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Où va le Dow Jones ?

ee8214ef09a8bb0f0ab66ebdb6770a6f-627x324Sauf accident de dernière minute, la performance du Dow Jones aura été supérieure à 10% en 2016. Bertrand Jacquillat explique pourquoi, hormis le Brésil et la Chine qui ont connu des phénomènes de rattrapage après deux années exécrables, cette performance figure parmi l’une des meilleures.

Paradoxalement, cette performance s’est produite à la suite de l’élection présidentielle américaine déjouant tous les pronostics, à la fois celui de la victoire de Donald Trump et celui des conséquences de celle-ci sur la bourse. Cette hausse résulte d’un changement d’humeur sur les marchés et la sensation qu’ont ceux-ci, à tort ou à raison, que l’économie américaine va enfin sortir d’un pilotage purement monétaire et passer à un policy mix plus équilibré, avec une influence budgétaire plus grande, une sorte de « New Normal » économique et financier.

Ainsi la baisse des impôts sur les sociétés, dont le taux passerait de 35% à 20%, devrait ajouter 2,5% de croissance supplémentaire au PIB en 2017/2018, et les 1000 milliards d’investissements dans les infrastructures, 0.6%, sans compter l’incidence sur l’économie américaine du rapatriement d’une part significative des 1200 Mds$ de trésorerie détenus par les sociétés américaines hors des Etats-Unis :  c’est « Donald qui fait du Ronald » (Reagan au début des années 1980). Par ailleurs les anticipations d’inflation sont remontées à 2% aux Etats Unis faisant disparaître la prime de déflation dans la valorisation des sociétés américaines.

Sur le front monétaire, la Réserve Fédérale américaine a augmenté de 0,25% son taux d’intervention et annoncé deux à trois hausses analogues pour 2017, ce qui porterait celui-ci autour de 1,50%. Janet Yellen, sa présidente, a ainsi confirmé la hausse des taux attendue par les marchés qui ont bien noté que les hausses ultérieures seraient très progressives et seraient le reflet des anticipations de poursuite de la croissance, ce qui ne saurait nuire aux actions.

La politique de la Réserve Fédérale est extrêmement prudente (en 1994, les taux d’intervention de la Banque Centrale avaient bondi de 3% à 6%) et la réaction des marchés américains est donc saine et rationnelle. Mais ils ont largement anticipé plein de bonnes choses. Ainsi, selon la jauge devenue classique du Prix Nobel d’économie Robert Shiller et son CAPE (Cyclically Adjusted Price Earnings Ratio), celui-ci est actuellement supérieur de 60% à sa moyenne historique (22.5 contre 14.1). Même en intégrant les effets du plan Trump, le CAPE serait encore supérieur d’environ 20% à celle-ci, alors que les facteurs de croissance de l’économie mondiale se réduisent.

Ainsi le prix du pétrole, dont la baisse avait restitué du pouvoir d’achat aux pays consommateurs et notamment dans les pays développés, augmente de nouveau. Par ailleurs, la reprise de la croissance est molle, à une vitesse moitié moindre de celle des précédentes reprises, et elle n’est pas suffisante pour faire repartir la consommation et l’investissement dans les pays avancés.

Enfin, la douce euphorie ambiante ne doit pas occulter le fait que les incertitudes politiques et géopolitiques n’ont pas disparu, loin de là, et que la psychologie de Donald Trump, persuadé d’être le meilleur, et sa personnalité « Me, myself and I » pourrait avoir des conséquences dangereuses pour l’économie mondiale. L’indice Dow Jones ne saurait donc trop s’éloigner d’un nouveau sommet de 20 000 points.

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