Cet article est extrait du troisième numéro de la revue Mermoz, « Innover sans fin ? ».
Stimulé par une demande croissante pour un transport public décarboné et des politiques de réindustrialisation, le secteur ferroviaire est en pleine mutation. Pour en tirer pleinement parti, l’innovation numérique n’est pas une option. Entre intelligence artificielle, cybersécurité et développement de l’écosystème startup, la SNCF cherche à offrir une expérience de transport fluide et sécurisée, tout en répondant aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
Économiste de formation, ancienne enseignante de cette matière riche, utile et concrète, je crois profondément que c’est en partant des usages et des attentes que l’on construit les réponses les plus adaptées.
Quelles sont les principales évolutions auxquelles fait face le secteur ferroviaire ? La première, c’est l’augmentation et la transformation de la demande, marquée par une attractivité accrue du transport public décarboné, une expansion de la logistique, et une demande de flexibilité, de réactivité et d’innovation de la part des clients et des collaborateurs. La seconde, c’est le retour ces dernières années de politiques publiques de réindustrialisation, aux échelles française et européenne. La troisième, c’est l’émergence de technologies qui transforment notre manière d’interagir, de produire, de consommer.
Face à ces bouleversements où se croisent enjeux industriels et serviciels, défis économiques, sociaux et environnementaux, chacun peut être acteur de l’innovation. Les grands groupes autant que les startups. Non pas les uns contre les autres, mais ensemble, de manière complémentaire, au service d’un numérique humain, inclusif et conscient de son rôle social ; un numérique de confiance, garant des données personnelles, transparent, éthique et souverain ; un numérique durable, sobre et résilient.
Innover, pour le groupe SNCF, c’est d’abord investir plus de 2 milliards d’euros par an dans le numérique, pour façonner l’avenir de la mobilité et garantir l’indépendance technologique. C’est internaliser massivement les compétences digitales, avec 4 500 collaborateurs concernés, et renforcer les équipes en cybersécurité, IA et data science.
Innover, c’est offrir une expérience fluide, sûre et sans couture pour répondre aux nouvelles attentes, par exemple par le déploiement de l’information voyageurs multimodale au sein des gares, du projet Smartstation qui permet d’optimiser la performance énergétique, la disponibilité, l’exploitation et la maintenance de nos équipements, des jumeaux numériques de nos gares….
Innover, c’est simplifier et améliorer le quotidien des collaborateurs. Les engager dans cette transformation digitale, qui ne peut aboutir que si elle devient une culture partagée, au-delà des seules équipes Tech, déclinée sur l’ensemble du territoire, grâce au réseau des Maisons de l’Innovation du Numérique et de l’Entreprenariat et l’école du numérique du groupe.
C’est être acteurs, et non spectateurs, des innovations en cours, en redoublant d’efforts dans l’Intelligence Artificielle et notamment l’IA générative, en se positionnant au cœur d’un écosystème de startups, de collectivités, d’écoles, d’universités et de centres de recherche, pour être la locomotive de la transformation digitale de la mobilité décarbonée en France et en Europe. C’est l’objet de la filiale 574 Invest du groupe SNCF, créée il y a 5 ans et fortement impliquée dans l’écosystème numérique : investissements directs ou indirects dans des startups, dont Electra du Next 40, la Traveltech, le jury du prix européen de la mobilité… On ne peut vouloir être le leader européen de la mobilité décarbonée, sans être un leader du numérique. Innover, en un mot, c’est avoir comme ambition de transformer son modèle par le numérique, et non pour le numérique. Vivre l’innovation comme une culture, pas comme une mode ou un simple outil. Penser l’avenir, non pas en réaction, mais par conviction.