" Osons un débat éclairé "

Relance et rigueur sont indissociables

Portrait de l'économiste et président du Conseil stratégique européen SA Christian Saint-Etienne, pris le 18 octobre 2003, dans le cadre de la 13e cité de la réussite à Lyon.

Christian Saint-Etienne

Juguler les déséquilibres macroéconomiques. La Commission européenne vient de publier une analyse détaillée de la situation économique de 13 pays membres de l’Union qui présentent à ses yeux des risques économiques. La France fait partie des Etats qui ont besoin de « réformes décisives », elle qui a vu ses parts de marché mondiales diminuer de près d’un quart entre 2005 et 2010. Faute d’innovation, nous avons perdu en compétitivité. Enfin, avec sa lourde dette, la Commission européenne estime que la France fait face à des déséquilibres macroéconomiques sérieux, non excessifs, qui doivent être corrigés. Selon Christian SAINT-ETIENNE, « la France n’a pas besoin d’une relance budgétaire mais d’une véritable politique de réindustrialisation ».

Politique de rigueur. Comment réduire la dette sans pour autant rendre la croissance anémique ? Pour réduire le déficit, le Gouverneur de la Banque de France Christian Noyer estime qu’il faudra réaliser d’ici l’an prochain 40 milliards d’euros d’économies. Mais pour Christian SAINT-ETIENNE, jusqu’à présent le gouvernement n’a pas mené une politique de rigueur. « La France souffre de deux handicaps : une profitabilité des entreprises inférieure d’un tiers à celle de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Le second handicap provient du terrible matraquage fiscal que nous avons subi dans le projet de loi de finances 2013  », ajoutait récemment l’économiste dans un entretien accordé au Figaro.

Relance de l’économie, mauvais timing ? A en croire le titulaire de la chaire d’économie industrielle au Conservatoire National des Arts et Métiers, s’engager aujourd’hui dans une relance de l’économie avec le niveau actuel du déficit français serait très dangereux, voire suicidaire. « Réduire de moitié l’écart de 9 points de PIB de dépense publique qui nous sépare de nos partenaires suppose de faire 90 milliards d’euros d’économies  », affirme Christian SAINT-ETIENNE, avant d’ajouter que l’ « on peut très bien utiliser la moitié de ces 90 milliards pour réduire le déficit public et consacrer l’autre moitié à un vrai programme d’investissement industriel, tourné notamment vers les technologies d’avenir  ». On se souvient du Grand emprunt de l’ère Sarkozy. Il suffirait donc de remettre l’ouvrage sur le métier.

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