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Discours du « nouveau » Premier ministre aux marchés boursiers

Dans un contexte d’instabilité politique et de fébrilité des marchés, Jean-Paul Betbeze prend la place d’un nouveau Premier ministre s’adressant directement aux investisseurs. Entre aveu d’impuissance et appel à la raison, ce discours met à nu les fragilités de l’économie française et les illusions de sa politique budgétaire.

Rebonjour ! Je commence mon deuxième CDI, à savoir Contrat à Durée Indéterminée, Indéterminée au sens propre du terme, puisque nul ne sait quand il s’arrêtera, et moi avec. Je profite de cette situation assez exceptionnelle pour vous dire quelques vérités, chiffrées. Le 10 ans français et à 3,48% le 10 octobre à la clôture des marchés, l’italien à 3,49. Nous avons le risque italien, quand l’Allemagne emprunte à 2,63% et la Grèce à 3,37%.

Je sais, devant ces taux et après les semaines que nous venons de vivre, y compris ma re-nomination, que vous êtes plus qu’inquiets : déconcertés. Mais, avant de tout critiquer, en commençant par le président, regardons les bourses américaines. Le Dow Jones a augmenté de 6% depuis janvier, après une baisse inquiétante ce vendredi (-2,6%). Pourquoi ? Le shutdown, la politique douanière du Président Trump ou les messages sur les risques de bulle que l’on entend partout, peut-être pour calmer les esprits ? N’empêche, le Nasdaq a perdu 7% sur un mois, mais quand même pris 24% sur un an, tirant le monde boursier. La Bourse allemande en profite et gagne plus de 25% depuis janvier, quand on nous parle de menace automobile chinoise et de poussée de l’extrême droite. Pareil pour la bourse anglaise, qui progresse de 14% dans des circonstances politiques assez semblables. Pendant ce temps, le Cac 40 a gagné 4,5%, après une baisse de 1,5% vendredi. Moralité : nous sommes bien plus inquiets que nos voisins.

Comment comprendre ces écarts ? Parce que les États-Unis tirent l’attelage boursier mondial, avec la révolution technologique en cours et les sautes d’humeur tarifaire du Président Trump, menaçant la Chine qui veut contrôler les ventes de ses terres rares ? Le leader Nvidia progresse quand même de plus de 36% depuis janvier, à 192 dollars par titre contre 25$ en 2023, avec une capitalisation boursière de 4 680 milliards de dollars, la première du monde. Cette dynamique se retrouve dans le secteur high tech, faisant vieillir Apple, avec « seulement » plus 7,8% sur l’année et une capitalisation de 3 800 milliards de dollars. L’idée des bourses reste celle d’un « ruissellement » de cette révolution, avec robots et IA partout, dans l’industrie et les services, pour soutenir la productivité et compenser la concurrence des bas salaires asiatiques, sans beaucoup d’inflation. Ceci sans oublier le soutien fiscal, légal, monétaire et politique de Donald Trump à ses entreprises, à la tech en particulier.

Dans ce monde, la France est un peu perdue, comme si elle doutait de ses capacités à rester dans l’attelage. Elle attend le « nouveau » Premier ministre et son équipe pour les jauger, ou la dissolution de la Chambre, ou la démission du président. Mais les bourses savent qu’il n’y aura pas de miracle, tant nos marges de manœuvre budgétaires, économiques et politiques sont étroites. L’Insee nous dit que nous devions plus de 3 400 milliards d’euros à la fin du deuxième trimestre, soit 1, 156 fois notre PIB, plus 36 milliards en moyenne par trimestre. Nous finirons 2025 en devant 3 470 milliards et 2026 3 570… si nous cessons d’opposer offre à demande, pour avancer au mieux, ensemble.

Je vous propose donc de soutenir l’offre, car rien ne sera possible si nous restons collés à 0,7% de croissance, mais sans trop diminuer la dépense, en l’optimisant. Du « en même temps », si l’on veut. Cette stratégie à deux ans, le plus loin que je peux voir, est d’éviter l’écueil qui serait de taxer l’appareil productif, avec cette taxe Zucman. Présentée comme réduisant les inégalités de patrimoine, elle est en fait le plus sûr moyen pour rater le train de la modernisation, même avec ses bulles, donc de voir rachetées nos pépites, talents et image de la France inclus. Cette taxe décourage la prise de risque, en pleine révolution technologique. Les entreprises qui recherchent, dans l’énergie, les transports, la santé seraient atteintes, alors que leurs concurrentes internationales sont, partout, soutenues. Le deuxième volet de cette stratégie est de fiscaliser les ménages et les entreprises les plus riches, en traquant les fraudes fiscale et sociale, en regardant les optimisations des holdings. Il s’agit de pousser à l’investissement et au risque, pas à la triche. Le troisième volet est de conforter la consommation en réduisant la fiscalité pour les salariés payés un peu au-dessus du Smic et en augmentant la « prime Macron » pour les autres. Il s’agit, au total, de consolider la base économique et sociale de notre tissu de TPE, PME, petits commerces, salariés au Smic et travailleurs individuels. Offre et demande vont ensemble en économie, l’offre toujours devant car on ne peut consommer que ce qui a été produit, mais seulement si tout le monde fait des efforts pour sortir de cette passe difficile !

Ceci explique mes choix d’une équipe resserrée. D’abord expliquer pour persuader, pour faire réfléchir sans faire peur, avec la Justice et la Police, ensuite former et soigner, enfin protéger avec les Affaires étrangères et l’Armée. La bourse peut être excessive, mais elle calcule et doute. Nous sommes dans un monde qui change, au milieu d’une révolution technologique fantastique. Ne la ratons pas. Notre bourse tarde, aidez-moi !

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