les générations. Qui sont les jeunes de la Génération Z ?

L’étude rédigée par Marcle Merriman (2015)  pour Ernst & Young, définie la Génération Z comme la celle née entre 1997 et 2003. Elle se caractérise par une plus grande conscience de soi dans l’environnement numérique qui l’entoure, une persistance accrue face au risque, une vision réaliste de son avenir et une autonomie accrue dans la vie quotidienne.

Ces caractéristiques mettent cette nouvelle génération en opposition à la Génération Y qui est décrite comme une génération « centrée sur elle-même », « diplômée », « idéaliste », et « dépendante ».

Alors que la Génération Y tente de s’insérer dans le monde du travail de la Génération X, la jeunesse Z fait le choix de l’entreprenariat pour réinventer le monde du travail qui l’entoure. Selon l’étude d’Ernst & Young (2015), 62% des jeunes âgés de 13 à 19 ans souhaitent entreprendre plutôt que de travailler dans une entreprise déjà existante. Ces jeunes sont une génération d’entrepreneurs utilisant et apprenant de la sphère du numérique pour apprendre de leurs erreurs.

L’erreur et l’apprentissage par l’expérience sont au cœur de cette nouvelle génération. L’étude d’EY (2015) montre que 71% des jeunes Z considèrent que leur première entreprise sera un échec et une opportunité d’apprendre pour créer une seconde. Ainsi, ces jeunes souhaitent une plus grande autonomie et apprendre par eux-mêmes plutôt que par les autres comme souligne Emmanuelle Duez (2015) . C’est une génération du « tout apprendre, tout savoir » http://www.econum.fr/generationz/ qui utilise les outils numériques pour changer ses rapports avec le système éducatif au travers des MOOC et des tutoriels.

Cette jeunesse n’est cependant pas un retour de la Génération X mais une évolution de la Génération Y. Elle a été nourrie par un chômage de masse et des fortes instabilités depuis sa plus tendre enfance. Elle a également été bercée par une société « hyperconnectée » et « idéaliste » de la Génération Y dans laquelle le numérique est omniprésent. Les jeunes Z tendent à suivre les enjeux poursuivis par la génération précédente en les mettant au cœur de leur développement personnel.

La Génération Z ne se considère pas comme une génération « sacrifiée » mais comme une génération actrice de son avenir dans un monde en proie à ses troubles. L’exemple le plus emblématique de cette génération est Gavi Tevinson, une jeune slovène, qui a créé son premier site web sur la mode à seulement 11 ans et qui employait à ses 17 ans déjà… 80 employés.

De plus, la Génération Z montre des capacités intéressantes pouvant modifier profondément le monde du travail à l’image de la Génération Y :

  • La nécessité d’une évolution et d’un apprentissage constant par l’expérience
  • La nécessité de faire partie de la solution plutôt qu’être un acteur de la résolution du problème
  • La nécessité de « démontrer » et « faire » avant de demander de faire une tâche

Ces capacités incitent les entreprises à réviser leur organisation pour pouvoir intégrer dans un cadre flexible et décentralisé des jeunes plus autonomes cherchant une constante évolution. Pour répondre à cette évolution, les entreprises tendent à fractionner le travail non plus par tâche ou par poste de travail mais par projet pour permettre à cette jeune génération de s’intégrer aux organisations déjà existantes .

La Génération Z est en passe de succéder à la Génération Y. Cette évolution complexifie le débat générationnel entre une Génération X sortant du marché du travail, une Génération Y ayant du mal pour la majorité à s’intégrer à ce marché et, à présent, une Génération Z choisissant de réinventer le monde du travail à son image.

II. Le sujet dans la théorie économique

A. Les causes multiples qui font débat dans la théorie économique

a. La politique de l’emploi : une composante structurelle du système d’insertion des jeunes au marché du travail

L’analyse de la situation des jeunes ne saurait se limiter à une approche générationnelle. Il faut également prendre en compte un facteur déterminant pour le processus d’insertion des jeunes au marché du travail : la politique de l’emploi.

La montée structurelle du chômage des jeunes a incité les différents gouvernements à prendre des mesures pour permettre l’insertion des jeunes dans le marché du travail. La jeunesse occupe une place centrale dans le développement d’une économie. Elle représente l’avenir de la société. En dépit du tropisme d’une partie de l’opinion publique à rapprocher les termes « jeunesse » et « problème », la jeunesse constitue une force vive pour la société et sa mutation dans un monde en évolution.

Comme le souligne le Crédoc (2012), les jeunes sont des consommateurs actifs, guidant et orientant l’évolution des modes de vie de la société. Cette catégorie de la population a une propension élevée à consommer, d’où l’importance d’un accroissement de leurs revenus.

De plus, leurs ressources sont une variable importante de l’évolution de la demande de la société. Ils consomment et innovent fortement dans les secteurs des nouvelles technologies . Une évolution des ressources des jeunes permettrait d’impacter de manière significative l’innovation dans l’économie, selon le Crédoc (2012).

De ce fait, la jeunesse définit « l’avenir » de la demande. Ce constat marque la nécessité pour les gouvernements de s’interroger sur l’intégration des jeunes dans les différents marchés de l’économie.

