Comme chaque année, la rentrée marque le début d’une nouvelle année de travail et de réflexion pour les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence. Il est désormais temps de se projeter en 2025 et de réfléchir aux grandes questions qui agiteront la France, l’Europe et le monde, et qui seront discutées et analysées lors des prochaines Rencontres.
Cet article est extrait du quatrième numéro de la revue Mermoz, « Aux impôts, citoyens ! ».
Cette année, la fragmentation de nos sociétés n’a cessé de s’accélérer. Dans ce moment d’incertitudes, il est nécessaire de ne pas céder au désespoir. Nous avons besoin, aujourd’hui plus encore qu’hier, de lieux où une imagination politique et sociale constructive peut se déployer pour faire émerger les solutions concrètes de demain. C’est précisément toute l’ambition de cette 25e édition des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence. Après avoir exploré les chemins pour « recréer l’espoir » en 2023 et œuvré à « relier les mondes » en 2024, cette édition anniversaire des 25 ans des Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence nous avons fait le choix « d’affronter le choc des réalités ».
Affronter le choc des réalités ? Cette expression illustre en fait une combinaison inédite et alarmante de crises qui s’accumulent et interagissent. Nous faisons face à une crise économique marquée par le ralentissement des économies occidentales, l’augmentation des inégalités, la réduction du pouvoir d’achat et des difficultés d’accès au logement. La crise écologique est également préoccupante, se manifestant par des incendies dévastateurs et des ouragans, ainsi que par les déplacements forcés de populations, en particulier les réfugiés climatiques. La crise géopolitique s’intensifie, avec la prolongation du conflit en Ukraine et la menace d’une escalade au Moyen-Orient. Nous assistons également à une crise démocratique, caractérisée par un débat politique de moins en moins rationnel et une défiance croissante envers les élites et les institutions. Enfin, la crise budgétaire se fait sentir, avec un déficit public en France dépassant 6 %, un niveau jamais atteint depuis 1945, hors crises majeures.
Cette thématique suppose d’abord de nommer, et de manière exhaustive, l’ensemble des chocs auxquels nos sociétés font face, dans quel contexte ils ont lieu et comment ceux-ci sont intriqués. A titre d’exemple, le choc géopolitique a des effets fragmentaires multiples, entraînant la généralisation d’une économie de la destruction et une course en avant du financement des complexes militaro-industriels, aux dépends de dépenses d’autre nature. Le découplage Nord/ Sud entraîne une rupture du multilatéralisme commercial et interroge les limites d’une mondialisation avec tous et pour tous. La baisse du pouvoir d’achat alimente la défiance envers les institutions, défiance qui, en retour, brouille la cohérence des messages politiques. Le choc budgétaire et la question de la gestion de la dette suppose nécessairement des arbitrages dans un contexte où un investissement global de 800 milliards de dollars est nécessaire pour le financement des transitions démographique, climatique, numérique et géostratégique. C’est pourquoi nous avons fait le choix de placer dans un premier temps les débats en amont, pour tenter de proposer un constat renouvelé des ruptures contemporaines.
Pour nourrir ces réflexions, les Rencontres proposeront pour cette édition inédite et historique près de 65 sessions sous la forme de plénières, tables-rondes, controverses… tous les formats de discussions paraissent bons pour redessiner collectivement que nous voulons pour demain ! Les Rencontres rassembleront des personnalités du monde académique, économique, politique, syndical, social, étudiant, culturel qui donneront vie au débat autour de grands enjeux économiques et sociaux, dans une atmosphère de respect et de dialogue