Le plein emploi reste un priorité pour la France. Si beaucoup de réforme ont été mené en ce sens, le défis reste encore de taille explique Stéphane Carcillo. Rendez-vous aux Rencontres Économiques le 5-6 juillet pour en débattre.
Depuis plusieurs années, la France s’engage dans des réformes ambitieuses pour tenter d’en finir avec le chômage de masse. La forte dynamique des créations d’emploi ces dernières années est un signe encourageant. Mais avec un taux de chômage au plancher à 7% notre pays fait encore grise mine par rapport à la plupart des pays d’Europe qui naviguent entre 3 et 5%. Il nous faudra créer près d’un million d’emplois supplémentaires pour abaisser le taux de chômage à 5% et atteindre un taux d’emploi de 70%.
Il n’est pas inutile de rappeler à quel point atteindre le plein emploi demeure nécessaire. En réduisant les dépenses sociales tout en améliorant les rentrées fiscales, la création d’emplois renforce notre capacité d’investir dans le système de santé, la recherche fondamentale, le système éducatif, et la transition écologique, qui tous nécessitent des efforts considérables dans les prochaines années.
Favoriser l’emploi
Les déterminants financiers de l’emploi ont été fortement réorientés au cours des 15 dernières années. Du côté des entreprises, les allègements de cotisations sociales ont été massifs, tandis que la rupture conventionnelle et la clarification des conditions du licenciement ont sécurisé les fins de contrats. Du côté des travailleurs, les réformes successives des retraites, la création du RSA et de la Prime d’activité, ainsi que la réforme de l’assurance chômage ont nettement renforcé les incitations à prendre un emploi et à le garder, et ce d’autant plus de le marché du travail demeure très tendu.
Mais le niveau d’emploi dépend aussi de facteurs non financiers qui façonnent la capacité à trouver une main d’œuvre qualifiée, et c’est sans doute cette dimension qui mérite désormais le plus d’attention. Certes, la levée de contraintes inutiles a permis un essor sans précédent de l’apprentissage avec à la clef une insertion plus rapide des jeunes dans l’emploi. Mais nombreux sont ceux qui n’y ont pas encore accès, et l’indispensable transformation des lycées professionnels ne fait que débuter. La création du compte personnel de formation a rencontré un franc succès auprès des adultes, mais il demeure pourtant toujours très difficile pour les personnes les moins qualifiées de s’orienter dans le maquis des formations.
Les obstacles restant au plein emploi
Manque de temps, manque d’information, manque de moyens de transport ou absence de solution de garde d’enfants, sont autant de freins à l’emploi qui sont également dans le viseur de France Travail, nouvellement créé. Cette refonte du service public de l’emploi, qui vise à faire travailler ensemble à l’échelon local des services qui aujourd’hui fonctionnent trop souvent en silo, est à suivre de près car le diable se cache dans les détails.
Plus largement, le logement et la mobilité géographique à l’échelon national constituent des obstacles majeurs. Le coût élevé de l’habitat dans les zones économiquement dynamiques limite la capacité de réallocation de emplois. Ces réallocations sont pourtant essentielles à la croissance des jeunes entreprises qui sont le moteur de l’innovation et de la création d’emplois. Des seuils d’effectifs trop bas pour le déclenchement des obligations sociales, ou des normes collectives trop souvent conçues par et pour les grandes entreprises, pèsent encore trop souvent sur l’embauche dans ces entreprises.
Il reste donc encore de nombreux domaines à investir pour atteindre le plein emploi. Ces thèmes seront l’objet d’un débat lors des prochaines Rencontres Économiques d’Aix en Provence, du 5 au 7 juillet prochain. Nul doute que le nouveau contexte électoral nourrira les réflexions sur ce thème central pour notre avenir.