Yannick Fondeur et Claude Minni (2006) développent cette réflexion en étudiant l’impact des différentes mesures d’aide à l’emploi ciblées particulièrement sur les jeunes aux cohortes de population entre 1976 et 2000. Les résultats montrent un impact significatif des différentes mesures mises en place par le gouvernement français sur l’emploi des moins de 26 ans. Les contrats aidés dans l’emploi des moins de 26 ans permettent d’accroître l’insertion de la cohorte, qui en bénéficie, sur le marché du travail.

 

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Figure 3 Taux d’emploi par génération de sortants selon l’ancienneté entre 1976 et 2000 en France (Fondeur Y. et C. Minni (2006), « L’accès des jeunes à l’emploi », INSEE, Données sociales – La société française, p.287)

Cependant, sur le long terme, Yannick Fondeur et Claude Minni (2006) remarquent une diminution du taux d’emploi des jeunes. L’augmentation relative du taux d’employabilité des différentes générations dépendrait essentiellement des politiques conjoncturelles de l’emploi mises en place par les différents gouvernements. Le recul, voire l’arrêt de ces politiques, a pour conséquence de diminuer sensiblement le nombre d’emplois occupés par des jeunes.

De plus, l’importance des politiques d’aides à l’emploi pour ladite catégorie est soulignée par l’impact durable du taux d’insertion d’une cohorte dans le marché du travail sur le niveau de chômage de cette génération. Une génération aidée par des politiques de lutte ciblées contre le chômage a un taux d’inactivité inférieur sur le long terme à une génération non aidée.

Malinvaud (2003)  complète cette analyse d’après une observation de Stern N. et J. Stiglitz (1997). Il précise que les réformes structurelles ont un impact significatif sur la structure du marché du travail, et le niveau de vie d’une cohorte, dans la mesure où elles influencent positivement le niveau de vie de l’ensemble des générations présentes dans l’économie. Les politiques de l’emploi doivent permettre aux jeunes chômeurs de bénéficier de l’accroissement du niveau de vie en s’insérant dans la vie économique de la société.

Malinvaud (2003) mentionne la nécessité de grandes réformes institutionnelles pour accompagner les modifications du marché du travail. L’assistance ponctuelle pour lutter contre le chômage d’une génération a pour conséquence d’opposer les générations « aidées » à celles « sacrifiées ». Aussi, les réformes structurelles permettraient sur le long terme d’améliorer la répartition des revenus d’une économie et le niveau de vie d’une population en modifiant durablement l’environnement macroéconomique et institutionnel du marché du travail.

 

b. Quels emplois après l’école : la valeur des diplômes dans l’insertion des jeunes

L’entrée tardive des jeunes actifs sur le marché de l’emploi est notamment expliquée par l’allongement de la durée des études.

Du fait de la dégradation des conditions économiques, les jeunes se tournent vers des formations plus longues afin d’obtenir des diplômes plus élevés pour être mieux préparés au durcissement du marché du travail. Une question se pose alors : les diplômes permettent-ils une meilleure insertion des jeunes sur le marché du travail ?

Selon Philippe Lemistre (2003) , aux yeux de l’employeur, le diplôme est révélateur des « compétences innées et acquises, notamment dans le système scolaire ». La valeur d’un diplôme conditionne les capacités d’un individu à intégrer le marché de l’emploi et à obtenir un niveau de salaire donné. La première observation de cet auteur est de souligner une corrélation positive entre le niveau du diplôme et l’accès aux premiers emplois stables. En d’autres termes, le lien entre le niveau d’éducation certifié et le premier emploi stable est vérifié et significatif.

Cependant, l’évolution du nombre de diplômés ne traduit pas une diminution du taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans, et peut même contribuer à une « fracture générationnelle » entre les diplômés de différentes générations.

 

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Figure 4 Ecart entre les taux de chômage en 2015 selon les diplômes sortis depuis 1 à 4 ans et depuis 11 ans et plus de formation initiale

Ce phénomène est illustré par un double constat :

  • La dégradation relative de la valeur des diplômes entre la génération X et Y. Un même diplôme obtenu par un jeune de la Génération X et un autre de la Génération Y n’a donc pas la même valeur en termes d’insertion sur le marché de l’emploi. Ce résultat est aussi bien observable sur la catégorie des chômeurs faiblement diplômés que dans la catégorie des chômeurs issus de l’enseignement supérieur. Cette dégradation de la valeur des diplômes peut s’expliquer par une plus grande valeur attribuée à l’expérience professionnelle comme soulignés par Stefano Scarpetta, Anne Sonnet et Thomas Manfredi (2010) .

 

  • L’accroissement absolu de la valeur du niveau du diplôme sur le marché de l’emploi. Les populations plus diplômées accèdent plus facilement au marché de l’emploi que les populations moins diplômées. Cette rhétorique est d’autant plus convaincante que le taux de chômage est inversement corrélé au niveau de diplôme selon Guillaume Allègre (2011) . Ce phénomène est démontré du fait que l’évolution du taux de chômage est poussée par les populations peu ou pas diplômées depuis 1982.
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Figure 5 Evolution du taux de chômage selon le niveau de diplôme depuis 1982

Le diplôme est, a priori, un rempart face au chômage. Cependant, vu l’accroissement du nombre de diplômés et de l’augmentation du nombre de chômeurs sans diplôme, on peut penser que le diplôme joue un rôle de « filtre » sur le marché de l’emploi.

