De tous les sujets qu’aurait pu décrypter Mermoz pour son lancement, un sujet nous a semblé s’imposer de lui-même : le travail. Ne dit-on pas que le travail c’est la santé, qu’il faut travailler pour vivre et non pas vivre pour travailler ou encore que la chance aide parfois mais le travail toujours ? Ces expressions sont révélatrices de la place qu’il occupe dans l’imaginaire collectif. Elles laissent entendre ce que travailler peut ou devrait apporter à chacun.
Travailler n’est pas anodin, ne pas travailler non plus. Notre place dans la société, nos rapports aux autres, nos modes et notre qualité de vie, notre épanouissement ou nos frustrations… tout s’y rapporte. Le travail, ses conditions, ses bienfaits et ses contraintes, touchent à ce qui nous forme en tant qu’individu et en tant que citoyen. Pour prendre le pouls d’une société, nous avons l’habitude de nous référer aux résultats électoraux, aux sondages d’opinion, aux chiffres de l’INSEE, à travers des données quantitatives toujours plus nombreuses et complexes. Or, dans ce premier numéro de Mermoz, nous avons décidé d’analyser la société à l’aune du travail. Il est le reflet de la France contemporaine.
Que dire de la peur du déclassement social – pointée du doigt comme responsable de certains comportements électoraux les plus extrêmes – si ce n’est qu’elle exprime la volonté d’obtenir une juste rémunération grâce aux fruits de son « boulot » ? Comment valoriser la place des plus jeunes comme des plus âgés, si ce n’est en facilitant leur accès au marché du travail ou en assurant la possibilité de mener une belle carrière jusqu’au départ à la retraite ? Alors que nombreux sont ceux qui dénoncent, tantôt le risque que représentent les robots et le numérique, tantôt celui des immigrés, pour expliquer le manque d’emploi pour tous voire la disparition du travail, est-il possible d’aborder sereinement la question de l’avenir de nos « jobs », salariés ou non ? Et finalement, que dire de la quête d’un équilibre entre opportunités lucratives d’une part et impact social et environnemental de l’activité professionnelle d’autre part ?
Avec Mermoz, nous voulons rebattre les cartes du travail. Chacun devrait pouvoir être le « maître » de sa carrière. Si la société était un plateau de jeu, avec des concurrents et des alliés, avec des opportunités et des défis, pourquoi tout le monde n’aurait-il pas le droit d’avoir les mêmes atouts dans sa manche ?