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Baisse du yuan et ralentissement chinois : quelles conséquences sur les échanges internationaux ?

7730e2376094f3dd27d9d79e6cab0124-627x343Entre stagnation et ralentissement, les évolutions de l’économie chinoise et de la monnaie locale, le yuan, alimentent la chronique. Philippe Trainar explique pourquoi il ne faut pas surestimer le choc d’une éventuelle dépréciation du yuan.

Il faut aujourd’hui 6,94 yuans pour acquérir 1 euro. Mi-avril dernier, qui correspond au point haut historique du Yuan sur 20 ans, il fallait 6,56 yuans. La baisse du yuan reste donc contenue à ce stade (-5,5%). Elle pourrait tout aussi bien être interprétée comme une fluctuation autour d’un trend qui est orienté à la hausse depuis décembre 2004.

De fait, le taux de change effectif réel du yuan, c’est-à-dire le taux de change moyen par rapport aux différentes monnaies et corrigé des écarts d’inflation, ne montre pas de tendance claire à la baisse.  Pour autant, les anticipations des marchés sont clairement à la baisse du yuan en raison de la détérioration de la situation économique plus rapide et plus forte que prévue, et de la politique monétaire chinoise plus agressive qui devrait s’imposer.

Naturellement, parmi les pays du G20, ce sont les voisins qui ont aussi les ratios les plus élevés de commerce extérieur avec la Chine qui seront les plus affectés par une baisse du yuan (dans l’ordre : Corée, Australie, Nouvelle-Zélande et Japon). Les exportateurs de matières premières seront aussi significativement touchés (dans l’ordre au sein du G20 : Brésil, Arabie Saoudite, Afrique du sud, Argentine et Russie).

En dehors du G20, certains voisins très dépendants de la Chine seront très durement frappés. Dans l’ordre : Mongolie, dont 90% du commerce extérieur est tourné vers la Chine ; Corée du Nord et Turkménistan, dont la Chine représente 70% des exportations. De même, quelques pays africains exportateurs de matières premières seront très touchés (Angola, Congo, Gambie et Mauritanie, dont 45 à 70% des exportations sont dirigées vers la Chine). Ceci pèsera naturellement sur le prix du pétrole et des matières premières dans la mesure où la baisse du yuan sera associée à une baisse de la demande chinoise.

Pour autant, il ne faut pas surestimer le choc d’une dépréciation du yuan sur nos économies. D’une part, la proportion de notre commerce extérieur avec la Chine, même s’il s’est fortement accru, demeure contenue. Si l’on fait l’hypothèse d’une baisse de 10% du yuan absorbée, à hauteur de 50%, par un ajustement des prix à l’importation et à l’exportation, l’effet potentiel négatif sur le PIB d’un pays comme la France serait de l’ordre de 0,15%. Ce qui peut certes paraître significatif eu égard aux prévisions de croissance, mais qui reste absorbable.

Sur la base des mêmes hypothèses, l’effet serait supérieur, de l’ordre de 0,25% de PIB, en Allemagne, qui est beaucoup plus exposée que la France à la Chine. D’autre part, nos économies bénéficieraient des effets positifs et assez largement compensateurs de la détente induite sur les marchés pétroliers et des matières premières par la baisse de la demande chinoise.

Le risque le plus sérieux est celui d’une combinaison d’une récession forte en Chine (-2% de croissance dans les deux ans à venir), et d’une dépréciation du yuan, non plus de 10% mais de 20 à 30%. Il faudrait alors multiplier par 4-5 l’impact sur le PIB.

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