Les plus diplômés sont embauchés au détriment des autres. Philippe Lemistre (2003)  appuie cette remarque en mentionnant que l’accroissement du nombre de diplômés augmente les prérequis obligatoires pour accéder au marché de l’emploi, et dévalorise toute la hiérarchie des diplômes en termes d’insertion et de salaires.

La dévalorisation relative des diplômes entre les générations X et Y est le résultat d’une inéquation entre l’offre et la demande de diplômés sur le marché du travail poussant un certain pourcentage de la population à une « course aux diplômes » http://www.alternatives-economiques.fr/la-course-aux-diplomes-s-accelere_fr_art_108_10621.html pour accéder plus facilement au marché de l’emploi.

Cette dévalorisation est le résultat d’un effet de déclassement conjoncturel des possibilités offertes par une catégorie de diplôme, compte tenu de la conjoncture économique.

De plus, la diminution relative de la valeur du niveau des diplômes tend à accroître les inégalités sociales. Selon Valérie Albouy et Thomas Wanecq (2003) , pour un même niveau de qualification à la suite d’une formation dans l’enseignement supérieur, un diplômé d’une grande école a plus de chance de s’insérer à un niveau de salaire donné qu’un diplômé d’une université. Cet accroissement de la valeur qualitative des diplômes serait un filtre dans la sélection sociale, selon ces auteurs.

Ce constat est important à considérer dans la mesure où Valérie Albouy et Thomas Wenecq (2003) remarquent un accroissement des inégalités sociales d’accès aux grandes écoles. Ils constatent un resserrement en termes de chances relatives aux concours d’accès à ces écoles selon le milieu social, depuis les années 80.

c. Le service public de l’emploi et l’accompagnement des jeunes : une réponse à une jeunesse non diplômée ?

La question liée à l’insertion de la jeunesse non diplômée, ou peu qualifiée, est centrale pour comprendre les enjeux des politiques publiques de lutte contre le chômage des jeunes.

Le processus d’insertion de cette population, peu ou pas diplômée, est une réalité forte, notamment mise en évidence par le rapport sur l’emploi des jeunes en Europe rédigé par Philip Cordery (2015) .

Une asymétrie grandissante entre le marché du travail et ces catégories de jeunes se développe, poussant ces derniers, peu ou pas diplômés, à s’éloigner du marché du travail. L’écart entre le taux de chômage des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur et des jeunes peu ou pas diplômés était approximativement de 41,5 points en 2015.

La première explication serait que les catégories de jeunes non diplômés subissent la conjoncture économique défavorable depuis 2007. Mais à côté de la raison conjoncturelle, de nombreuses autres sont soulignées pour expliquer les difficultés rencontrées . Les principales raisons sont liées à une inadéquation du système éducatif et de son système d’orientation. Les liens défaillants et mal coordonnés entre la sphère éducative et le monde de l’entreprise conduisent de nombreux jeunes à sortir du système éducatif sans emploi.

Alors que le niveau de formation initiale a sensiblement progressé au cours des dernières décennies, le taux d’échec demeure important, comme le souligne Jean-Baptiste Prévost (2012). L’enseignement secondaire fait sortir chaque année un nombre important de jeunes sans diplômes, ou avec de faibles qualifications. Un quart des jeunes entrés en 6e en 1995  ont renoncé à terminer leur formation dans l’enseignement secondaire. L’augmentation des qualifications imposée par le marché du travail se fait de facto au détriment de ces jeunes peu ou pas diplômés qui se retrouvent, du coup, sur un marché de l’emploi inadapté à leur situation.

Ainsi, face à l’accroissement du chômage des jeunes non diplômés, une forte mobilisation des pouvoirs publics a vu le jour dans les années 70. De nombreuses politiques ont été mises en place en France pour lutter contre la marginalisation de ces populations sur le marché du travail. Les principales mesures pour l’emploi et l’accompagnement des jeunes peu ou pas diplômés sont notamment :

– Les contrats aidés  qui visent à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes faiblement qualifiés ou non diplômés. Le « Contrat d’insertion dans la vie sociale » et le contrat « Emploi d’avenir » sont des contrats aidés.

– La Mission Générale d’Insertion  qui vise à prévenir les sorties de l’enseignement secondaire en accompagnant, remobilisant et préparant les bases d’une qualification pour les jeunes de moins de 16 ans.

– Les dispositifs de « deuxième chance » qui ont pour mission de « réconcilier » avec le système éducatif les jeunes sortis de l’enseignement secondaire sans diplômes. L’école de la 2e chance ou « Defense 2e chance » intègre ces jeunes dans un parcours adapté qui leur permet de s’intégrer au marché du travail avec les qualifications nécessaires.

Jean-Baptist Prévost (2012) met en avant la nécessité de « faire de l’emploi des jeunes les moins qualifiés une priorité » et d’engager une réflexion sur la possibilité de mettre en œuvre des dispositifs au niveau micro-économique, permettant à ces populations de s’insérer et s’adapter au marché du travail.

