Après une trêve estivale toute relative, faut-il s’attendre à une rentrée mouvementée pour les marchés financiers ? De Biarritz à Jackson Hole, Jean-Paul Betbeze dresse la liste des jalons susceptibles de mettre les opérateurs à rude épreuve.
« Rentrée » ? Il semble que le G7 de Biarritz, du 24 au 26 août, ait bien commencé. Il s’agit de réconcilier les grandes puissances en affrontant des problèmes majeurs : inégalités et changement climatique. Et au Symposium de Jackson Hole du 22 au 24 août, pour calmer les marchés, Jerome Powell, président de la Fed, a demandé du temps. On verra comment les bourses vont analyser et déglutir tout cela, après les tweets de Donald Trump, les tensions entre États-Unis et Chine, l’effondrement de la bourse de Buenos Aires (de 44 355 le vendredi 9 août à 27 530 le 12), les manifestations de Hong Kong, les tankers du détroit d’Ormuz, l’éventuel No deal du Brexit ou la crise en Italie… Jusqu’à quand la croissance mondiale va-t-elle résister ?
Sûr, il y aura des baisses de taux à la BCE le 12 septembre… jusqu’ à -0,6% pour les dépôts en banque centrale ? Avec une reprise des achats de bons du trésor, mais avec leurs rendements négatifs en Allemagne et en France : -0,7 et -0,4%, des pertes pour la BCE ? Il faudra alors des soutiens à certaines banques, en contrepartie de ces réserves à taux négatif.
Les banques souffrent : une action Deutsche Bank cote 6 euros, contre 107 en 2009 ; une action BNP 41 contre 88 ; Société Générale 23 contre 146 ; BBVA 4 contre 19 et Santander 4 contre 14. Ne parlons pas d’UniCredit, la première banque italienne, à 10 contre 377. Attendons alors, peut-être, des soutiens budgétaires de l’Allemagne, seul pays qui pourrait se le permettre avec son excédent budgétaire et qui devrait le faire, sinon pour soutenir la zone euro (ne rêvons pas), au moins sa propre économie au bord de la récession, si elle n’y est déjà.
Pas sûr, après Jackson Hole, que le 18 septembre aux Etats-Unis, Jerome Powell baisse ses taux, si l’on comprend le sous-entendu de sa conférence du 23 août. Mais sûre, alors, la crise de Donald Trump ! Jerome Powell suivrait ce qu’il a dit le 31 juillet : la baisse de 0,25% c’était pour « soutenir l’activité », qui semblait fléchir, avec l’idée d’en attendre les effets et surtout de ne pas donner l’idée d’une série de baisses (dernières Minutes de la Fed). N’empêche, les derniers chiffres vont dans tous les sens : production industrielle en baisse de 0,2% en juin, puis consommation meilleure, puis constructions neuves en baisse de 4% en juillet et confiance des consommateurs qui replonge à son niveau de janvier, puis le 22 août un indice des directeurs d’achat Markit au plus bas depuis 119 mois ! L’effet des turbulences douanières ?
Et la France ? Après le G7 à Biarritz, on attend les gilets jaunes, syndicats (retraites) et paysans (CETA), le tout dans une économie qui ralentit : +0,4% de croissance fin 2018, +0,3% au 1er trimestre 2019 et 0,2% au 2ème.
Et si la bonne nouvelle boursière venait alors… des baisses de taux ! Ceux de la Fed resteront en toute hypothèse au-dessus de ceux de la BCE, donc le dollar montera par rapport à l’euro. Et l’épargne placée en dépôt ne rapportant rien en France (en attendant d’être facturée !), les placements obligataires publics coûtant, comme nombre d’obligations d’entreprises, les « courageux » peuvent aller vers les junk bonds ou les pays difficiles (attention !), à moins qu’ils aillent plutôt en bourse ! Voilà en effet 51 milliards de dollars de dividendes au deuxième trimestre 2019 en France, record européen, alors que le rendement 2018 du Cac 40 était déjà de 3,8% ! Beaucoup de sociétés, sous pression, deviennent très rentables : un signal pour y rentrer ?