La crise du COVID-19 a révélé notre dépendance vis-à-vis de la Chine ou de l’Inde pour tout un ensemble de produits, dans le domaine des médicaments, de certains principes actifs entrant dans la composition du paracétamol ou des antibiotiques, ou du matériel médical.
Mais les relocalisations, dans le médical comme dans d’autres secteurs, posent de nombreuses questions.
D’abord, est-ce souhaitable ? Sous l’angle de la souveraineté et de la sécurité des approvisionnements et d’une moindre vulnérabilité aux chocs extérieurs, la réponse est évidemment positive.
Ensuite, quelles conditions doit-on satisfaire pour que les relocalisations s’opèrent ? La balance commerciale de la France est excédentaire vis-à-vis de ces pays en matière de médicaments. Nous importons des médicaments de bas de gamme et nous exportons des molécules de haut de gamme. Les relocalisations exigeront de nouveaux process de production et d’importants gains de productivité car les coûts unitaires du travail dans l’industrie sont deux fois plus élevés en France. Il faudra donc investir massivement, fournir un effort considérable de robotisation, alors que l’économie française a pris un retard considérable en la matière, dans un rapport de 1 à 2 vis-à-vis du Japon ou de l’Allemagne. Et sans se limiter aux débouchés du marché intérieur français, faute de quoi l’absence d’économies d’échelle renforcerait plus encore le handicap des coûts de production.
Enfin, les relocalisations industrielles en Europe profiteront–elles à la France ? Ce n’est pas assuré. La tendance, déjà esquissée avant la pandémie, est au raccourcissement des chaînes de production, pas nécessairement à leur relocalisation au plus près du marché domestique.
Et l’économie française risque alors de se trouver dans une position inconfortable face à sa double périphérie : entre les économies à coûts et salaires plus bas (Maroc, Tunisie, Pologne, Portugal) et celles offrant une productivité, une qualité de la main d’œuvre, un savoir-faire technologique et un degré de robotisation industrielle bien plus élevés (Allemagne, Suisse, Autriche). C’est déjà ce qui explique les difficultés du secteur automobile.
Réussir les relocalisations industrielles en France ? Pas si simple.