Dans son rapport, Philip Cordery (2015) souligne cette nécessité en chiffrant le coût du non emploi des jeunes éloignés du marché du travail à 100 milliards d’euros annuels pour l’Union européenne.

De ce fait, l’aide publique apportée à cette population est une nécessité. Cette aide doit répondre à plusieurs impératifs pour être adaptée dans un marché du travail défavorable à l’intégration de cette population. Jean-Baptist Prévost (2012) met en avant deux conditions nécessaires pour garantir l’efficacité des mesures de lutte contre le chômage des jeunes peu ou pas diplomés :

– Les mesures doivent pouvoir être multidimensionnelles afin de s’intéresser aux raisons du « décrochage », et permettre de réengager les jeunes éloignés du marché du travail dans une démarche vers l’emploi.

– Elles doivent permettre d’accompagner ces jeunes, en s’inscrivant dans la durée, dans un parcours d’apprentissage des compétences et des qualifications de base qu’ils n’ont pas réussi à maîtriser au cours de leur formation initiale.

B. Benchmark international : la jeunesse française face à la jeunesse européenne

a. Un chômage des jeunes européens en baisse – un chômage des jeunes en France qui monte

La jeunesse française semble être « sacrifiée » depuis la crise de 2007. Il est intéressant d’étendre la réflexion à la jeunesse européenne pour observer si les tendances sur le marché français se répètent à l’échelle de l’Union européenne.

Philip Cordery (2015) rapporte, dans le rapport sur l’emploi des jeunes en Europe, une situation préoccupante de la jeunesse dans la majorité des pays de l’Union européenne. Il semblerait qu’il existe une convergence de la situation de la Génération Y chez la majorité de nos proches voisins. Ce constat est le corollaire de la dégradation de la conjoncture économique sur le Vieux Continent depuis la crise économique globale de 2007 et la crise des dettes souveraines européennes depuis 2010.

La situation du chômage varie toutefois sensiblement d’un pays à l’autre. L’évolution du taux de chômage des jeunes dans l’Union européenne est contrastée et n’est pas harmonisée, comme semble l’indiquer Philip Cordery (2015). Deux tendances se dessinent depuis 2014 en Europe :

– Une montée du chômage des jeunes, notamment en France, en Finlande et en Autriche.
– Une baisse marquée du taux de chômage des jeunes, notamment en Allemagne, en Espagne et au Portugal.

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Figure 6 L’évolution du taux de chômage des jeunes en France, en Allemagne et dans l’Union européenne entre 2000 et 2015

Le taux de chômage des jeunes européens a augmenté d’un point depuis 2000, malgré une diminution du taux de chômage moyen en Europe sur la période d’avant crise. Loin d’être représentative de l’ensemble de l’Union européenne, la divergence des taux de chômage des jeunes des différents pays européens depuis le début de la crise en 2007 semble suivre les conjonctures économiques de chaque pays.

Mais le taux de chômage moyen des jeunes européens ne permet pas de représenter la tendance générale compte tenu de l’hétérogénéité propre à chaque marché en Europe.

De plus, la baisse du chômage des jeunes, dans la majorité des pays connaissant ce phénomène, est le fruit d’un retour à l’équilibre suite à une « explosion dramatique » du taux de chômage des jeunes durant la période de crise .  L’Allemagne, qui semble être un cas à part si on analyse l’évolution depuis 2007, suit cette observation sur la période 2000-2015.

La divergence entre les taux de chômage des jeunes semble être en rapport avec les politiques structurelles adoptées par les différents pays pour lutter contre l’augmentation du nombre de demandeurs d’emplois.

Durant la crise de 2001, l’Allemagne a engagé des réformes structurelles sur son marché du travail (Réformes Hartz ) pour répondre à une conjoncture économique morose, couplant un taux de chômage élevé et un vieillissement de sa population. En modifiant profondément le fonctionnement de son marché du travail, les réformes allemandes ont permis de réduire l’impact de la crise de 2007 sur le taux de chômage des jeunes et ont contribué à la diminution du chômage, dans l’ensemble, depuis 2005.

b. La situation préoccupante de l’insertion des jeunes : un phénomène qui n’est pas spécifique à la France

La situation défavorable de l’insertion des jeunes n’est pas un cas propre à la France. Comme le souligne Philip Cordery (2015), « les difficultés d’insertion dans la vie professionnelle touchent l’ensemble de la jeune européenne ». La majorité des pays européens connaît un taux de chômage des moins de 25 ans supérieur à 15%.

En Europe, « un actif de moins de 25 ans sur cinq en moyenne est sans emploi ». Ce chiffre touche presque un jeune actif sur deux en Espagne, et en Grèce.

 

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Figure 7 La cartographie du taux de chômage des jeunes européens de moins de 25 ans en 2015

La jeunesse européenne, hors Allemagne, connaît un taux de chômage compris entre 10% et 48,6%. Trois groupes de pays peuvent se dessiner selon leurs taux de chômage de 2015  :

– Un premier groupe de pays ayant un taux de chômage des jeunes compris entre 10 et 15%: notamment le Danemark (10,3%), le Royaume-Uni (13,5%), les Pays-Bas (11,2%) et le Luxembourg (14%).

