" Osons un débat éclairé "

Plus jamais de lois sans études d’impact indépendantes

L’Assemblée nationale vote des lois en fonction d’objectifs généreux et généraux. Il est indispensable que chacune d’entre elles soient évaluées, en amont, sur ses possibles effets à moyen terme.

« Chacun voit midi à sa porte » : banalité sans nom, ou problème économique et politique majeur ? Comment sortir des approximations qui deviennent des caricatures portées par les extrêmes, des simplifications qui propagent les inquiétudes et les oppositions, sans des travaux sérieux et indépendants ? Comment « transformer » l’économie et la société française, sans rapprocher les réformes prévues du vécu des Français ?

L’Assemblée nationale vote des lois en fonction d’objectifs, généreux et généraux, et de prévisions, souvent optimistes. Elle assortit peu ses propositions d’analyses et d’évaluations techniques sur les effets à moyen terme des mesures proposées. Elle ne dispose pas de moyens techniques pour les mener, « indépendants » ou transparents.

Seul le CICE comporte des analyses a posteriori, (bien) menées par France Stratégie – mais cette instance dépend du Premier ministre. Or, sans débats et évaluations aussi objectifs que possible, la démocratie patine. Il ne suffit pas de lancer des plans de soutien à l’innovation, au logement, de diminuer l’ISF, de soutenir la prise de risque après avoir réécrit le Code du travail, si on n’explique pas ce que ceci veut dire, en fonction de chacun et du lieu où il vit.

Reprise modérée

Il ne faut pas rêver : les Français ont voté pour le changement, mais soutiennent la nationalisation des chantiers navals STX et s’inquiètent de la réduction des emplois aidés. La reprise est là, à 1,7 %, peut-être plus demain si l’euro ne monte pas trop.

Avec cette croissance modérée, l’emploi repart quand même, pas dans l’industrie mais dans des services très divers. C’est de moins en moins la croissance d’ensemble qui fait embaucher, ce sont plutôt le bureau, le commerce ou l’entreprise de la ville ou du département, en fonction des réseaux qu’ils sauront chacun créer et développer, parfois mondiaux.

Faible amélioration sur le front de l’emploi

Pour beaucoup cette reprise tarde et, pour certains, s’éloigne. Le taux de chômage baisse, lentement. La durée du chômage calculée par Pôle emploi, en moyenne de 353 jours fin 2016, va de 189 jours pour les hommes de moins de 25 ans à 723 pour les femmes de plus de 50, de 360 jours pour les employés à 410 pour les cadres. Par région, elle est de 324 jours en Ile-de-France, allant de 404 dans les Hauts de France à 557 à la Réunion.

En 2016, 223.000 micro-entreprises sont créées sur un total de 554.000, et la proposition de monter le plafond de leur chiffre d’affaires va offrir des possibilités nouvelles, au détriment des artisans et commerçants. C’est toujours pareil. Les fameux multiplicateurs keynésiens de croissance fuient de toute part, et pire ceux de l’emploi.

La lutte contre le chômage de masse est affaire de temps et d’actions variées, mesurées et amplement débattues, avec une instance spécialisée à l’Assemblée nationale, pour se rapprocher de la porte de chacun.

L’amélioration est modérée, le peloton s’étire. Les emplois dits répétitifs sont sous pression, ceux de la distribution, depuis l’alimentation à la banque, comme les qualifications moyennes, les PME qui n’investissent ou n’exportent pas assez… La liste est longue des emplois menacés et celle des nouveaux paraît plus courte, abstraite, difficile à atteindre, lointaine en termes de qualifications ou de géographie.

Pire, les gisements d’emplois de services à la personne, par construction des emplois de proximité, sont décriés (« petits boulots ») et insuffisamment aidés. Sans soutien repensé aux PME et aux services à la personne, la croissance et l’emploi iront vers les métropoles. Et c’est là que les prix des logements et des loyers vont grimper. La solution crée des problèmes, comme toujours.

Du temps et des actions variées

Les explications de la persistance du chômage français sont nombreuses, comme les difficultés des politiques économiques à le réduire. Dans l’Union européenne, la France détache 120.000 salariés (qualifiés) et en reçoit 286.000 (2015) dont 27 % dans le bâtiment, 25 % dans l’intérim (et le bâtiment ?) et 16 % dans l’industrie.

Les Thématiques