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Nucléaire avec les chinois en Grande-Bretagne : le double enjeu pour EDF

1167865_nucleaire-le-projet-a-25-milliards-dedf-et-de-la-chine-est-lance-web-tete-021422715386Vision de long terme. Mercredi 21 octobre dernier, la Chine s’est engagée à financer un tiers du projet de nouvelle centrale nucléaire d’EDF au Royaume-Uni. L’opérateur français prévoit de construire deux réacteurs de type EPR à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Projet de 24,5 milliards d’euros avec des travaux prévus pour durer 10 ans. A terme, ce partenariat permettra à EDF de travailler avec les chinois sur deux autres centrales en Grande-Bretagne. Des centrales, certes, de technologie chinoise mais pour l’électricien français, le contrat va permettre de poursuivre d’autres objectifs.

Mutualisation. Selon Patrice Geoffron, « on est en train de comprendre que de porter de nouveaux projets de cette ampleur nécessitera à l’avenir de partager les risques. C’est ce qui est expérimenté actuellement en Grande-Bretagne ». Attitude d’autant plus logique face aux défis technologiques et aux nombreuses incertitudes sur la concurrence entre les différentes technologies bas carbone – nucléaire, renouvelables, etc… « Une fois que la centrale de Flamanville (Manche) va fonctionner, elle sera censée fabriquer de l’énergie jusqu’en 2080. La période d’amortissement s’annonce longue alors que d’autres investissements courront parallèlement. Ces éléments font qu’il faut à la fois associer toutes les compétences – et les chinois en ont –, mais également les capitaux pour gérer les risques en consortium plutôt que de manière isolée », insiste Patrice Geoffron.

Nouveau modèle. La politique énergétique de l’Empire du Milieu. C’est l’autre enjeu. Pékin comprend bien qu’il lui est nécessaire de faire oublier son modèle basé aujourd’hui sur le charbon. Modèle énergétique désormais insoutenable sur le plan environnemental. « Une demie douzaine de centrales nucléaires va être inaugurée chaque année dans l’Empire du Milieu… c’est absolument essentiel pour la stratégie bas carbone amorcée par Pékin dans le cadre de la COP21 », explique l’économiste qui dirige le Centre de Recherches sur la Géopolitique de l’Energie et des Matières Premières. « Il faut à la Chine disposer d’un nucléaire sûr et fiable », conclut-il.

Enjeu de tout premier rang, Pékin entend le faire savoir bien loin de ses frontières.

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