– Un deuxième groupe de pays ayant un taux de chômage des jeunes compris entre 15 et 30%: notamment la Suède (19,4%), la Finlande (22,1%), la Pologne (20,5%) et la France (25,9%).

– Un troisième groupe de pays ayant un taux de chômage des jeunes supérieurs à 30%: notamment l’Espagne (46%), l’Italie (37,9%) et la Grèce (48,6%).

Au regard des taux de chômage nationaux des jeunes de moins de 25 ans, aucun pays européen, hormis l’Allemagne, ne semble fournir des politiques adaptées pour lutter contre le chômage de cette partie de la population.

Cette convergence des taux de chômage des jeunes en sous-groupes est d’autant plus préoccupante qu’elle tend à illustrer une harmonisation à travers l’uniformisation des différents modèles européens.

L’harmonisation à travers l’uniformisation des différents marchés nationaux n’est pas adaptée aux contextes économiques et sociaux des différents pays européens. Ce constat peut s’observer par la convergence et le maintien du taux de chômage des jeunes à des niveaux supérieurs à 10%.

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Figure 8 Evolution des pertes d’emplois des jeunes en Europe et aux Etats-Unis depuis le début de la Crise de 2007 (Cordery P. (2015) ), «L’emploi des jeunes en Europe : une urgence », Rapport d’information n°2620, Commission des Affaires européennes, Mars 2015, p.16

L’Allemagne est le seul pays qui semble sortir du lot européen avec un taux de chômage des jeunes de l’ordre de 5,2% en décembre 2015. De plus, la réduction du chômage des jeunes allemands est la principale explication de la diminution du taux de chômage européen depuis 2007.

c. La politique européenne de la jeunesse : vers la formation d’un marché européen de l’emploi pour cette catégorie ?

Le constat d’une situation préoccupante de la jeunesse dans la majorité des pays européens souligne la nécessité de s’interroger sur une politique harmonisée entre les différents pays de l’Union, et favoriser ainsi l’insertion des jeunes sur le marché du travail. La politique européenne de la jeunesse peut être une opportunité de reconsidérer les politiques et cadres institutionnels mis en place par les différents gouvernements européens.

Selon le Rapport de la commission des affaires européennes  réalisé par Philip Cordery (2015), trois modèles de l’emploi pour la jeunesse se démarquent en Europe :

  • Le modèle dual germanique. Il repose sur l’implication des partenaires sociaux et sur des formations au service de la compétitivité de l’économie. La politique allemande est axée autour de l’apprentissage complété par différentes mesures destinées aux « décrocheurs » du système scolaire. L’accompagnement des jeunes à leurs entrées sur le marché du travail est au cœur de la politique outre Rhin. Ce modèle a permis à des économies, comme l’Allemagne et l’Autriche, de réduire le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans à un niveau inférieur à 15% depuis 2007. La contrainte de ce modèle est une augmentation importante des dépenses publiques.
  • Le modèle scandinave de « garantie jeune ». Il est fondé sur un accompagnement des jeunes demandeurs d’emploi. Ce dispositif permet aux jeunes de continuer leurs formations et de disposer d’une allocation d’aide à la recherche d’emploi pour réduire le temps de transition entre la formation et le premier emploi stable. Ce modèle repose sur une étroite collaboration entre les jeunes, les services publics à l’emploi et les différents acteurs locaux. Comme le modèle dual allemand, ce modèle a contribué à une réduction du taux de chômage des moins de 25 ans. Cependant, il rencontre des nombreuses difficultés pour l’insertion des jeunes peu ou pas diplômés.
  • Le modèle français. Il se caractérise par la mise en place de mesures nationales proposant un accompagnement renforcé vers l’emploi aux jeunes de 18 à 25 ans, avec formations et contrats d’apprentissage adaptés aux attentes du marché du travail. En complément, une allocation est versée aux personnes en situation de précarité pour les accompagner dans leurs recherches d’emploi. Cependant, compte tenu du nombre de jeunes chômeurs, le modèle français peut être remis en question dans son inadéquation à répondre au marché du travail favorisant l’expérience professionnelle . Le modèle français a comme principal enjeu de permettre la transition des jeunes entre le système éducatif et le marché du travail.

La transposition du modèle allemand ou scandinave peut être une source d’inspiration pour les pays qui connaissent des difficultés sur leurs marchés du travail respectifs. Cependant, cette adaptation doit passer par la prise en compte des contextes économiques et socioculturels des différents marchés nationaux du travail, et la considération des difficultés rencontrées par ces modèles. L’harmonisation des politiques européennes pour l’emploi des jeunes ne doit donc pas passer par une uniformisation des politiques sur un modèle particulier.

La politique européenne de la jeunesse doit s’inspirer des différents dispositifs fonctionnant dans les pays du vieux Continent, et les réajuster pour permettre aux différents états de lutter efficacement contre le chômage des jeunes.

