Après des mois compliqués, les prix du pétrole connaissent une rentrée agitée. Soumis aux aléas politiques et diplomatiques sur la scène internationale, les cours du pétrole se cherchent en permanence. Pour Jean-Marie Chevalier, le président américain, Donald Trump, va continuer de peser sur un marché appelé à rester volatil.
La géopolitique mondiale du pétrole a été fondamentalement modifiée au cours de ces récentes années. La production américaine de pétrole de schiste s’est développée à un rythme soutenu, et la baisse temporaire du prix du pétrole n’a pas ralenti cette expansion grâce à des progrès très importants de productivité. Les Etats-Unis sont ainsi devenus en quelques années le premier producteur mondial de pétrole, une place qui ne devrait pas être remise en cause à court et moyen terme. Cette production privée de pétrole brut, et de produits pétroliers, n’est pas en mesure d’être régulée, au sens où l’entendent les pays de l’OPEP.
Pour les Etats-Unis, le prix du pétrole révèle très clairement une ambivalence : il doit être suffisamment bas pour ne pas mécontenter les consommateurs ; il doit être suffisamment élevé pour assurer la rentabilité de la production de pétrole de schiste. Les deux autres principaux producteurs de brut sont la Russie et l’Arabie saoudite. Ce trio compte pour environ 30 % de la production mondiale.
Du côté de l’OPEP, longtemps considérée comme un quasi-cartel, l’unité, qui fut parfois efficace, a fait place à la division et à la différenciation : l’Arabie saoudite et ses proches alliés s’opposent très durement à l’Iran pour la domination de la région, le Venezuela et la Libye ont pratiquement quitté la scène. Pour maintenir son influence sur le marché, l’OPEP a donc été conduite à se rapprocher de la Russie, et une dizaine de pays ont rejoint cette nouvelle coalition articulée autour de l’OPEP et de la Russie (OPEP +) qui représente environ 50 % de la production mondiale de pétrole. Ces pays ont intérêt à maintenir un prix relativement élevé qui leur assure un équilibre socio-financier qui, en tout état de cause, demeure fragile.
Rapports de force réels, actifs et vigoureux
Cette nouvelle géopolitique fait apparaître des rapports de forces qui sont réels, actifs et vigoureux. Ainsi, l’équilibre des flux pétroliers, en tenant compte des flux de pétrole brut et des flux de produits raffinés, est assez fragile car il repose sur des courants non sécurisés dont beaucoup peuvent être perturbés ou remis en cause de façon assez soudaine. Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : d’abord par la multiplication des points sensibles caractérisés par des espaces de navigabilité étroits : les détroits d’Ormuz, de Malacca, de Bab el Mandab, de Gibraltar ; ces points peuvent être perturbés plus ou moins durablement par des accidents ou des actions terroristes.
Ensuite, les conditions d’approvisionnement en produits raffinés des différents pays sont, elles-mêmes, instables et fragiles : citons les cas de l’Iran, du Venezuela, de l’Algérie mais aussi des Etats-Unis, véritable plaque tournante et point d’arbitrage entre les flux de pétrole brut et les flux de produits raffinés.
En outre, pour certains pays, comme l’Iran, le Venezuela, la Libye, le niveau de la production et des exportations peut varier de façon significative en fonction de la situation politique et économique du pays, du niveau des investissements pétroliers, des sanctions américaines.
On voit bien, de ce point de vue, que le Président américain a le pouvoir d’agir directement sur l’offre et la demande de pétrole. Les sanctions américaines, sur l’Iran par exemple, ont des effets directs, mais aussi indirects dans la mesure où elles pèsent sur la stratégie des groupes internationaux. On peut penser ainsi que le prix du pétrole restera volatil dans la fourchette de 60 à 80 dollars le baril.