Pas la peine d’épiloguer sur les risques géopolitiques actuels…la montée de l’autoritarisme, du populisme, du nationalisme et de l’intolérance donnent une impression de déjà-vu centenaire selon Catherine Lubochinsky.
Va-t-on au-devant d’une nouvelle crise financière ? Bien sûr (une telle réponse est nécessaire pour capter l’attention des médias et des lecteurs) … Les travaux du FMI dénombrent environ 150 crises bancaires et financières dans le monde entre 1970 et 2017, celles se produisant dans les pays développés ayant plus d’impact sur les économies puisque la finance y est plus développée…Donc les prévisionnistes qui annoncent une prochaine crise ne risquent pas de se tromper, surtout s’ils n’en donnent pas la date ni l’ampleur !
On sait que l’objectif de la règlementation et de la supervision est de réduire la probabilité d’occurrence d’une crise et, en cas de crise, réduire son impact sur l’activité économique et donc l’ensemble des agents -dont les contribuables. C’est donc la dimension systémique qui inquiète. Parmi les cinq caractéristiques (taille, complexité, substituabilité, activités transfrontalières et interconnections), celle concernant les interconnections demeure préoccupante. En effet si les interconnections entre banques ont diminué du fait de la compensation des produits dérivés et des « repos » (prêts interbancaires avec collatéral), celles entre les différents acteurs de la sphère financière sont accrues : entre banques et assureurs (de par l’augmentation des activités financières des assureurs) et entre gérants d’actifs et banques d’investissement (via les ETF synthétiques entre autres). Ces interconnections sont d’autant plus préoccupantes qu’elles s’insèrent dans un contexte de concentration accrue des acteurs (les 3 plus grands gérants d’actifs ont plus de USD 10.000 milliards d’actifs sous gestion), mais aussi dans un contexte de fragmentation de la régulation en particulier entre zones géographiques.
En effet les stratégies non coopératives sont de plus en plus prégnantes malgré les efforts des institutions internationales de régulation. Les Britanniques en faveur d’un Singapour sur la Tamise l’emporteront-ils ? Ou encore, outre les baisses d’impôts mises en place par Trump qui ont engendré sur ces deux dernières années plus de USD 30 milliards d’économies pour les 6 plus grandes banques américaines, dont les profits ont atteint les USD 120 milliards en 2019, leur conférant ainsi un avantage compétitif vis-à-vis des banques européennes, l’assouplissement de la régulation bancaire aux USA renforce le clivage transatlantique alors qu’en Europe le financement bancaire demeure prépondérant.
Et malgré tout, pendant ce temps-là, les taux d’intérêt souverains font preuve d’une surprenante stabilité. La remontée de 40 points de base en moyenne des taux 10 ans depuis la fin de l’été peut sembler marginale compte tenu de la scène géopolitique. Les préoccupations quant à la dette italienne, dans un contexte de croissance nulle, se sont traduites par une augmentation de seulement une cinquantaine de points de base pour le 10 ans qui atteint actuellement 1,43%. De quoi attirer les investisseurs internationaux mais aussi de quoi déstabiliser la zone euro en cas de retrait massif alors que les banques italiennes continuent de préoccuper les superviseurs européens et que l’interaction risque souverain/risque bancaire demeure.
La hausse de l’endettement dans la plupart des économies pose problème, surtout quand la part de l’endettement extérieur est importante. Elle pose aussi problème quand il y a dégradation de la qualité moyenne des débiteurs. La dette à effet de levier, c’est-à-dire la dette des entreprises déjà très endettées, atteint le milliard de dollars aux USA. Leur rendement est donc attractif puisque le risque est élevé mais qui détient ces titres ? Seront-ils les prochains subprimes lors de la remontée des taux américains ? Pour l’instant tout va bien puisque les prévisionnistes ne s’attendent pas à une remontée des taux de la FED. Donc bonne année à tous !