L’opinion sera l’arbitre du bras de fer qui oppose syndicats et exécutif dans le conflit de la SNCF. Si la bataille de l’opinion est lancée depuis le début des grèves, syndicats et gouvernement espèrent toujours, chacun, faire basculer les usagers de leur côté. SCNF, Air France, éboueurs, universités, services publics, Carrefour… le fil rouge qui tient bout à bout l’ensemble des mécontentements est bien la défense du service public. La maladie française a une source quantitative : un taux d’emploi trop faible, à 65,7% des personnes entre 15 et 64 ans. Croissance molle, chômage élevé, inflation anémique… le tout forme en quelque sorte un triangle des Bermudes économique qui empêchera de réussir des réformes en France aussi longtemps que nous y resterons (Jean-Paul Betbeze).
Emmanuel Macron s’est exprimé à deux reprises, à la télévision, à quelques jours d’intervalle, pour évoquer l’ensemble des réformes en cours. Le président de la République a opté pour une stratégie de communication en deux temps. Au cours de ses interventions, il a ratissé très large auprès de l’opinion publique. Le locataire de l’Elysée a-t-il raison de continuer à dérouler l’ensemble de son programme alors que les foyers de contestation se multiplient ? Oui, répondent en cœur les économistes, comme un encouragement lancé au chef de l’Etat.
Mais cette actualité très franco-française ne doit pas occulter le lourd contexte international. Syrie, offensive commerciale de Trump, remontée des prix du pétrole… ces facteurs d’instabilité vont-ils entamer le facteur confiance, indispensable à une reprise économique durable ? Les Bourses, aux Etats-Unis et en Europe, sont orientées à la hausse, semblant faire abstraction des craintes géopolitiques en se focalisant sur de bons résultats d’entreprises. Après avoir craint le pire, la Bourse a fini par s’habituer aux déclarations tonitruantes du président américain. Mais pour combien de temps ?
Visiblement, partout sur la planète, le capitalisme a besoin d’être refondé pour que les salariés ne soient pas les perdants de la mondialisation. Réformer, mais comment ? Les Européens peuvent et doivent ouvrir la voie d’un nouvel âge du capitalisme, loin des excès et dérives du système actionnarial anglo-saxon qui mène – menace ? – le monde. Pour la France et les autres pays, les différentes interventions médiatiques des trente membres du Cercle des économistes recensées dans cette nouvelle édition de 30 Nuances d’éco donnent un aperçu des champs du possible en termes d’actions. Bonne lecture, et encore merci de votre fidélité.