" Osons un débat éclairé "

La France n’a pas encore entamé son pain noir

Patrick Artus

Patrick Artus

France, bombe à retardement au cœur de l’Europe. Peu chic à l’égard de la France, le titre qui s’étale à la une de The Economist n’en est pas moins choc. Avec cette manchette provocatrice, le très influent et très libéral hebdomadaire du monde des affaires britannique a décidé une nouvelle fois de taper fort. A en croire le magazine, l’hexagone serait menacé d’une sérieuse crise économique. Et pourtant ! Alors que l’Europe est entrée en récession au troisième trimestre, la France a affiché sur la même période une hausse surprise de sa croissance : +0,2%. L’été dernier, les Français ont continué à consommer et les ventes d’Airbus se sont bien portées.

Europe en récession, France résistante. Mais pour combien de temps encore ? Pas très longtemps estime Patrick ARTUS. « En France, même en période difficile, la consommation résiste grâce aux salaires qui restent stables et ne fluctuent pas en fonction de la conjoncture comme c’est le cas aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Espagne ou en Italie », explique l’économiste. Et de poursuivre : « le système social français protège la consommation. Mais cela ne va pas continuer car, si chez nous le problème n’est pas celui des salaires, il est ailleurs : c’est l’investissement des entreprises ».

Flexibilité, mamelle de la France. Temps de travail et salaires immobiles, ventes en baisse, la perte de compétitivité est garantie pour les entreprises. Moins de compétitivité, ce sont des marges réduites et donc de l’investissement en moins. « Ce mouvement, on va se le prendre dans la figure dès le quatrième trimestre et il se poursuivra en 2013 », prédit Patrick ARTUS. « Nombreuses sont les entreprises qui prévoient une baisse de leurs investissements de 10, 20, voire 30% », tient-il à préciser. Sans compter la difficile conjoncture internationale. Nos exportations sont en berne, la croissance chinoise donne des signes de faiblesse, et les Etats-Unis sont en train d’engager un resserrement budgétaire pour faire face à un endettement colossal. Tout ce que dit The Economist n’est pas faux. Parler de « bombe à retardement » est exagéré.


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