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Les fractures du marché de l’emploi

marché du travailTraçabilité. Analyser les grandes tendances de long terme qui modèlent notre marché du travail depuis trente ans, tel est l’objectif de l’étude récemment publiée par un groupe co-dirigé par David THESMAR. Réalisé pour le compte de l’Institut Montaigne, ce rapport aboutit à un constat sans appel : le marché du travail français subit depuis 30 ans un choc inégalitaire violent. « C’est un point méconnu du débat public mais le phénomène du chômage de masse que connaît la France depuis plusieurs décennies concerne exclusivement les travailleurs peu qualifiés », explique l’économiste.

Basculement. Selon l’INSEE, en 2012, le chômage des personnes ayant un niveau de qualification égal au Brevet était de 15% et les actifs ayant un niveau d’étude inférieur au baccalauréat constituaient plus de 61% des chômeurs. Selon David THESMAR, « la population faiblement qualifiée a subi les conséquences du basculement de notre économie dans une société postindustrielle ». Une des conséquences fut la raréfaction de l’emploi ouvrier avec, à la clef, une économie dont la valeur ajoutée se trouve désormais dans les services.

Salaire minimum. La question de la rémunération fait partie intégrante de l’analyse du phénomène. Ainsi, malgré les politiques de baisses de cotisations, « le smic continue d’être une forte barrière à l’entrée sur le marché du travail pour les non qualifiés en France », souligne David THESMAR. Selon l’économiste, le problème est facilement identifiable : « Entre 1990 et 2010, le coût du travail non qualifié a augmenté de 12% et il est aujourd’hui trop élevé pour permettre à la création d’emplois non qualifiés d’absorber le choc  ». Sous entendu : diminuer le coût du travail non qualifié s’impose. Il est encore possible de diminuer les cotisations sociales sans toucher au Smic.

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