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Vente d’Equans par Engie : un enjeu de souveraineté économique pour la France

Le président de la République a visé juste dans son discours de présentation du « Plan France 2030 » en affirmant l’impérieuse nécessité de « rebâtir les termes d’une indépendance productive française et européenne ». C’est en effet un enjeu majeur de prospérité économique et sociale, de vertu environnementale, de capacité d’innovation et, plus que tout sans doute, de souveraineté.

La volonté politique est claire, le chemin est balisé, les moyens sont annoncés. Il reste à… le réaliser ! Or, justement, une opportunité majeure se présente aujourd’hui de passer des paroles aux actes avec la vente d’Equans par le groupe Engie.

Un champion en devenir

Avec un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros, une implantation dans dix-sept pays et 74 000 collaborateurs, Equans n’est pas seulement un champion français. C’est aussi un champion en devenir, une entreprise que ses activités de services multi techniques placent au cœur des transitions énergétiques, industrielles et digitales et donc au cœur de la stratégie climat de la France. Au moment du lancement de la COP 26 à Glasgow, il est plus qu’urgent de faire preuve de cohérence et de sincérité dans toutes les mesures qui doivent être prises en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique et de la décarbonation de notre économie.


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Dans ce domaine, la France a tout à la fois de hautes ambitions, un devoir d’exemplarité et de fortes compétences, dont font partie celles d’une entreprise comme Equans, qui œuvre à rendre plus efficients les services énergétiques indispensables à toutes les industries, mais également les infrastructures des villes et des territoires.

Ne pas reproduire les erreurs du passé

La transition vers des services de l’énergie décarbonés est essentielle à la fois pour renforcer notre indépendance énergétique et pour bénéficier à plein du plan de relance européen (Fit for 55) qui va exiger des acteurs puissants et stables, capables d’investir dans la durée avec des moyens importants. Dans ce contexte, le choix final d’Engie entre les candidats à la reprise d’Equans conditionnera l’accès à nombre de financements et opportunités de marchés. Ne refaisons pas les erreurs commises avec Alstom, Lafarge et Pechiney.

Alors que l’État est un actionnaire puissant de ce grand groupe qui est l’héritier de Gaz de France, on comprendrait difficilement qu’Engie, dont la politique de repositionnement industriel ne peut être qu’approuvée et encouragée, puisse écarter deux candidats au rachat d’Equans qui sont des acteurs industriels français de premier plan, Bouygues et Eiffage en l’occurrence.

Un choix en cohérence avec France 2030

Un tel choix serait cohérent avec les orientations portées par le « Plan France 2030 » et la nécessité de faire tenir à la France toute sa place dans la transition écologique et solidaire.


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En outre, il serait aussi stratégique en termes de souveraineté, puisqu’Equans opère dans des domaines comme les systèmes d’information et de communication, la cybersécurité ou la vidéosurveillance, y compris dans des secteurs particulièrement sensibles en termes de souveraineté comme le nucléaire et même la Défense nationale, avec par exemple des contrats clés auprès du ministère des Armées, plus spécifiquement pour la Marine nationale, la clé de voûte de la force française de dissuasion.

Dès lors, le choix du repreneur d’Equans constitue une excellente occasion de faire une démonstration rapide et visible de ce que le chef de L’État a appelé la « capacité à reprendre en main le destin de la France ».

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