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De Paris à Aix, l’économie est au service des préoccupations quotidiennes

Si les économistes attirent autant l’attention que les critiques, leur apport dans la société est essentiel. Depuis les bureaux de Mermoz à Paris jusqu’aux Rencontres d’Aix-en-Provence, faisons un rapide tour d’horizon des interactions entre économie, débat et vie quotidienne.

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    « Pourquoi les Français n’aiment pas les économistes »

    Christian Chavagneux, « Pourquoi les Français n’aiment pas les économistes », Alternatives économiques

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    Jean Tirole, séance du 18 décembre 2017, Académique des Sciences morales et politique

    « Seulement 36 % des Français font confiance à l’économie de marché, alors que celle-ci régit l’immense majorité des économies du monde. Quelle qu’en soit la source, ce déficit de culture économique a pour effet indirect une méfiance particulière des Français vis-à-vis de l’économie de marché. » Jean Tirole, séance du 18 décembre 2017, Académique des Sciences morales et politique

Quel est le point commun entre l’économie et la plupart des sujets épidermiques en France (à commencer par la politique) ? Les Français s’en méfient comme de la peste, mais adorent en parler. Cette méfiance envers l’économie a probablement des racines culturelles profondes1, mais elle s’explique notamment par un processus psychologique assez simple : il est difficile de faire confiance à quelque chose que l’on comprend peu ou pas (le déficit de culture économique en France a été largement documenté2).

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    « Ce qui préoccupe les Français »

    IPSOS, Enquête « Ce qui préoccupe les Français », mai 2024

Et pourtant ! Quelle discipline traite autant de sujets si importants dans la vie de chacun d’entre nous ? Il suffit de se référer aux enquêtes réalisées régulièrement pour déterminer les sujets de préoccupation des Français pour s’en rendre compte3. L’inflation et le pouvoir d’achat ? Relisons Alain Trannoy et Patrick Artus. La criminalité et la violence ? Intéressons-nous aux travaux d’Aurélie Ouss. La pauvreté et les inégalités ? Esther Duflo a été récompensée pour ses travaux. Le changement climatique ? Patrice Geoffron, Katheline Schubert ou encore Timothée Parrique expliquent les mécanismes à l’œuvre. Les flux migratoires ? Reprenons les travaux de Boubtane Ekrame et d’Hippolyte d’Albis… Et nous pourrions continuer ainsi jusqu’au bas de la liste, nous trouverions toujours des économistes ayant analysé ces phénomènes.

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    Frédérique Matonti – François Horn

    – Cf Frédérique Matonti, « Comment sommes-nous devenus réac », Ed. Fayard, 2021 – Cf François Horn, « La théorie économique dominante, victime collatérale de la crise ? », Revue Française de Socio-Économie 2010/2 (n° 6)

On ne peut pas blâmer un manque de débat sur ces questions : elles occupent largement l’espace médiatique et les réseaux sociaux. Ce que l’on peut blâmer, en revanche, c’est la manière dont elles sont abordées. L’un à partir d’un fait tire une généralité, l’autre estime sa conviction personnelle équivalente à des années de recherche sur un sujet. Ce qui compte, c’est d’avoir un avis. Peu importe qu’il soit étayé ou non par l’analyse, il n’y aura de toute façon pas de temps pour la développer. La complexité et la nuance ont quitté le débat public au profit du clash et du clivage, encouragé par les algorithmes des réseaux sociaux, suivis dans cette course à l’échalote par certains médias4.

Mais qui peut prétendre sérieusement à la simplicité dans un monde qui ne cesse de se complexifier ?

Ces travers, nous souhaitons nous en écarter de deux manières, quitte à paraître anachroniques. D’abord notre rôle est d’éclairer le débat, sans passer pour des « donneurs de leçons », mais en apportant à chacun des clés de compréhension pour dépasser les solutions simplistes trop largement répandues. Ensuite, notre rôle est d’ouvrir le débat. Plus que jamais, nous avons besoin, collectivement et individuellement, de nous parler, plus encore si nous pensons différemment ! Nous devons casser les bulles rassurantes et confortables dans lesquelles nous tendons à nous enfermer et, surtout, adopter une posture humble (que ce monde manque d’humilité !) : il n’y a pas les experts contre les ignorants, les disciplines nobles contre les amatrices, les entreprises sérieuses contre les associations dilettantes : nous avons tous quelque chose à apporter au débat. À condition d’être disposé à écouter l’autre.

L’écoute et la compréhension guident ainsi l’ensemble de nos initiatives. Cela se traduit en réunissant le monde de l’économie, celui des travailleurs, celui de la politique, celui des médias, celui de la recherche, celui de l’engagement, en les croisant pour ouvrir un dialogue entre eux et surtout avec le grand public (à la différence de nombreux forums, colloques et autres sommets alpins). Cela veut aussi dire prendre à bras le corps des sujets au cœur du débat public, comme le logement, le travail ou l’innovation et créer une revue, Mermoz, qui cherche à comprendre en quoi ils impactent et transforment la vie des gens : A-t-on vraiment besoin d’innover pour être heureux ? Sera-t-on capables de changer de regard sur le sans-abrisme ? Comment la crise sanitaire a-t-elle accéléré une tendance de fond vis-à-vis de notre rapport au temps de travail ? C’est enfin proposer à de jeunes économistes de parler sans filtre, pendant 30 minutes, avec un(e) jeune de leurs travaux pour montrer à quel point la science économique, même lorsque l’on n’en est pas expert, est une discipline vivante et passionnante, qui s’intéresse à tous les champs de la société, depuis les synapses de notre cerveau jusqu’aux bancs de nos écoles ou aux barreaux de nos prisons.

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