— Société

Démographie, la transition silencieuse 

La transition démographique fait partie des grandes oubliées du débat public en France. Jusqu’à il y a peu, notre pays se voyait en exception confirmant la règle d’un déclin démographique européen. Mais les chiffres récents sur la natalité sont venus ébranler ces certitudes nationales, réveillant de vieilles craintes et ramenant peu à peu cette transition au niveau des deux autres grandes transitions de notre époque, climatique et numérique. 

Objet social insoupçonné, tant elle est présente partout dans notre société, la démographie est pourtant le reflet des évolutions de nos modes de vie, de penser et des composantes de l’épanouissement personnel. Comment le rapport à la croyance et à la foi impacte-t-il notre volonté de fonder ou non une famille ? Fonder une famille a-t-il d’ailleurs toujours le même sens qu’aux XIXe et XXe siècle ? Comment la politique se mêle, ou non, de l’aspect démographique et quels discours sont portés sur le vieillissement ? Pourquoi le rapport aux autres et la confiance que l’on porte en l’avenir sont autant d’éléments à prendre en compte pour comprendre comment nous appréhendons la parentalité ? 

Mais s’intéresser à la transition démographique revient également à s’intéresser au mode de fonctionnement de notre société : protection sociale, économie, équilibre des âges, immigration, égalité femmes-hommes, éducation… Sans vouloir divulgâcher les pages à venir, arrêtons-nous sur quelques chiffres pour prendre la mesure de ses conséquences. Depuis 2010, l’espérance de vie en bonne santé s’est fortement accrue en France (pour les femmes + 1 an et 11 mois, pour les hommes + 1 an et 10 mois). Pourtant, le vieillissement de la population pourrait faire peser sur la protection sociale un coût supplémentaire de 50 milliards d’euros par an d’ici 2030 (retraites, dépendances…). Dans le même temps, la baisse de la natalité observée depuis le début des années 2000 signifie d’une part une baisse du nombre d’élèves dans le primaire et le secondaire, respectivement depuis 2015 et 2020, et d’autre part la baisse de la population active à moyen et long terme (à partir de 2040 selon l’INSEE).  

Et si l’on profitait de ce numéro de Mermoz pour tenter d’apporter quelques éléments de solution, voire de ce qu’il pourrait convenir de faire pour limiter les effets négatifs de la transition démographique ? Si l’objectif affiché est de pallier la baisse de la natalité, peut-être faudrait-il s’attaquer plus fortement aux inégalités femmes-hommes dans l’espace privé et familiale mais aussi dans le déroulé de la carrière professionnelle. L’immigration, si elle attise les peurs et n’est que très partiellement étudiée dans le débat public, a toujours été une source de main d’œuvre, qualifiée ou non, pour suppléer à la baisse des actifs – nous écrivions déjà quelques lignes à ce propos dans le premier numéro de Mermoz. Les robots, quant à eux, pourraient faciliter le travail, augmenter la productivité ou contrebalancer le vieillissement des travailleurs. Mais à quel point, et surtout, à quelles conditions sociales ?   

Les questions sont nombreuses, les enjeux importants, mais une chose est sûre : il est fondamental de comprendre la transition démographique et d’y trouver des réponses. Il nous reste donc à vous souhaiter une excellente lecture de ce numéro qui inaugure l’année 2025.

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