" Osons un débat éclairé "

Plan Hollande : peut mieux faire

Patrick Artus

Patrick Artus

Insuffisant. La politique de l’offre que défend le Président de la République pour relancer l’économie sera-t-elle efficace ? La baisse de charges promise permettra-t-elle réellement de créer des emplois ? Pour Patrick ARTUS, « le plan annoncé sera insuffisant ». Pourtant, les patrons qui attendent de voir les détails, applaudissent les mesures prévues. La tentation sera grande pour beaucoup d’entreprises de reconstituer leurs marges qui sont aujourd’hui à un niveau historiquement bas. « Corriger la faiblesse des marges de l’industrie est très compliqué avec le peu d’entreprises capables de monter en gamme », déclare l’économiste.

Choc de compétitivité. Les entreprises françaises ont du mal à vendre leurs produits, notamment à l’étranger, parce qu’elles se positionnent sur le milieu ou bas de gamme, contrairement aux Allemands. En cause : la compétitivité prix (le coût du travail). Selon Patrick ARTUS, compte tenu du niveau de gamme faible de notre production industrielle, « la sensibilité aux prix de la demande pour les produits français est forte. Les entreprises ont dû baisser leurs prix de vente pour résister aux concurrents de pays à niveaux de coûts de production plus faibles comme l’Espagne et les pays émergents ». Il convient donc de baisser le coût du travail pour redonner de la vigueur à nos produits.

Chute de rentabilité. Il faut inciter les entreprises à produire de meilleure qualité pour vendre mieux, à meilleur rapport qualité/prix. Cela passe par l’investissement et la formation. Selon Patrick ARTUS, l’exercice est bigrement difficile car, « si la montée en gamme de la production permet d’accroître les prix de vente, seule une très faible proportion d’entreprises est capable de le faire ». Dans un récent entretien accordé à La Tribune, Patrick ARTUS parlait d’un « mécanisme de maladie hollandaise » : « La faiblesse de la rentabilité du capital dans l’industrie en France détourne les entreprises de l’industrie, transfère les facteurs de production vers les autres secteurs d’activité où la rentabilité est plus élevée ». François Hollande a pris un risque tout autant politique qu’économique. De nouvelles bases sont jetées. Elles seront discutées entre partenaires sociaux à partir du 21 janvier.

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