Limites. La hausse d’impôts est-elle compatible avec l’actuel contexte déprimé de l’économie ? Si le pouvoir politique l’enclenche malgré tout, jusqu’où peut-il pousser la hausse de la fiscalité avec une croissance zéro ? Puisées dans une liste non exhaustive, ces deux questions opposent les économistes. D’autant que, d’un point de vue historique, aucun exemple empirique n’est connu sur un éventuel niveau maximum d’impôts au-delà duquel les grands équilibres économiques seraient rompus. Pour Alain TRANNOY, une remise à plat – comme l’a annoncé le Premier ministre Jean-Marc AYRAULT – est tout à fait possible mais « tout dépend de la clairvoyance du législateur ».
Choix. Aujourd’hui, l’écart entre dépenses et recettes s’établit à 4% du PIB, soit 80 milliards d’euros. « Pour le combler, on peut augmenter les impôts ou faire les réformes de structure nécessaires pour ramener la dépense au niveau des prélèvements », explique Alain TRANNOY. « Mais passer par une augmentation des prélèvements serait une erreur », poursuit-il. Parmi les raisons invoquées figurent bien sûr l’emploi et l’investissement. Pour le Directeur d’études à l’EHESS, « si on veut que l’emploi redémarre, il ne faut pas augmenter les impôts. Quant à l’investissement, son rôle est primordial dans la relance économique ».
Loi-cadre. Quitte à remettre à plat la politique fiscale comme s’y engage le Président de la République François Hollande sur l’ensemble du quinquennat, autant engager une réforme d’ensemble et pas uniquement sectorielle. « Il faut poser les grands fondamentaux et ne pas isoler chaque partie. L’impôt sur le revenu doit être plus proportionnel. Il suffit de spécialiser les impôts selon les objectifs poursuivis », estime Alain TRANNOY. Et l’économiste de poursuivre : « aujourd’hui, chaque mesure d’imposition vise un objectif en dehors de tout cadre global ». Enfin, rien ne se fera sans pédagogie. Pour Alain TRANNOY, « l’impôt apparaît trop comme punitif. On a l’impression que l’Etat prend sans contrepartie. Peu d’élus expliquent l’utilité de l’impôt ». Vue d’ensemble et pédagogie devraient être les deux mamelles de la réflexion sur la remise à plat de notre fiscalité. Il reste un peu plus de trois ans avant la fin du quinquennat pour bien faire.