" Osons un débat éclairé "

La blockchain ou la fin des intermédiaires ?

Les acteurs français des cryptomonnaies, dont le bitcoin, appellent à la création d’un cadre réglementaire français et européen. La loi Pacte portée par Bercy devrait permettre à ces produits de bénéficier d’une certification par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Derrière ces sujets se trouve le système de blockchain. Que cache-t-il réellement ? C’est l’une des questions qui sera abordée aux prochaines Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence, début juillet. Valérie Mignon passe en revue les enjeux posés par ce mécanisme.

Une révolution serait-elle en train de se préparer dans le domaine de la finance, et, plus largement, dans l’ensemble de l’économie, avec l’arrivée de la blockchain ? La question mérite d’être posée au regard des enjeux, des objectifs, des transformations majeures, des conséquences et de la multiplicité des domaines d’application d’une telle technologie.

On peut faire remonter la naissance de la blockchain à octobre 2008, date à laquelle a été créée la monnaie virtuelle, le bitcoin. La blockchain consiste en une base de données sécurisée, à l’abri de toute destruction, falsification ou modification, rassemblant l’ensemble des transactions effectuées par ses utilisateurs depuis sa création. Appliquée aux marchés financiers, la blockchain permet aux détenteurs de titres de procéder à des échanges instantanément, en toute sécurité via l’utilisation de signatures cryptographiques et sans intermédiaire financier. Les objectifs attendus sont une plus grande fluidité et rapidité dans les transactions, un renforcement de la sécurité, une amélioration de la transparence et une réduction des coûts de transaction.

Le domaine d’application de prédilection de la blockchain est sans conteste la finance. A ce jour, seules quelques expérimentations ont eu lieu, notamment sur le Nasdaq pour les sociétés non cotées, la bourse australienne et par un consortium d’une quarantaine des plus grandes banques mondiales. Malgré son caractère embryonnaire, le système est très probablement amené à se développer à grande échelle. Lors des dernières assises du financement participatif, Emmanuel Macron a en particulier annoncé l’expérimentation de la blockchain pour le financement participatif. Si le succès est au rendez-vous, le champ d’application du système pourrait potentiellement être étendu, notamment à la place parisienne.

Au-delà de la finance, les applications de la technologie blockchain sont multiples : assurance, immobilier, énergie, santé, télécommunications, transports, vote en ligne, etc. Un des domaines dans lesquels la blockchain suscite actuellement de nombreux débats et attentes est celui du climat. L’idée consiste à construire un registre dans lequel les émissions de gaz à effets de serre des usines seraient enregistrées et mises à jour en permanence de façon transparente et sans falsification possible, ce qui permettrait de s’assurer du respect des engagements pris par les entreprises en faveur du climat.

Même si le champ des possibles semble illimité, et si la garantie de sécurité de la technologie blockchain est constamment mise au premier plan, les risques, limites et défis ne doivent toutefois pas être occultés. Outre le risque lié aux hackers, la blockchain nécessite une évolution des pratiques et des mentalités, puisqu’elle revient à abandonner une longue tradition de gestion centralisée au profit d’un système décentralisé et dépourvu de toute autorité de contrôle. L’adoption de la blockchain sera en conséquence graduelle, d’autant plus que sa mise en œuvre nécessite de faire face à divers obstacles, notamment organisationnels, technologiques et institutionnels.

Tous ces éléments témoignent de l’actualité, des nombreuses questions et importants défis posés par la blockchain. Les Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence des 6, 7 et 8 juillet 2018 constitueront un lieu d’échanges privilégié pour faire le point sur l’ensemble de ces considérations au cœur des débats actuels.

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