Le G7 de Biarritz est un succès incontestable sur le plan de la sécurité internationale, même si ses effets réels devront être confirmés, sur le dossier iranien et s’agissant de la situation politique en Libye ou en Ukraine. Mais dans la Déclaration des Chefs d’Etat et de Gouvernement les questions économiques sont réduites à la portion congrue et à des propos insignifiants : « Le G7 est attaché à un commerce mondial ouvert et juste et à la stabilité de l’économie mondiale ». Or, la situation macroéconomique mondiale est inquiétante à bien des égards.
La croissance ralentit partout malgré le dynamisme des pays émergents. La croissance américaine reste positive mais paraît très fragile, ce qui explique les coups de butoir de Donald Trump à l’égard de la banque centrale américaine sommée de baisser ses taux d’intérêt directeurs pourtant très bas. La semaine dernière, un sondage a renforcé les inquiétudes : 72% des économistes américains, issus du monde académique comme des milieux d’affaires, pronostiquent une récession aux Etats-Unis en 2020 ou 2021. L’économie européenne est également à la peine. Au second trimestre 2019, la croissance de la zone euro n’a été que de 0,2% tandis que l’économie allemande entrait en récession.
Le mal est profond. L’économie mondiale est en proie à des tendances longues qui inhibent la croissance (montée des inégalités et des taux d’épargne, transitions démographiques, faiblesse des hausses de salaires, décélération des gains de productivité…) et elle ne peut croître aujourd’hui qu’au prix du surendettement, source de fragilités financières. Les chocs politiques s’y ajoutent avec les mesures protectionnistes initiées par les Etats-Unis, les inquiétudes suscitées par le Brexit, les incertitudes géopolitiques à Hong-Kong ou au Moyen-Orient. D’où l’atonie de l’investissement au plan mondial.
Mais les interdépendances commerciales, monétaires ou financières rendent inefficaces la stratégie des menaces ou les réponses unilatérales des Etats. La croissance mondiale recule. Demain la récession ? Tous seront perdants, faute d’un minimum de multilatéralisme et de coordination, faute d’une gouvernance macroéconomique mondiale dans le domaine monétaire, budgétaire, commercial ou des taux de change qui n’était pas à l’agenda du G7 de Biarritz. Parce que Donald Trump n’en voulait pas.