La natalité en France connaît une chute alarmante avec un taux de fécondité tombé à 1,68 enfant par femme en 2023, bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Une telle situation suscite de nombreuses interrogations et préoccupations pour notre avenir.
En matière de natalité et de fécondité, rien n’est moins sûr que les projections faites ! Mais, il y a des raisons de s’en préoccuper, la France ayant connu en 2023 une chute inédite du nombre de naissances. En effet, le taux de fécondité est tombé à 1,68 enfants par femme, bien loin des 2,03 de 2010, taux assurant alors le renouvellement des générations.
Les causes multiples de la chute de la fécondité : un mystère non résolu
Une telle chute de la fécondité en seulement 13 années suscite évidemment de nombreuses interrogations. Pour éclairer le débat, il nous faut répondre à trois questions majeures.
La première porte sur l’origine de cette chute. Aujourd’hui, aucune explication n’apparait satisfaisante. Les causes évoquées apparaissent multiples sans que nous puissions déterminer leurs influences respectives : les difficultés à se loger, la baisse relative des revenus des jeunes ménages, les inégalités hommes-femmes trop criantes, la surcharge mentale des femmes et l’éco-anxiété !
Où nous amènerait cette baisse de la fécondité si elle se poursuivait sur cette tendance durant les dix prochaines années ? Avec à peine 1,3 enfants par femme, nous nous retrouverions au niveau actuel de l’Italie et du Japon, dont les stagnations économiques prononcées, avec notamment la baisse du nombre d’actifs, ne peuvent que susciter une grande inquiétude, compte tenu de leurs trajectoires repoussoirs.
Cependant, rien n’est inéluctable car les enquêtes montrent que le nombre d’enfants désirés par les femmes est bien supérieur, en moyenne de l’ordre de 2,4 enfants. Par ailleurs, quelques pays européens ont réussi à relever le taux de fécondité d’un niveau bas de 1,3 jusqu’à 1,6 pour l’Allemagne, avec une contribution importante de l’immigration, voire jusqu’à 1,8 pour la Tchéquie ! En fait, les politiques publiques peuvent avoir une certaine influence sur la natalité.
La troisième question concerne l’impact économique et social d’une telle baisse de la fécondité. Il ne faut pas se faire d’illusion sur l’ampleur négative du choc économique qui nous attend. Nos simulations économiques montrent qu’en 2040 l’emploi devrait reculer de 4%, soit environ 1 million d’emplois en moins, tandis que le PIB devrait diminuer de 3%, soit environ 75 milliards d’euros. La natalité projetée aura également un impact très négatif sur le niveau des retraites à l’avenir.
Quel avenir pour la France ?
En réalité, ces trajectoires pourraient être plus graves que celle simulées, forcément simplificatrices, compte tenu de la baisse d’investissement d’avenir pour les jeunes ménages -logement, équipement- qu’implique la baisse de la natalité mais aussi de la perte de confiance des jeunes générations, à l’image de celle en Italie qui a vu à nouveau leur émigration devenir importante.
En théorie, la diminution de la population active pourrait être contrecarrée par de meilleurs gains de productivité liés au progrès technique. Le Japon est l’exemple emblématique de cette tentative avec l’investissement dans la robotisation, sans succès véritable jusqu’à présent, puisque son économie est toujours en stagnation !
Il nous faut donc éviter à l’avenir de tels scénarios pour notre économie très fragilisée, compte tenu de ses faibles gains de productivité et de sa dette. C’est sur tous ces thèmes qu’une première réflexion aura lieu lors d’une conférence organisée le 28 mai par la Chaire TDTE, suivie par un large débat lors des Rencontres Economiques d’Aix-en -Provence du 5 au 7 juillet.