" Osons un débat éclairé "

Quel ralentissement pour l’économie mondiale ?

wordlesapir-croissance-500x238Le FMI et la Banque Mondiale viennent de tenir leur assemblée générale à Lima au Pérou. Cette grand-messe annuelle s’est tenue dans un contexte économique international plutôt morose, malgré la reprise constatée aux USA. Pour Christian de Boissieu, les défis restent nombreux.

Les nuages se sont accumulés depuis cet été, avec le  ralentissement chinois, l’intensification de la « guerre des changes », les hésitations anxiogènes (pour les marchés mais pas seulement…) de la Fed à relever son taux directeur face à des signaux contradictoires, la récession en Russie, au Brésil et la crise dans nombre d’autres pays émergents.

Face à cette avalanche d’inquiétudes, le FMI reste stoïque. Un peu trop à mon sens, même s’il ne faut sous-estimer ni le poids des anticipations, ni la force des prophéties auto-réalisatrices. Le Fonds  vient de revoir seulement à la marge ses prévisions de croissance mondiale : 3,1% pour 2015 contre 3,3% prévu en juillet dernier, 3,6% pour 2016 contre 3,8% en juillet. Plus étonnant encore, le même FMI ne change pas ses prévisions pour la Chine, encore à 6,8% pour 2015 et 6,3% pour 2016.

L’été 2015, un non-évènement au regard de la croissance mondiale ? Certainement pas. Je ne sous-estime pas le débat actuel sur l’ampleur exacte et les conditions de l’ « atterrissage » de la Chine, débat amplifié par l’opacité des statistiques chinoises. Mais entre les prévisions trop hautes du FMI et le 2% de croissance chinoise des experts les plus alarmistes, il existe des chiffres intermédiaires (autour de 5% ) qui correspondent mieux à la réalité du moment…

Points positifs, les taux d’intérêt et les prix des matières premières vont rester bas. Egalement positif  pour nous, le recul de l’euro n’est probablement pas fini. La chute des prix des matières premières est globalement favorable pour les pays importateurs, tant qu’elle ne nous met pas au bord de la déflation, et tant qu’elle ne provoque pas chez les pays producteurs de ruptures majeures qui auraient forcément un effet boomerang sur le reste du monde.

Le défi est double. La croissance de la zone euro, en moyenne, s’installe en dessous de la croissance des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, et la croissance de la France s’installe  sous la moyenne de la zone euro. Les retards dans les réformes structurelles expliquent en partie ce double décalage. Mais il faut aussi incriminer la panne de l’investissement. C’est maintenant, et pas dans deux ans, qu’il faut soutenir  la reprise européenne.

En Europe, il faut  mettre en œuvre très rapidement le plan Juncker, ce qui implique de surmonter les délais bureaucratiques. En France, les rares marges de manœuvre doivent être concentrées sur le soutien à l’investissement productif et à l’innovation, dans toutes les entreprises, mais avec des financements accrus et des  incitations fiscales renforcées pour les PME et ETI.

Nous entrons  dans une nouvelle phase de désintermédiation, avec relativement moins de financements bancaires pour le tissu des PME. Les financements de substitution – le capital-investissement, la bourse, le « crowdfunding »… –  ne vont pas tomber du ciel. C’est dès maintenant qu’il faut les soutenir.

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