Une politique européenne de la jeunesse « Emploi jeune » a été lancée depuis 2012 en réaction à la situation alarmante du chômage des jeunes européens. Cette politique regroupe un ensemble de propositions et de recommandations de la Commission européenne pour les différents gouvernements de l’Union. L’objectif est de renforcer et accélérer l’accès à l’emploi des jeunes dans les régions connaissant un taux de chômage de cette catégorie dépassant 25%.

La politique européenne de la jeunesse doit, comme mentionné par Stefano Scarpetta, Anne Sonnet et Thomas Manfredi (2010), permettre :

– D’encourager les entreprises à recruter des jeunes d’autres nationalités afin de permettre la formation d’un marché européen de l’emploi harmonisé.

– De réduire le coût pour les employeurs à recruter des jeunes à faibles niveaux de qualification en développant des programmes d’apprentissages et de formations.

– Une nouvelle articulation entre le monde éducatif et le monde économique pour aider les diplômés à s’adapter aux évolutions du marché du travail.

– De réduire la dualité du marché du travail entre les différentes générations en cherchant un équilibre entre le contrat à durée indéterminée, standard de la génération X, et le contrat à durée déterminée, contrat souvent subi par les jeunes de la génération Y.

Ainsi, la politique européenne de la jeunesse doit s’articuler autour d’une promotion appropriée de l’accès à l’emploi, particulièrement aux jeunes qui ont le plus de risque de perdre le contact avec le marché du travail.

Cette promotion peut passer par une extension du cadre du programme Erasmus, le programme d’échange universitaire intra-européen, au marché du travail et à la création d’entreprise.

III. La vision de 5 économistes

 

D'Albis Hippolyte_cropHippolyte d’ALBIS  (Cercle des économistes)

 Casser les images. La perception de la jeunesse par l’opinion est très disparate. Dans les faits, selon Hippolyte d’Albis : « une analyse des tendances économiques sur longue période ne permet pas de conclure que les jeunes d’aujourd’hui soient défavorisés par rapport aux jeunes d’hier. Ils vivent dans une société plus riche. La consommation moyenne est trois fois supérieure à celle qui prévalait en 1960 et la jeunesse est plus éduquée ». Rappelons que le taux de bacheliers en 1960 n’était que de 11 % de la population active. L’économiste insiste : « la réussite des baby-boomers ne s’est pas faite aux dépens des jeunes d’aujourd’hui, mais cela n’empêche pas qu’une partie de la jeunesse puisse ressentir un véritable désarroi ». L’impression de fracture générationnelle a la vie longue.

Fatalité européenne. Les commentaires suscités chaque jour par l’actualité en marge des manifestations de lycéens font la part belle à la triste situation de l’emploi en France. Hippolyte d’Albis reconnaît que, certes, « le poison qui mine la jeunesse d’aujourd’hui est le chômage. Un jeune sur quatre est sans emploi, c’est beaucoup trop. Mais, souligne l’économiste, cette difficulté n’est pas spécifique à la France. Le taux de chômage des jeunes est partout plus élevé que le taux de chômage moyen ». Et de rappeler que ce taux est 2,2 fois plus élevé en France, ce qui correspond à la moyenne des pays de l’OCDE. « En termes relatifs, les jeunes Français sont, par exemple, dans une situation moins favorable que celle des jeunes Allemands mais plus favorable que celle des jeunes Britanniques », conclut-il.

Politique du logement. « L’obtention d’un logement est malheureusement tellement dépendante du type de contrat de travail détenu qu’il est évident que les jeunes Français refusent que les contrats qui leur sont destinés soient précarisés ». « De ce point de vue, la garantie de loyer Visale destinée aux moins de 30 ans et proposée depuis peu par Action Logement, va dans le bon sens », insiste Hippolyte d’Albis. Mais, comme le reconnaît l’économiste : « chômage et immobilier ne sont certainement pas les seules préoccupations de la jeunesse. Pour les connaître, il faut écouter les jeunes et encourager les initiatives qui leur donnent la parole ». A bon entendeur salut.

Note France Stratégie 12/01/16 

Article Telos 

imgresNatacha Valla  (CEPII – Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales)

 Les nombreux atouts de la France. Natacha Valla souligne que « selon les indicateurs de bien-être de l’OCDE, la France est bien placée en termes de productivité. Le taux d’activité des 25-54 ans est au dessus de la moyenne des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique. Nous avons donc un marché du travail relativement dynamique mais très clivant ». Et l’économiste de préciser : « nous vivons dans un pays où la répartition des revenus est relativement stable par rapport à l’évolution de l’ensemble des pays de l’OCDE, la structure industrielle est assez diversifiée… on aurait donc énormément  de conditions pour permettre aux jeunes d’avoir finalement un marché du travail dynamique avec une toile de fond porteuse. Or, nous n’en sommes pas là ! ».

Niveau d’éducation élevé mais très inégal. Natacha VALLA estime que la première politique sur le marché du travail doit être liée au système éducatif. « C’est un ensemble. Il faut réfléchir aux dimensions qui comptent dans le système éducatif pour que cela puisse avoir un résultat quantifiable au niveau du marché du travail ». Selon la directrice adjointe du CEPII, la première dimension est l’équité du système éducatif : « Il nous faut un système éducatif de A à Z : pas de l’école maternelle à l’université mais de l’école maternelle à la fin de la vie. La temporalité a changé ». Après l’équité, se pose la question de l’insertion professionnelle des jeunes. « Il faut que l’on réfléchisse aussi à la manière dont le jeune est outillé pour rentrer sur le marché du travail et avoir des choses à proposer ». Là aussi, c’est la loi de l’offre et de la demande car « les entreprises ont des impératifs de structures et de compétitivité ».

