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Réduire la dépense publique, un cruel dilemme

reduction-depensesEconomies. Encore trop divisés sur beaucoup de sujets, les pays européens sont au moins d’accord sur un point : la nécessaire réalisation d’économies dans les comptes publics. Si les modèles sociaux sont très proches, les écarts de dépenses sont parfois importants d’un Etat membre à l’autre. Selon Jean PISANI-FERRY, «  les gouvernements européens sont confrontés à un choix impossible. La plupart d’entre eux s’efforcent de trouver les moyens de contenir l’endettement public, réduire les déficits et tailler dans les dépenses sans pour autant appauvrir les pauvres  ». Pour l’économiste, « ayant atteint un seuil au-delà duquel les impôts ne peuvent plus être augmentés, il leur faut choisir entre risquer l’insolvabilité et aggraver les inégalités  ». Situation difficile et complexe.

Servir les objectifs. Une autre raison qui permet d’expliquer les disparités dans les niveaux de dépense publique « réside dans le fait que les gouvernements utilisent cette dernière pour atténuer les conséquences des inefficacités de marché », souligne Jean PISANI-FERRY. Et l’économiste de prendre l’exemple du logement : «  Il faut des programmes publics destinés à offrir un logement abordable aux plus défavorisés et aux jeunes, également pour promouvoir les économies d’énergie  ». Mais, bien souvent, ces programmes ont d’autres effets, selon le Commissaire général à la stratégie et la prospective : « ils aident inutilement les ménages de la classe moyenne, voire aboutissent à subventionner indirectement les propriétaires en aidant les locataires à payer leur loyer ». La dynamique initialement définie est alors cassée.

Générosité, efficacité. Dans une récente analyse délivrée dans La Tribune, Jean PISANI-FERRY constatait que certains modèles sociaux se révélaient clairement plus généreux que d’autres, et certains plus efficaces. Une chose est sûre aux yeux de l’économiste : « les gouvernements européens ont encore de la marge avant que les coupes de dépenses publiques auxquelles ils doivent procéder mettent en cause le modèle social européen  ». Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme… il en va ainsi en matière sociale comme en biologie.

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