Entre vieillissement démographique, dette publique et tensions intergénérationnelles, la France est confrontée à un défi majeur : repenser son modèle social sans le dénaturer. Le huitième numéro de Mermoz éclaire les lignes de fracture qui se dessinent et les pistes, fragiles, d’un nouveau consensus.
Cet article est extrait du huitième numéro de la revue Mermoz, « Notre modèle social, un chef d’œuvre en péril ».
Notre pays est traversé par une crise qui s’exprime en premier lieu par une interrogation incontournable : comment réduire les déficits publics et, à plus long terme, comment diminuer progressivement le coût de remboursement des intérêts de la dette ?
Devant ces questions légitimes, deux attitudes prévalent. L’une consiste à augmenter les prélèvements obligatoires, l’autre se situe dans une tout autre perspective, plus difficile à gérer pour nos politiques, comment diminuer nos dépenses ?
Un enchaînement s’impose alors. Le poids des retraites et celui des dépenses de santé spécifiques pour les seniors dépassent sensiblement les 20 % du PIB. Certes, on peut imaginer une meilleure gestion et une meilleure organisation de ces flux financiers, mais d’énormes difficultés nous guettent avec le vieillissement de la population et l’accroissement de ces dépenses. Par exemple, les seuls soins dédiés à la prise en charge de la dépendance pourraient augmenter de 12 milliards d’euros d’ici 2030. C’est-à-dire demain. C’est dire si le financement de la protection sociale sera au cœur des débats politiques et économiques de notre pays.
C’est là l’originalité de cette nouvelle production de Mermoz, affronter ce thème en évoquant toutes les conséquences que les bouleversements à venir auront sur notre société.
On voit déjà à quel point le problème des retraites recrée un clivage entre les générations. Mais tout ceci n’est que l’amorce de tensions beaucoup plus fortes que celles que nous connaissons aujourd’hui. Le modèle social français, né à la Libération et dont nous sommes si fiers, est-il en péril ? N’est-ce pas toute la société française qui pourrait connaître alors des clivages incontrôlables ? De nombreuses solutions s’offrent à nous, mais aucune ne semble recueillir de majorité dans l’opinion.
Doit-on diminuer certaines rémunérations d’une partie des retraités qui disposent de moyens financiers confortables. On peut imaginer à quel point ceci risque de susciter des réactions négatives. Doit-on appliquer la CSG au revenu du capital ? Même difficulté. Faut-il imaginer une TVA centrée sur les produits haut de gamme ? Il est vraisemblable que tout cela sera dans la palette finale des décisions.
La question est évidemment bien plus large que celle des rôles respectifs de chacune de ces pistes. Il est vraisemblable qu’un consensus sera parmi les plus difficiles à obtenir. Mais une condition s’impose, celle de travailler sur des données et des faits rigoureusement déterminés et que les enjeux sociétaux soient pris en compte dans toute leur dimension.
Ce numéro rend aussi hommage à Philippe Aghion, membre du Cercle des économistes et lauréat du prix Nobel d’économie, à travers la contribution de deux de ses anciens étudiants, témoignant de l’empreinte durable de son œuvre et de son enseignement.
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