Système stratégique. Natacha Valla appelle à une vraie réflexion autour de notre système éducatif. « Il faut absolument réfléchir à un dispositif capable de produire les élites que l’on nous envie dans le monde entier, et qui ne coûtent pas cher sur le marché du travail ». En effet, selon l’économiste, « quand la question est posée aux investisseurs internationaux prêts à venir ouvrir des entreprises en France, prêts à investir dans des secteurs de pointe et risqués, ils confirment que l’un des facteurs induisant leur décision est la qualité de la main d’œuvre, et surtout son faible coût ». Il est donc urgent de régler cette inadéquation entre ce qu’offre le système éducatif français et ce que demande la société entrepreneuriale.

 

JLorenzi Jean-Hervé cropean-Hervé LORENZI (Cercle des économistes)

 Une vieille histoire. Jean-Hervé Lorenzi estime que s’occuper des problèmes de la jeunesse aujourd’hui revient à traiter la question sur le long terme, le temps d’une génération. « Notre société, avec ses qualités et ses défauts, est fondée sur ce que fut le pacte social à la Libération. Donc cela ne rend pas compte, par exemple, des problèmes de notre jeunesse qui est un atout pour notre pays ». Le président du Cercle des économistes insiste : « conçu pour, et dans, une société de plein-emploi tirée par la croissance (NDLR : +5,3 % en moyenne annuelle entre 1945 et 1974), le contrat social de 1945 montre ses failles dès les chocs pétroliers des années 1970 et l’apparition d’un chômage de masse qui se refuse à baisser ».

Il n’y a pas que les baby-boomers ! Dans un dernier ouvrage co-écrit avec Hélène Xuan et Alain Villemeur, intitulé France, le désarroi d’une jeunesse (Ed. Eyrolles, 184 p. 17€), Jean-Hervé Lorenzi affirme que « la promesse de promotion individuelle appartient au passé. Le système scolaire et l’enseignement supérieur en particulier ne sont plus le lieu où se résorbent les inégalités. Une génération – celle des baby-boomers – est parvenue, au sortir des Trente Glorieuses, à capter une grande partie du patrimoine, à la conserver, à faire croître sa valeur. Entre 1992 et 2010, ce patrimoine a augmenté de 25 % pour cette génération mais il a baissé pour toutes les autres ». Selon l’économiste, pour établir une politique crédible en faveur de la jeunesse, il convient d’inverser la tendance actuelle qui fait que « les seniors se forment moins que les autres, avec une durée de formation plus courte ».

A nouvelle génération, nouveau contrat. Un contrat d’avenir digne de ce nom doit être établi pour la jeunesse en manque de travail. Selon Jean-Hervé Lorenzi, « on favorise une meilleure intégration de la jeune génération sur le marché de l’emploi à travers un contrat unique à droits progressifs intégrant une aide au logement. Celle-ci sera financée en retardant le départ à la retraite des seniors grâce à une formation professionnelle proposée beaucoup plus tard dans la vie active ». Système clair aux yeux de l’économiste : « on garantit aux jeunes générations la pérennité du système de retraite en mettant en place une épargne retraite obligatoire en contrepartie de l’allongement de la durée de vie au travail des retraités, et d’une baisse des pensions maîtrisées ». Question de génération, effectivement.

 

Anne EydouxAnne EYDOUX (Economistes atterrés)

 Ne pas noircir le tableau. Pour Anne Eydoux, ajouter une couche sur la zone grise et complexe que nous traversons aujourd’hui n’est pas la solution. « Je trouve que parler de faillite du système éducatif, c’est beaucoup… même s’il y a énormément de choses à améliorer. Sur le long  terme, le système éducatif a accompagné l’allongement de la durée des études – avec trop peu de moyens – mais il n’y a pas tout a fait une faillite », insiste l’économiste. « On entend aussi parler de génération perdue, mais c’est très souvent pour légitimer des réformes du marché du travail ». L’absence d’emploi laisse une marque durable sur les trajectoires salariales et d’insertion, mais « attention, quand on parle de la situation des jeunes, à ne pas instrumentaliser les débats », nuance-t-elle.

Progrès. Selon Anne Eydoux, les difficultés d’une génération aujourd’hui ne doivent pas occulter les améliorations apparues au cours des dernières décennies. « En trente ans, le droit du travail s’est considérablement assoupli. Le code du travail a été réécrit, il y a eu durcissement de l’indemnisation du chômage, des baisses des coûts du travail… paradoxalement, ces politiques, menées généralement au nom de la lutte contre le chômage des jeunes, n’ont pas vraiment réussi. Par contre les jeunes ont été aux avant-postes en matière de dégradation des conditions d’emplois », regrette l’économiste. Cette dernière estime que « la dégradation a été lente et, depuis 2010, le CDI n’est plus la norme d’emplois pour les jeunes ». « Les jeunes diplômés sont plutôt protégés contre le chômage alors que les non qualifiés se retrouvent tout au bout de la fille d’attente à ne pas pouvoir occuper les emplois ».

