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Qu’attendre des marchés d’actions face aux contradictions de la politique économique de Donald Trump ?  

Lundi 10 février, Donald Trump doit annoncer de nouvelles taxes de 25% sur toutes les importations de fer et d’aluminium vers les Etats-Unis. Bertrand Jacquillat explique pourquoi la politique économique du locataire de la Maison Blanche pourrait, à terme, peser sur les marchés d’actions

Les marchés d’actions deviennent incroyablement volatiles. L’or, qui atteint des sommets, poursuit sa course en tête depuis le début de l’année. Quoi que l’on ait pu penser des administrations américaines précédentes, leurs politiques publiques fournissaient aux investisseurs un cadre institutionnel stable. Avec l’administration actuelle se sont substituées des politiques erratiques. Il est un moment où l’administration Trump devra trancher entre les objectifs contradictoires de ses politiques, avec les conséquences incertaines qui en résultent pour les marchés d’actions.

L’environnement général résultant du slogan « MAGA » est très « business friendly»,  ce qui s’est traduit par un comportement satisfaisant des marchés d’actions depuis l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis. Actuellement sont mises en place des politiques de tarifs douaniers plus ou moins ciblées selon les partenaires commerciaux des Etats-Unis, des politiques isolationnistes à l’égard de ses partenaires, et des politiques migratoires très tendues.  Dès son élection, Donald Trump a annoncé qu’il augmenterait de 25% les tarifs douaniers de tous les biens importés du Canada et du Mexique, de 60% ceux en provenance de Chine, et qu’aucun pays, même parmi les proches alliés de l’Amérique, n’échapperait à une augmentation de ses droits de douane. 

Mais l’équipe économique de Donald Trump considère le commerce international aussi comme un levier pour s’assurer d’une suprématie géopolitique. La politique commerciale est certes mue par des intérêts domestiques, comme par exemple le rapatriement d’une partie des chaines de production sur le territoire national pour favoriser la création d’emplois. Mais elle contribue aussi à aspirer sur son territoire l’activité économique de ses rivaux avec la conséquence de les affaiblir. C’est notamment le cas vis-à-vis de la Chine dont les Etats-Unis redoutent a montée en puissance. 

Pour contrer le mercantilisme américain à son endroit, la Chine dispose de nombreuses cartes en main qu’elle peut jouer à la Trump, ce qui rend la politique américaine de tarifs douaniers vis-à-vis de la Chine très prudente. Vis-à-vis des autres pays, la menace de tarifs douaniers punitifs suffit à certains pour leur faire prendre les mesures qui excluent la nécessité de se les voir appliquer, comme le deal proposé au Mexique pour que ce dernier réduise à néant ses flux migratoires vers les Etats-Unis. Voilà pourquoi la guerre des tarifs douaniers stricto sensu sera limitée, et que l’agenda en la matière devrait se réduire.

Il n’empêche que les tarifs douaniers renchérissent les prix des biens importés auxquels ils s’appliquent, tandis que les politiques migratoires restrictives d’expulsion de millions d’immigrants illégaux et de fermeture des frontières à l’immigration renchérissent le prix de la main d’œuvre. Tout ceci est naturellement inflationniste, ce dont le programme économique de Donald Trump voulait s’affranchir. Le Federal Reserve a d’ailleurs repoussé à plus tard la baisse de ses taux directeurs dans une attitude « wait and see ».

Mais déjà des brèches se sont ouvertes, aussi dans la politique migratoire, avec la victoire d’Elon Musk quant à l’exception pour les permis de séjour et de travail donnée à l’immigration des talents, Silicon Valley oblige…  De fait, Donald Trump a deux boussoles en matière de politique économique, la satisfaction des classes moyennes avec l’emploi et l’inflation ; mais d’abord la croissance économique par l’innovation mesurée par la progression des indices boursiers. Voilà le « Greenspan put » reincarné en « Trump put » : aucun président américain n’avait montré pareil égard vis-à-vis des marchés d’actions. Il n’est pas sûr que cela suffise à la poursuite de la chevauchée fantastique des marchés d’actions des deux dernières années.

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