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La finance au service du redressement économique

La finance sera-t-elle la clé pour sortir de la crise ? Telle était la question posée aux intervenants de la conférence organisée mardi par le Cercle des économistes. Certes la finance ne peut pas tout, mais elle est effectivement essentielle pour faciliter de plusieurs façons la sortie de la crise.

D’abord, le confinement prolongé pour lutter contre la pandémie et les mesures d’accompagnement économique et monétaire pour en circonscrire les conséquences ont eu pour effet la constitution d’une épargne surabondante qui va être mobilisée pour l’investissement. Ainsi, même dans une économie déjà surendettée, la finance peut faciliter la sortie de crise par la mise en place d’instruments et de moyens non conventionnels.

Tuyauterie financière

Par ailleurs, la finance peut amplifier le redressement économique par deux canaux distincts. D’abord, celui des innovations technologiques proprement financières, les fintechs, au premier rang desquelles figurent les cryptomonnaies . Qu’elles soient privées ou publiques, ces cryptomonnaies, placées au cœur de l’écosystème financier, permettraient de diminuer le coût de fonctionnement de celui-ci d’un montant de 350 dollars par an et par habitant sur la planète. Le second canal par lequel la finance peut amplifier durablement la sortie de crise est celui des investissements verts, dont le montant nécessaire à la transition climatique est estimé entre 3.000 et 5.000 milliards de dollars.

Mais il y a une condition à tout cela, que la finance ne soit pas un facteur de risque susceptible d’entraver la marche en avant de l’économie réelle, par la survenance d’une grave crise qui gripperait toute la tuyauterie financière. A l’appui de cette crainte, d’aucuns évoquent l’existence de phénomènes qu’ils considèrent comme avant-coureurs d’une bulle : l’existence de nouveaux véhicules d’investissement, les SPAC (Special Purpose Acquisition Companies), qui permettent la cotation en Bourse sans les contraintes des procédures habituelles pour y accéder, ainsi que la masse des particuliers qui ont fait leur apparition avec la pandémie, celle-ci leur fournissant temps et argent. Ils découvrent la Bourse avec des comportements spéculatifs marqués, entraînant des variations extrêmes de prix sur certains actifs comme le bitcoin.

Grappes d’innovations

Mais chacun de ces phénomènes a une explication rationnelle, alors que les crises financières commencent toujours par une période de manie spéculative, où un phénomène d’aveuglement collectif se produit autour d’un objet de spéculation, qu’il s’agisse des chemins de fer (1853) ou d’Internet (2000). Nous n’en sommes manifestement pas là. Ni les niveaux de valorisation ni les niveaux de taux d’intérêt ne justifient de telles craintes, compte tenu notamment des grappes d’innovations technologiques qui se sont débloquées avec la pandémie dans de très nombreux domaines, et qui sont très prometteuses pour la productivité et la croissance économique.

N’oublions pas ce qu’écrivait Joseph Schumpeter : « Les services que rendent les intermédiaires financiers et la finance sont essentiels pour provoquer, faciliter, accompagner les innovations technologiques et le développement économique. » Nous sommes à ce moment charnière, et la finance ne peut qu’être au rendez-vous.

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