Le problème des jeunes n’est pas seulement le chômage. Anne Eydoux voit d’autres objets de préoccupation concernant la jeunesse : « il y a une forme d’institutionnalisation du ‘’précariat juvénile’’ – comme l’appelle le sociologue Robert Castel –  sur la tranche d’âge des 16-25 ans ». Pourtant, reconnaît Anne Eydoux, le chômage a baissé pendant certaines périodes. « A la fin des années 90, période de croissance soutenue, certaines politiques ont accéléré les créations d’emplois comme la mise en place des 35H, les emplois aidés, etc… entre 1996 et 2001, le taux de chômage  des jeunes a baissé significativement, passant de 22% à 15% », tient à préciser l’économiste qui appelle à relativiser l’actuel diagnostic concernant l’impact de l’économie numérique sur le travail : « beaucoup d’emplois ne sont pas encore gagnés dans ce secteur », conclut la collaboratrice du think-tank Les Economistes atterrés.

 

X RagotXavier RAGOT (OFCE – Observatoire Français des Conjonctures Economiques)

 Dimension européenne. Selon Xavier Ragot, l’enjeu central des réformes du marché du travail relève de la convergence des différents marchés européens en la matière. « L’Allemagne a un taux de chômage inférieur à 5%, l’Italie et la France ont un taux de chômage deux fois supérieur et l’Espagne un taux de chômage plus de deux fois supérieur à celui de l’Italie », constate l’économiste, qui insiste : « la convergence des marchés du travail en Europe (…) est nécessaire à la survie de la zone euro. Deux mesures sont aujourd’hui débattues : la coordination des politiques salariales au sein du Conseil de la compétitivité, et la création d’une assurance chômage européenne ».

Divergences européennes. Le président de l’OFCE estime que « plus que les différentes législations sur le marché du travail, les mouvements relatifs du prix du travail expliquent grandement les divergences européennes en termes de chômage ». Xavier Ragot précise : « le taux de chômage est inférieur à 5% en Allemagne alors que les «rigidités» du marché du travail au sens de l’OCDE sont supérieures à celle de l’Italie où le taux chômage est plus du double. Les institutions du marché du travail en France ont réduit la réaction de l’emploi à un cycle économique spécifique : moins de créations d’emplois en haut de cycle et moins de destructions d’emplois en période de récession ». Les estimations de l’OFCE conduisent à une estimation de 220 000 emplois salariés marchands non détruits au plus fort de la crise par rapport à un cycle normal.

Dangereux déséquilibres. Xavier Ragot voit « le risque réel qu’une concurrence pour la modération salariale ne favorise que temporairement certains pays européens et fasse plonger la zone euro en déflation (…). La France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie représentant 70% du PIB de la zone euro, il y a un risque d’une spirale de faible inflation, faible hausse des salaires et donc de la demande et une croissance atone ». Selon l’économiste, « après l’erreur de la trop grande austérité budgétaire européenne depuis 2011, il convient de prendre très au sérieux la question de la demande européenne ».

Propositions, solutions. « La proposition d’introduction, en Europe, de conseils en charge de la réflexion sur la compétitivité de chaque pays – dans un rapport dit ‘’des Cinq Présidents’’ –, constitue un début de réponse », estime Xavier Ragot qui voit en ces conseils « un embryon de coordination des politiques salariales en Europe, comme celle de l’évolution des salaires minimums, pour faire converger les marchés du travail sans concurrence pour une modération salariale ». « Une autre piste, proposée dans une note récente du CAE (Conseil d’Analyse Economique), est la constitution d’une assurance chômage européenne, facilitant une convergence des marchés du travail de la zone euro », complète le président de l’Observatoire Français des Conjonctures Economiques dans une tribune récemment publiée dans le quotidien Libération : http://www.liberation.fr/debats/2016/03/14/reforme-du-marche-du-travail-refaire-converger-l-europe_1439477

Conclusion

Plus d’un milliard de jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent sur la planète. Une catégorie qui reste, à l’image du reste de la population mondiale, hétérogène face aux inégalités. Question complexe et sensible aux yeux de l’opinion.

Ce Décryptage éco montre bien qu’aucune solution magique n’existe pour répondre à une jeunesse en attente de solutions précises et rapides. Mais il montre aussi qu’aucune adversité n’est inscrite dans l’histoire et que, de la formation à l’accès à l’emploi, en passant par l’apprentissage, la couverture sociale et la simplification administrative, les options sont nombreuses.

Reste à savoir si l’avenir, et plus encore le sort de la jeunesse, est réellement placé au cœur des grandes stratégies que requiert notre société. Loin des grands discours et grandes incantations, les réponses imposent une mobilisation permanente de tous les acteurs : politiques, chefs d’entreprises, syndicalistes, jeunes eux-mêmes… A quand une campagne « Jeunesse, grande cause nationale » ?

 

Notre Duo éco avec A. Cartapanis et Gaspard Koenig :

 

 

BIBLIOGRAPHIE

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