L’année boursière 2019 s’est terminée sur un bilan nettement positif. Que doit-on attendre de 2020 ? Jean-Paul Betbeze rappelle le contexte et explique les échéances importantes à suivre, celles qui donneront réellement le tempo au cours des prochains mois. Précieux à mentionner dans vos agendas.
Tout est fait pour que 2020 se passe au mieux. Pour les marchés financiers, l’horizon décisif à « long terme » est ainsi le 3 novembre 2020, date de l’élection américaine. « A long terme », mais à suivre de près car le cas précédent, avec l’élection de Donald Trump contre Hillary Clinton, a bien montré que le système était indirect. Hillary Clinton a été en effet élue par le « vote populaire » (avec 2,8 millions de voix de plus), mais le système des « grands électeurs » a joué en faveur de Donald Trump qui a manœuvré plus finement en fonction du poids des états en « grands électeurs » (304 voix sur 538). La question va donc être double tout au long des mois qui viennent : qui sera le candidat Démocrate, quelle sera la tactique de Donald Trump ?
Concernant le candidat Démocrate, il lui faut avoir la majorité des 2 000 délégués, tout au long d’une série de votes, plus ou moins importants. Le premier sera l’Iowa le 3 février avec 41 délégués en jeu, puis le 11 le New Hampshire (24 délégués) et le 22 au Nevada (6 délégués). Le grand jour est le « super Tuesday » du 3 mars, avec 853 candidats. On saura alors si Joe Biden a résisté à l’offensive de Donald Trump pour le déstabiliser en mettant en cause le rôle de son fils, comme « consultant », à 50 000 dollars par mois, d’un oligarque ukrainien. On saura donc si Bernie Sanders aura accentué son avance récente, avec un programme très à gauche, et si Michael Bloomberg aura pesé, avec ses 55 milliards.
On saura aussi, bien sûr, comment Donald Trump a remporté sa victoire au Congrès, contre l’empeachment. Ensuite, sa tactique devrait mettre l’accent contre ses opposants politiques, qui veulent tous plus d’impôts, par différence avec son choix de baisse d’impôts et de simplifications en tous sens. « Un choix qui marche », dira-t-il. Phénomène nouveau, Donald Trump pourra jouer l’apaisement avec le Mexique et le Canada, puisqu’un nouvel accord commercial est signé, et avec la Chine, où des protocoles d’agrément sont en cours. Etre « dur », ça marche !
De leur côté, les grands argentiers vont aider à cette pacification de 2020. Les taux courts resteront à 1,5 – 1,75% aux Etats-Unis, dit Jerome Powell dans sa conférence du 11 décembre 2019. Il ajoutera tout ce que les marchés attendaient : le ralentissement de milieu d’année 2019, imputable au contexte géopolitique (Etats-Unis contre Chine) s’éloigne, l’économie mondiale se stabilise. Donc la croissance américaine se poursuivra, certes en léger ralentissement à 2% en 2020 (contre 2,2%), 1,9% en 2021 et 1,8% en 2022. Mais aucun signe alarmant à l’horizon : la reprise américaine, onze ans déjà, la plus longue de son histoire, devrait continuer et l’inflation graduellement monter vers 2% en 2021.
Christine Lagarde s’inscrit dans ce ton pacificateur pour sa première conférence comme Présidente de la BCE, le 12 décembre. Elle reprend, presque à l’identique, la dernière introduction faite par son prédécesseur, le 24 octobre. Les taux resteront à 0%, « jusqu’à ce que nous ayons constaté que les perspectives d’inflation convergent durablement vers un niveau suffisamment proche de, mais inférieur à 2% ». Rien ne presse donc !
Bien sûr, personne n’annonce de récession : stabilisation de la croissance aux États-Unis à 1,9%, remontée à 1,4% en 2021-2022 en zone euro. Bien sûr, si tout ceci trébuche, les taux courts et longs rebaisseront. Il y a de la marge aux États-Unis et, nous dit-on, en zone euro. Les bourses ont donc beaucoup aimé !