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Un budget pour quelle croissance ?

Un ministre du Budget, c’est important, mais avoir un ministre de l’Économie n’est pas négligeable non plus, souligne Alain Trannoy, qui met en garde contre les effets du projet de loi de finances actuel sur les entreprises.

Le projet de loi de finances enterre la vision économique du macronisme. Mais quelle est la logique économique du budget préparé par les équipes de Michel Barnier ? Le changement c’est bien, mais c’est mieux si cela va dans la bonne direction, selon le mot de Churchill.

Un budget exprime toujours des choix de politique économique . Empressons-nous d’ajouter que le coup de frein à la dérive des finances publiques, à hauteur d’une réduction du déficit de l’ordre de 1 % du PIB, est totalement justifié.

En fait, il n’y a que deux stratégies d’ajustement structurel qui fonctionnent. Soit on pense que la croissance sera faible, et par conséquent l’ajustement passe essentiellement par une réduction des dépenses. Soit on pense que la croissance sera là, et donc on peut augmenter les impôts.

Quel est le scénario le plus crédible pour la France ? A regarder le passé, c’est évidemment la première option. Or c’est la seconde qui a été choisie à titre principal, comme l’a révélé le Haut Conseil des finances publiques, dans la proportion d’un effort porté à 70 % par des hausses d’impôts et à 30 % par des baisses de dépenses.

Marche arrière

Sans croissance, inutile de penser que l’on puisse rétablir dans la durée nos finances publiques. Or quel est le discours, quels sont les actes pour rétablir la confiance, pour crédibiliser la croissance ? Le silence de ce côté est inquiétant compte tenu de la ventilation de l’augmentation des impôts entre entreprises et ménages.

Les entreprises vont acquitter les trois quarts de ces hausses, autour de 18 milliards d’euros. Le message est sans ambages : augmentation de l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises sur les bénéfices qu’elles font en France, augmentation du coût du travail, abandon de la diminution des impôts de production pour les prochaines années. La marche arrière est enclenchée .

Le message envoyé aux entreprises est terrible, inutile de continuer à brandir le slogan « Choose France ». Les dégâts en termes d’attractivité et donc de réindustrialisation risquent d’être considérables. Ceci dans un contexte où l’investissement des entreprises selon l’Insee est déjà en recul cette année, interrompant une belle progression les années précédentes.

Démotivation au travail

Souvenons-nous de l’adage d’Helmut Schmidt : « Les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain ». Or le taux d’épargne financière des entreprises cette année revient au bas niveau de 2012, du fait de la hausse des frais financiers. Dans ces conditions, la prévision d’une augmentation des investissements des entreprises de 0,6 % pour 2025 paraît lunaire.

Du côté des ménages, trois points d’inquiétude supplémentaires. D’abord, la proposition de l’excellent rapport Bozio-Wasmer de corriger le profil des allégements de charges pour débloquer l’augmentation des salaires au-dessus du SMIC doit être mise en place de suite pour pallier la démotivation au travail. Dans le même ordre d’idées, à quand un Grenelle de la productivité, seul gage durable d’augmentation des salaires et du retour de la croissance ?

Ensuite, la limitation des aides à l’achat de véhicules électriques peut mettre en porte-à-faux les constructeurs automobiles français qui ont investi dans les batteries. Enfin, qu’attend-on pour baisser le taux d’intérêt du Livret A qui est de 3 % alors que l’inflation sous-jacente est tombée à 1,5 % ! Le taux d’épargne des Français est 4 points au-dessus de sa moyenne de long terme. La reprise de la consommation est absolument cruciale pour arriver à réduire le déficit. Un ministre du Budget c’est bien ; un ministre de l’Economie, ce n’est pas mal non plus.

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